L’ancien ministre Katinan Koné, vice-président du PPA-CI, le nouveau parti politique fondé par l’ex-chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, était face à la presse, le jeudi 27 avril2023, au siège dudit parti sis à Abidjan-Cocody-Riviéra, dans le cadre d’une conférence de presse.
Le PPA-CI a fait ses commentaires relativement au message du président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, sur l’état de la Nation qu’il a prononcé le mardi 25 avril 2023 devant les députés et les sénateurs réunis en Congrès. Voici ci-dessous la déclaration lu par Katnan Koné.
𝗜𝗜𝗜. 𝗖𝗢𝗠𝗠𝗘𝗡𝗧𝗔𝗜𝗥𝗘𝗦 𝗦𝗨𝗥 𝗟𝗘 𝗗𝗜𝗦𝗖𝗢𝗨𝗥𝗦 𝗗𝗨 𝗣𝗥𝗘𝗦𝗜𝗗𝗘𝗡𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗥𝗘𝗣𝗨𝗕𝗟𝗜𝗤𝗨𝗘 𝗥𝗘𝗟𝗔𝗧𝗜𝗙 𝗔 𝗟’𝗘𝗧𝗔𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗡𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡
Le Président de la République a fait un discours sur « l’état de la nation » le mardi 25 Avril 2023 portant sur plusieurs points dont trois ont retenu notre attention :
– L’emploi jeunes ;
– La cherté de la vie ;
– L’endettement de la Côte d’Ivoire ; avec un point sur l’utilisation faite des Fonds Covid19
– L’électricité
𝟯.𝟭. 𝗟’𝗘𝗠𝗣𝗟𝗢𝗜 𝗝𝗘𝗨𝗡𝗘
Dans le cadre de l’emploi jeune, le gouvernement a conçu un programme appelé « PJ-GOUV » 2023-2025 pour un coût global de 1118 milliards de Francs CFA. Ce programme permettra, selon le gouvernement d’offrir 1.500.000 opportunités d’emplois, de formation et de financement de projets des jeunes.
Pour l’année 2023, le coût du PJ-GOUV est de 361 milliards de Francs CFA pour la construction et la réhabilitation d’infrastructures de jeunesse.
Par ailleurs le gouvernement a alloué aux Projets Emplois Jeunes et Développement des Compétences (PEJEDEC 3) la somme de 31 milliards au profit de 68 000 jeunes en 2023.
Dans son discours sur l’état de la nation ivoirienne, le président de la République informe le peuple ivoirien qu’il met à la disposition de la jeunesse 1milliard de nos francs chaque jour soit 365 milliards durant cette année 2023 ; ce qui signifie que jusqu’à la fin du mois d’avril 2023, 120 milliards auront été décaissés en faveur de la jeunesse.
Nous pouvons nous demander :
– Quelles sont les sources de financement de l’emploi de jeune ?
– Quelles sont les dispositions et modalités pratiques qui ont été arrêtées pour l’attribution de ces fonds ?
– Le président de la république ne fonde-t-il pas sa promesse sur la base du financement du nouveau programme économique du FMI (2.100 milliards de Francs CFA sur 3 ans) pour décaisser 1milliard chaque jour pendant l’année 2023 ? Si tel est le cas les conditionnalités (évaluation à mis parcours) du FMI liées au programme ne permettent pas de décaisser 1milliard de Francs par jour.
Le président de la république nous a habitué depuis 2010 à des promesses non tenues. Il s’agit entre autres de :
– La construction de 5 universités par an ;
– Du financement des chef-lieu de départements. Exemple : Yamoussoukro (1.000 milliards de FCFA), Man (1.055 milliards de FCFA), Bouaké (310 milliards de FCFA), etc…
– La transformation de la Côte d’Ivoire en pays émergeant en 2020 ;
– La lutte contre le chômage.
