Dans cette lettre ouverte qu’il a adressée au président de la République, Alassane Ouattara, le journaliste sportif Emmanuel Koffi, président de la commission Médias / TV du COCAN révoqué sans explications probantes, explique le martyre que souffrent plusieurs collaborateurs du COCAN mis à la porte sans solde ni droits réglés ainsi que des opérateurs économiques, fournisseurs du COCAN, dont les facteurs restent à ce jour impayées.
Objet : Après la CAN, le déluge et la fin chaotique des activités du COCAN 2023
Excellence Monsieur le Président de la République,
Excellence, réveillé au cœur de la nuit profonde pour plancher un tant soit peu sur mes problèmes quotidiens personnels, avec une grosse facture à régler à la CIE, mes pensées vont aussi vers vous. Encore une fois. À bon droit : vous incarnez la Nation Ivoirienne.
« Aujourd’hui, plusieurs collaborateurs du COCAN qui ont régulièrement œuvré à l’organisation réussie de la CAN, passés les moments d’euphorie, souffrent désormais le martyr ».
Excellence,
Je suis ravi de savoir que vous allez bien. En effet, sur des images qui ont fait le buzz sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours, je vous ai vu dans une forme physique pétillante et tout sourire, lors de votre visite au SILA, le Salon du Livre d’Abidjan. Avec, souventes fois, des mots justes pour plusieurs des auteurs exposants. Une grande première que votre visite à un tel salon littéraire, pour encourager ces auteurs, déjà consacrés ou en devenir. Ceux-ci, Excellence, ont fortement apprécié votre passage et vous en savent gré.
Excellence,
Là, je vois que vous êtes pour quelques jours à l’étranger. Je garde malgré tout l’espoir que mon message vous y parvienne et vous en souhaite une très bonne lecture.
Excellence,
Tous protocoles respectés, j’en arrive au cœur et à l’objet de ma lettre : la CAN 2023 et ce qui se passe au COCAN, trois mois après la fin de la compétition. Une fin de mission chaotique pour bon nombre de collaborateurs de cette Institution et plusieurs opérateurs économiques.
Excellence,
À nouveau, tout d’abord, mes félicitations appuyées pour votre remarquable investissement personnel pour faire avancer les choses, histoire d’assurer, ainsi, une organisation totalement aboutie à cette compétition sportive désormais planétaire qu’est la Coupe d’Afrique des Nations de Football. En effet, Excellence, immense est le sacrifice financier que vous avez fait prendre au nom de la Nation entière pour la pleine réussite de la CAN 2023. Je l’affirme tout net, ayant été au cœur de l’organisation pendant de si longs mois, quatre ans et demi, avant d’en être remercié, comme d’autres camarades, pour d’obscures raisons qui ne nous ont du reste, jamais été révélées et qu’il me plairait toujours de connaître. Avec respect, Excellence, je vous assure en effet que je n’accepte pas et ne crois pas, jusque-là, un traite mot du message que m’a fait transmettre, par un de ses conseillers, le Président du COCAN François Albert Amichia, insinuant qu’en ce qui me concerne, mon départ du COCAN en tant que président de la Commission Médias / TV, lui avait fortement été recommandé, à l’époque, par un ex-membre de premier plan du gouvernement. Pour quelles raisons ? Mystère et boule de gomme. Mais là est une autre affaire, Monsieur le Président de la République. J’évite d’ailleurs de vous en dire plus sur un tel sujet. En raison du respect dû à votre immense personnalité.
Excellence,
Je vous présente les choses avec ma franchise et ma courtoisie habituelles parce que, de mon point de vue, vos collaborateurs et tous ceux en qui vous placez votre confiance pour la gestion des affaires de l’État ne doivent rien vous cacher, sauf à vous dire la vérité, afin que vous puissiez indiquer la voie à suivre et donc prendre les décisions idoines.
« Vous savez quoi par ailleurs ? Alors qu’une bonne partie du personnel du COCAN broie du noir, vivant de subsides et d’expédients, une minorité continue pourtant de rouler carrosse, bénéficiant de tous les égards ».
Excellence,
Aujourd’hui, plusieurs collaborateurs du COCAN qui ont régulièrement œuvré à l’organisation réussie de la CAN, passés les moments d’euphorie, souffrent désormais le martyr. Parmi eux, certains, au mépris de toute règle de gestion administrative ont vu leur contrat, pourtant régulièrement établie, s’arrêter, avant terme. Sans qu’on prenne le temps de leur expliquer quoi que ce soit. Du coup, ces hommes et femmes sont privés de tous subsides pour leur existence, depuis un moment. Et pour tous, leur assurance maladie supprimé. Sans qu’ils en soient informés au préalable. Excellence, d’avoir été des maillons essentiels de notre CAN, ces personnes-là méritent un meilleur traitement. Par exemple, le paiement rapide de leur solde de tout compte et la mise à disposition de tous documents nécessaires indiquant leur passage au COCAN. Excellence, cela est faisable et permet de célébrer une ingénierie locale gagnante. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas.
Excellence,
Comme les Ivoiriens savent que vous n’aimez pas l’injustice, tous demeurent convaincus que, sans attendre votre réaction, les responsables du COCAN s’inviteront, immédiatement, dans la résolution des problèmes liés à la fin de mission des collaborateurs du COCAN, actuellement en plein désarroi.
