Affaire « 46 militaires ivoiriens détenus au Mali » : Sommet décisif de la CEDEAO, le 4 décembre 2022

Un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se déroulera à Abuja, capitale politique du Nigeria, le 4 décembre 2022. Deux points seront à l’ordre du jour de cette rencontre concernant la situation au Mali. Il s’agit de la conduite de la transition par le chef de ladite transition, le colonel Assimi Goita et son gouvernement ; une transition de 24 mois devant déboucher  sur l’organisation d’élections démocratiques et transparentes afin de céder le pouvoir aux civils. Autre point à l’ordre du jour de la situation malienne, la détention, depuis le 10 juillet 2022, de 46 militaires ivoiriens  par les autorités du Mali  qui les accusent  à tort, réagissent les autorités ivoiriennes, d’être des « mercenaires ». La justice malienne a même inculpé, à la mi-août 2022, ces 46 militaires ivoiriens de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».Le Mali tient vaille que vaille à juger les 46 militaires ivoiriens qui sont à leurs yeux des « mercenaires » venus au Mali avec le « dessein funeste » de « briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation » du pays.

Toute la bonne foi des autorités ivoiriennes conduite par le président Alassane Ouattara de faire comprendre au colonel Assimi Goita et à son gouvernement que jamais la Côte d’Ivoire ne s’associera à la déstabilisation d’un pays tiers s’avère vaine jusque-là. Mais la Côte d’Ivoire demeure viscéralement attachée à un règlment par le dialogue de ce vaste malentendu avec le Mali, un pays avec lequel elle a toujours entretenu des relations fraternelles de bon voisinage. C’est au nom de cette réalité qu’Abidjan soutient les missions de bons offices conduites par plusieurs chefs d’Etat africains dont  la plus importantes est celle portée par le président du Togo, Faure Gnassingbé, le médiateur accepté par les parties ivoirienne et malienne.  En plus de la médiation menée par les autorités politiques africaines et les Nations Unies, des autorités traditionnelles et coutumières africaines se sont investies dans la recherche des voies et moyens pour la sortie de crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali.

C’est le cas  de Sa majesté Jean Gervais Tchyffy  Zié, chef des chefs traditionnels Krous de Côte d’Ivoire et Secrétaire général permanent du Conseil du Forum des rois, sultans, princes, cheiks et chefs coutumiers d’Afrique, qui séjourne depuis plusieurs mois à Bamako pour apporter, avec le soutien de chefs traditionnels maliens, à la résolution de la crise qui prévaut entre Abidjan et Bamako. « Au nom de la fraternité qui lie les deux pays, nous souhaitons que nos autorités s’entendent pour régler cette affaire afin que nos enfants retrouvent leurs familles en Côte d’Ivoire », nous a-t-il confié récemment au téléphone. Avant d’ajouter qu’il poursuit la médiation.

Le médiateur de la CEDEAO, l’ancien chef de l’Etat du Nigeria, goodluck Jonathan, était du mardi 29 au mercredi 30 novembre 2022  où il a rencontré les membres  du gouvernement malien et le chef de la transition, le colonel Assimi Goita. Avec le chef de l’Etat malien, il a évoqué la question des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali. Selon des sources concordantes à Bamako, les autorités maliennes sont restées arcboutées sur leurs décision et exigences.  A savoir que la justice malienne s’est saisie du dossier des 46 militaires ivoiriens et c’est donc elle qui tranchera. Ensuite, pour une sortie de crise, Bamako demande, entre autres, à Abidjan de livrer les hommes politiques maliens réfugiés en Côte d’Ivoire et qui font l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice malienne. Goodluck Jonathan aurait donc quitter le Mali sans une véritable avancée sur la question des 46 militaires ivoiriens.

Cependant le médiateur de la CEDEAO a confié à la presse que des efforts ont été faits par les autorités maliennes pour le respect du calendrier de la transition. Même si, a-t-il ajouté, des efforts doivent être déployés dans certains domaines afin que le gouvernement de transition respecte ses engagements. Quand on sait que dans une récente déclaration, 51 partis politiques maliens se sont dit inquiets que les autorités de la transition ne veuillent pas se conformer au programme accepté par la  CEDEAO  pour un retour à l’ordre constitutionnel. Le sommet de la CEDEAO sera donc décisif non seulement pour la suite de l’affaire des 46 militaires ivoiriens injustement détenus mais également pour la suite du processus de transition au Mali.

Didier Depry 

 

 

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