Affaire  « 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali » : La Côte d’Ivoire saisit la CEDEAO pour une réunion d’urgence des chefs d’Etat

 

« Au regard des derniers développements qui sont de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité dans la sous-région, le président de la République a instruit la ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères à l’effet de saisir la commission de la CEDEAO en vue de la tenue, dans les meilleurs délais, d’une réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali, afin d’aboutir à la libération de nos soldats, dans les plus brefs délais ».

C’est en ces termes que le communiqué final de la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité (CNS) de Côte d’Ivoire, organe d’analyses et de décisions de sécurité de l’Etat, tenue, ce mercredi 14 septembre 2022, au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, sous la présidence effective du chef de l’Etat Alassane Ouattara, a exprimé la réaction officielle des autorités ivoiriennes relativement à la décision du régime malien de transition de conditionner la libération des 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali par l’extradition d’Abidjan vers Bamako de personnalités politiques maliennes réfugiés en Côte d’Ivoire faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux.  Il s’agit de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, l’ex-député Karim Kéita, fils du défunt président malien IBK , et l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly.

La Côte d’Ivoire désapprouve ouvertement cette demande du Mali et considère, par conséquent, que ses soldats sont pris en otages par le régime malien de transition. « Cette demande confirme, une fois de plus, le fait que nos soldats ne sont, en aucun cas, des mercenaires mais plutôt des otages », précise le communiqué du CNS. Qui ajoute que deux jours après l’arrestation des 49 militaires ivoiriens au Mali, le 10 juillet 2022, soit le 12 juillet 2022, la Côte d’Ivoire avait réagi dans un communiqué du CNS pour indiquer que « les 49 soldats étaient bel et bien des militaires ivoiriens en mission officielle et légale au Mali et, d’autre part, exiger leur libération sans délai ». Malgré cela et «en dépit  des preuves fournies, notamment au cours d’une rencontre le 28 juillet 2022 à Lomé, attestant du caractère légal et légitime de la mission de ces soldats ivoiriens au Mali, la justice malienne a inculpé, le 15 août 2022, les 49 militaires ivoiriens pour tentative d’atteinte à la sécurité de l’Etat ».

Après des négociations avec des autorités maliennes, la Côte d’Ivoire avait espéré voir tous ses soldats libérés surtout quand trois soldates ivoiriennes ont été relâchées, le 3 septembre 2022. Mais contre toute attente, le Mali a fait une volte-face. « Le 9 septembre 2022, alors que l’on s’attendait à la libération prochaine des 46 autres soldats, dont l’arrestation était considérée, par le Mali, comme une affaire judiciaire, les autorités maliennes ont demandé qu’en contrepartie de la libération de ces 46 militaires, la Côte d’Ivoire extrade vers le Mali, des personnalités qui selon elles, bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali ».

A travers le communiqué du CNS daté de ce mercredi 14 septembre 2022, la Côte d’Ivoire a réaffirmé son indignation et soutenu qu’elle considère « ce chantage comme inacceptable et exige la libération, sans délais, de nos 46 soldats ».Le communiqué poursuit  en affirmant que « le chef de l’Etat indique, à nouveau, que la Côte d’Ivoire, pays attaché à la paix, à la stabilité et au respect de l’Etat de droit dans la sous-région, ne peut s’inscrire dans une logique de déstabilisation d’un pays tiers. En outre, il rappelle ses instructions selon lesquelles les opposants politiques étrangers, vivant en Côte d’Ivoire, sont tenus d’observer, en toute circonstance, un devoir de réserve absolu concernant les affaires intérieures de leurs pays d’origine ».

Selon ce communiqué du CNS signé de M Fidèle Sarassoro, secrétaire exécutif du  Conseil national de sécurité (CNS), par ailleurs, directeur de cabinet du président de la République, Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien a fait part de l’implication de plusieurs autorités africaines et mondiales dans la recherche de solutions pour mettre fin à la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Ce sont les président du Togo, Faure Gnassingbé ; du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’UA , le président de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la CEDEAO ; le président du régime de transition au Burkina Faso, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba ; le président du Nigeria, Muhammadu Buhari ; le président du régime de transition de la Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Didier Depry

 

 

 

 

 

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