Le metteur en scène Abass Zein s’est attaqué à la célèbre comédie « L’Avare » de Molière. En l’adaptant librement, la revoyant, la tropicalisant. Sa version est à cheval entre l’argot ivoirien, le nouchi, et l’alexandrin. Le produit final est un vrai délice pour les yeux et les oreilles. Le public abidjanais s’est déplacé nombreux, les jeudi 23 et vendredi 24 mai 2024, pour assister à deux représentations de son « L’Avare ». Après de bons retours, Abass Zein s’ouvre ici à nous et parle de son œuvre.
Le Monde Actuel : Le public a effectué nombreux le déplacement, les jeudi 23 et vendredi 24 mai 2024, comme le 21 mars 2024 à l’Institut français de Côte d’Ivoire, pour assister aux représentations de votre adaptation libre, revue et tropicalisée de la célèbre comédie de Molière : « L’Avare ». Les retours sont bons. Mais d’où vous est venue l’idée d’adapter cette comédie du 17e siècle ?
Abass Zein : L’idée est venue tout simplement, il y a quelques années quand on se moquait de manière amusée des Agni (peuple de l’Est de la Côte d’Ivoire, ndlr). La rigolade a pris la tournure de « L’Avare » de Molière.
Quel public visiez-vous ?
Je ne vise aucun public car il ne faut jamais être sélectif. La culture est universelle et elle est un bien commun. Par contre, le fait de tropicaliser la pièce classique aide à la compréhension de la pièce originale et permet de mieux se l’approprier.
Quatre années que vous avez mis à profit pour cogiter et peaufiner votre adaptation. A quelles difficultés avez-vous été confronté pour ne pas produire une pâle copie de l’œuvre de Molière ?
Quatre années. Parce que c’est un processus long pour aboutir à ce qu’on veut. Au départ, toute la pièce était complètement ivoirisée. Mais, à la première lecture, cette version était une photocopie de l’originale, cela ne me plaisait pas. J’avais certes « L’Avare », mais il me manquait Molière. Donc j’ai repris l’écriture et le résultat est celui que je présente au public, un mélange de nouchi, de français parlé de la rue, de l’alexandrin. En somme, un multi-linguisme qui s’harmonise parfaitement.
Ne craignez-vous pas que le public de certains pays africains, notamment de l’Afrique du Nord, et même le public européen, ait du mal à comprendre le langage proposé dans votre version adaptée de « L’Avare » à cheval entre nouchi et alexandrin ?
Si la pièce se joue à l’international, elle sera jouée ainsi et je reste persuadé que la pièce sera entendue et comprise A côté du langage, le jeu des comédiens(nes) est d’un tel niveau qu’on comprend assez facilement l’intrigue.
Après « L’Avare », dans quel projet comptez-vous vous lancer ?
Après « L’Avare », je me lancerai dans un grand projet, un opéra mandingue sur Soundjata Kéita.
Interview réalisée
par Marcellin Boguy
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