Sur la question spécifique relative à la jeunesse, nous avons suffisamment relever la vacuité des propositions faites par le Chef de l’Etat dans le numéro 11 de la Tribune du PPA-CI. En effet, nous y avions relevé que pareilles propositions avaient été faite dans le PND 2016-2020. Il est difficile de croire encore au Chef de l’Etat dans ce registre puisqu’à ce jour, aucun bilan n’a été dressé pour faire l’état des lieux de ce PND dédié à la jeunesse. Nous ajoutons d’autres éléments qui renforcent davantage les raisons pour lesquelles les propositions relèvent plus de la propagande politique en prévision des élections futures que d’un discours sur l’état réel de la nation.
Ces éléments ont déjà été exposés dans la tribune numéro 3 de la Tribune du PPA-CI du Jeudi 7 juillet 2022. Il s’agit de l’utilisation faite par l’Etat de Côte d’Ivoire des énormes sommes mises à sa disposition par l’UE suite à la rencontre de Malte la Valette entre l’UE et 36 pays africains les 11 et 12 novembre 2015. En vue d’endiguer le flot migratoire qui ne cessait de grossir, la rencontre de la Valette a abouti à la mise en place d’un Fond Fiduciaire d’Urgence au profit de la jeunesse des pays africains. 12 pays de l’Afrique subsaharienne, les plus grands pourvoyeurs de migrants vers l’Europe, ont reçu 1451 milliards de FCFA selon le site de l’UE. Soit en moyenne 123 milliards de FCFA par pays.
Cependant, la somme n’a pas été repartie de façon équitable entre les pays. Les pays les plus grands pourvoyeurs de migrants en ont eu plus. Certaines sources évaluent la part de la Côte d’Ivoire, à au moins 200 milliards de FCFA. C’est sur la base de cette manne que le gouvernement ivoirien avait bâti toute sa stratégie de la politique de la jeunesse dans le PND 2016-2020. Avant de faire de nouvelles promesses alléchantes aux jeunes, il convient de faire la lumière sur l’utilisation qui a été faite de cette aide substantielle de l’UE. Ce bilan est d’autant plus important qu’en 2017, la réunion des hauts fonctionnaires dans le cadre du Plan d’Action Conjoint de la Valette (PACV) a conclu à l’échec des mesures prises pour endiguer l’immigration vers l’Europe.
Cet échec est retentissant en Côte d’Ivoire qui continue de figurer parmi les nationalités postulant à des titres de séjour en France selon les statistiques très fiables de l’Eurostat. Ces statistiques confirment celles faites par le gouvernement italien selon lesquelles, nos compatriotes constituent le tiers des migrants qui échouent sur les côtes italiennes. Chaque mois, selon toujours les mêmes données, ce ne sont pas moins de 1500 ivoiriens qui arrivent par la voie clandestine en Europe. C’est quand même étonnant avec une politique généreuse qui octroie quotidiennement 1 milliard de FFCA aux jeunes. Aucune logique suicidaire collective de la jeunesse ivoirienne ne peut soutenir un tel paradoxe. Dans la même veine, plus de 3000 docteurs sortis de nos universités vivent une double peine : la peine de ne pas trouver de l’emploi et la peine de ne pas pouvoir exprimer leur frustration sous peine de poursuites judiciaires assorties de peine d’emprisonnement. Si et seulement si, l’on pouvait leur allouer seulement 750 000 FCFA de salaires par mois, cela ferait 2, 250 milliards de FCFA/mois. Soit moins de 7,5% des 30 milliards mensuels que le Chef de l’Etat a juré, la main sur le cœur, devant la nation d’allouer à la jeunesse.
Le Chef de l’Etat ignore certainement que depuis 2018, le Concours de CAPA, le certificat d’aptitude à la profession d’avocat est fermé, fermant ainsi la porte du marché de l’emploie à de nombreux jeunes. Le Chef de l’Etat a-t-il conscience que ces mesures de lutte contre la COVID19 non suffisamment élaborées et prises en mimant les autres sans aucune étude épidémiologique ont coûté des milliers d’emplois aux jeunes ivoiriens. Le site de la Francophonie, dans une publication intitulée « Côte d’Ivoire-Impact économique du Covid19, veille sur l’impact économique du Covid-19 dans les 54 Etats et gouvernement, membres de l’OIF », mentionne qu’au 17 avril 2020, 18755 travailleurs du secteur formel étaient au chômage.