Excellence,
Vous savez quoi par ailleurs ? Alors qu’une bonne partie du personnel du COCAN broie du noir, vivant de subsides et d’expédients, une minorité continue pourtant de rouler carrosse, bénéficiant de tous les égards. De nouveaux véhicules ont ainsi été achetés et servis à quelques-uns, juste avant la CAN et même après la compétition. Excellence, je vous expose cette affaire d’autant plus qu’il se murmure que certains heureux utilisateurs de ces véhicules, propriété de l’État de Côte d’Ivoire, ont décidé de les garder. Tout simplement !
Excellence,
Avec déférence, permettez que je m’autorise aussi à vous dire un mot sur les larges indemnités encore servies à quelques membres dits conseillers du Président du COCAN, avec récemment un rappel de pécule alors que la CAN est terminée et que plusieurs collaborateurs majeurs de l’organisation, subalternes certes, tardent à être payés. Certains souffrent de cette situation depuis trois mois. Quatre mois pour d’autres.
« Souffrez que je vous épargne la situation de cette dame qui, l’autre jour, dans un bureau du COCAN, a failli passer de vie à trépas après avoir tenté, en pure perte, de savoir ce qu’il en est du paiement de ses factures »
Excellence,
Permettez-moi de vous informer aussi de la situation cornélienne dans laquelle se trouvent aujourd’hui plusieurs opérateurs économiques qui ont été sollicités pour accompagner le COCAN dans l’organisation, en bon ordre, de la CAN 2023. Ils ont désormais du mal à se faire payer. Pas de budget leur dit-on, à ce qu’il paraît. Le problème est que, à ce qu’il m’a été donné d’apprendre, ces prestataires et opérateurs économiques n’ont pas toujours le bon accueil et les meilleures informations apaisantes relatifs au règlement de leurs créances.
Excellence,
Souffrez que je vous épargne la situation de cette dame qui, l’autre jour, dans un bureau du COCAN, a failli passer de vie à trépas après avoir tenté, en pure perte, de savoir ce qu’il en est du paiement de ses factures. Déçue, énervée, évanouie, cette dame a eu la vie sauve grâce à des secours qui l’ont rapidement conduite dans une clinique jouxtant le COCAN, à Marcory, pour y recevoir les soins que nécessitait son état. Un drame a certainement été évité. De justesse. Mais que réserve l’avenir aux autres créanciers du COCAN, face à une telle situation. Si les choses ne rentrent pas dans l’ordre. Rapidement.
Excellence,
Permettez-moi de vous faire un aveu sur la fin de ma correspondance. Des intimes et parfois des amis au cœur de l’appareil d’État m’ont invité à ne plus vous écrire, à nouveau sur la CAN 2023. Tous pensent que j’ai déjà trop dit et parlé et que, de toutes façons, pour avoir remporté la CAN, conformément à vos directives de départ, faites d’abord à Lambert Feh Kessé puis à François Albert Amichia, le fait d’avoir remporté la CAN absout le COCAN et ses responsables de toutes fautes. Malgré les conseils reçus, le silence de la nuit profonde m’a commandé à vous écrire. Mon intime conviction est que, après que vous ayez pensé et toujours pris des décisions fortes pour la réussite de la CAN 2023 dans notre pays, dans une bonne logique, tout doit concourir à une clôture parfaite et non chaotique de la mission du COCAN. D’une part pour l’image de notre beau pays, d’autre part pour saluer le travail acharné réalisé sous votre haute direction par le Premier Ministre Robert Beugré Mambé et le Ministre Délégué aux Sports, Metch Adje Silas, lorsqu’il vous a plu de les mettre en mission pour réussir l’opération sauvetage CAN 2023.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Pour avoir vous-même veillé et permis que la CAN s’organise, en bon ordre, dans notre pays, dans tous les domaines opérationnels, surtout sécuritaire, avec le rôle discret et efficace joué par nos forces de Défense et de Sécurité, tous corps constitués. L’occasion pour nous de saluer et féliciter les Généraux Touré Apalo Alexandre et Kouyaté Youssouf, à la tête de leurs unités, nous pensons que nul n’a le droit, par une attitude méprisante ou négative de faire en sorte que la fin de mission du COCAN, en Novembre 2024, devienne un chemin de croix et une période de supplice pour certains de vos chers compatriotes, collaborateurs du COCAN ou opérateurs économiques.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Vivement que ma correspondance, cybernétique, vous parvienne en pleine forme physique et surtout merci pour l’attention que vous lui accorderez, encore une fois.
Abidjan, le 28 Mai 2024
Emmanuel Koffi,
Journaliste, Officier dans l’Ordre National, Commandeur du Mérite Sportif, ex Correspondant RFI en Côte d’Ivoire (1983 – 2022), ex Président de la commission Médias-TV du COCAN 2023, ex-Directeur Communication Marketing et Conseiller du Directeur Général de la Sotra.
Légende photo : La CAN 2023 organisée en Côte d’Ivoire a été l’une des plus réussies de cette compétition. Ceux qui ont aussi contribué au succès de cette fête sont aujourd’hui abandonnés et broient du noir.
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