Dans l’ensemble, toujours selon ce site, 37,7% des entreprises avaient cessé leurs activités dont 2,4% définitivement et 35,3% temporairement avec un grand risque de fermeture définitive. Nous reviendrons sur la gestion du Fond Covid-19 dans le point relatif à l’endettement. Le Chef de l’Etat a-t-il conscient que malgré la bonne conjoncture dont il a bénéficié, il n’a pas été capable de faire sortir les jeunes des emplois précaires du secteur informel qui reçoit plus de 90% des jeunes. Nous voulons rappeler également au Président de la République qu’en plein 21èm siècle, après 63 ans d’indépendance, des administrations essentielles de notre pays ont recours encore à compétences étrangères, notamment françaises, pour des prestations, notamment informatiques, qui peuvent être valablement assurées par des jeunes ivoiriens qui sont pétris de compétences et de talent. Ils rongent leurs freins dans l’impatience d’un hypothétique travail. Excellence monsieur le Président de la République, la jeunesse ivoirienne n’attend plus de discours de campagne. Elle demande que l’on lui fasse seulement confiance. Elle saura se prendre en charge si une bonne politique est menée à son endroit. C’est malheureusement ce que vous peinez à faire depuis plus de dix ans. D’où la répétition des promesses sans lendemain.
𝟯.𝟮. 𝗟’𝗘𝗡𝗗𝗘𝗧𝗧𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗢𝗧𝗘 𝗗’𝗜𝗩𝗢𝗜𝗥𝗘
Dans nos précédents numéros de la tribune PPA-CI, nous avons décrié le niveau de l’endettement de la Côte d’Ivoire qui ne cesse de croitre tant au niveau de la dette extérieure que de la dette intérieure.
Dans son discours, le président de la République a qualifié notre endettement de modéré sur la base de l’encours de la dette estimé à 24.000 milliards de FCFA (24.774,4) et un ratio d’endettement de 55% du PIB dont la norme communautaire est inférieure ou égale à 70%.
En réalité, selon les chiffres communiqués par le Trésor public de Côte d’Ivoire et les services du FMI, ce ratio connait une tendance à la hausse passant de 58% en décembre 2022 à 58,7% en 2023, 59,8% en 2024 et 60,4% en 2025. Au PPA-CI nous doutons de la sincérité des prévisions d’endettement. En effet, le rythme d’endettement s’est resserré à partir de 2021 à cause de la fermeture des marchés des capitaux, notamment celui des euro bonds. La Côte d’Ivoire qui n’a plus accès à ce marché a du mal à faire le revolving (remboursement d’une ancienne dette par de nouvelles dettes) de son encours de dettes. D’où le recours au FMI. Selon un document du ministère de l’économie et des finances élaboré par le Comité national de la dette publique (CND) intitulé Stratégie de gestion de la dette à moyen terme SDMT 2022-2026, la tendance de resserrement des marchés des capitaux se confirme.
En effet, sur des attentes de financement extérieurs de 1303 milliards de FCFA, la Côte d’Ivoire n’a obtenu que 1131 milliards. Soit un taux de recettes de 60%. En revanche sur le marché régional, le gouvernement a récolté 1939 milliards. Soit un taux de succès de 147%. Cette tendance se poursuit au point de rendre le marché régional très compétitif avec des taux d’intérêt très élevés. Les dernières émissions (Avril 2023) ont été levées avec à plus de 6% des taux d’intérêts. La rareté des concours extérieurs a une incidence sur la dette intérieure. En effet, les données du SDMT à fin 2021 se présente comme suit :
• Total dettes sans le C2D (dettes publiques et dettes publiquement garanties) = 20 924,3 milliards de FCFA contre 16 802 milliards en 2020.
• Dette extérieure 12623,9 milliards de FCFA milliards (60, 3%) sur la dette totale
• Dette intérieure 8300,7 milliards de FCFA (39,7%) de la dette totale.
C’est le taux d’endettement le plus élevé des 22 dernières années. Selon le site SIKA finances, la dette intérieure a connu un bon de 2142, 7 milliards contre 1298,7 milliards pour la dette extérieure. Néanmoins, la dette libellée en CFA représente 46,9% du volume total de la dette contre 53,1% pour les devises étrangères, notamment 37, 6% pour l’Euro et 11,5% pour le dollar. Cette situation expose davantage notre pays aux chocs extérieurs sur lesquels il n’existe aucun moyen de contrôle. Le SDMT a d’ailleurs admis que les fluctuations du taux EURP/USD demeurent un facteur de vulnérabilité même si, selon eux, la dette exposée aux fluctuations du taux de change de représente que 16% du portefeuille global de la dette.
Autre caractéristique de la dette ivoirienne comparée à celle des années avant PPTE. Le volume actuel de la dette ivoirienne est composé essentiellement de dettes privées, (43% d’Euro Bonds et 11,3% de dettes commerciales) dont le traitement est plus compliqué et comporte plus de risques que les dettes avant PPTE qui était essentiellement publique. C’est cette caractéristique qui a permis son retraitement dans le cadre du PPTE.
Le recours à l’endettement intérieur à une conséquence énorme sur les entreprises et les acteurs économiques endogènes, et par voie de conséquence sur la production économique interne, la seule capable de juguler le chômage des jeunes, nouveaux amis de monsieur Ouattara. Le SDMT ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme « A court-terme, la concentration des échéances de la dette intérieure est la principale vulnérabilité du portefeuille. Environ 49,2% de cette dette intérieure est à refinancer au cours des 3 prochaines années, c’est-à-dire avant l’échéance 2025. A moyen terme, le remboursement des échéances des obligations du Trésor pourraient également entrainer des pressions de refinancement ». En d’autre termes, la Côte d’Ivoire sous le régime du RHDP est entrain dans une spirale de la dette sans fin, une sorte de serpent de mer qui se mord la queue.
Le manque croissant de confiance du marché financier local (UEMOA) au gouvernement se manifeste également par la structure de la dette intérieure. En effet, 77,2% des souscripteurs optent pour les obligations de Trésor qui une maturité plus courte que les bons de Trésor. Cette attitude des acteurs du marché financiers local a pour conséquence d’accroître la pression de trésorerie sur les finances publiques. Cette pression s’exerce au détriment de la dette publique des fournisseurs.
L’engagement pris par le gouvernement de payer les dettes fournisseurs dans un délai de 30 jours, après un premier délai de 90 jours est devenu une simple déclaration de bonnes intentions. Le gouvernement est incapable de déterminer avec exactitude le montant de la dette fournisseur. La situation est d’autant intenable pour les fournisseurs qu’ils crient hautement leur indignation et expriment leur souffrance. C’était au cours d’une conférence de presse tenue au plateau le 12 avril dernier.
Avec toutes ces données, le PPA-CI ne peut pas partager l’enthousiasme du Chef de l’Etat. Surtout que certains critères clés de la viabilité d’une économie sont franchement au rouge si l’on s’en tient au pacte de convergence économique de l’UEMOA signée le 19 janvier 2015 à Cotonou. La pression fiscale reste structurelle faible, moins de 13%. Le déficit budgétaire est de 6% en 2022. L’inflation se situe autour de 5%. Mais dans une précédente tribune, nous avons relevé que le taux réel sur certains produits de première nécessaire était très élevé et que la moyenne pondérée qui sert la macroéconomie ne reflète pas la réalité quotidienne des Ivoiriens. Comment le Chef de l’Etat peut soutenir le contraire dans un contexte marqué, par exemple, par la mévente de l’anacarde, la principale source de revenus des paysans du nord de la Côte d’Ivoire. Fixé à 310 FCFA/KG, soit moins que le kilogramme de riz de grande consommation, le kg d’anacarde se négocie à 250 FCFA pour les plus chanceux et 200 pour les autres. Malgré ce prix dérisoire, les stocks impressionnants sont encore visibles dans les magasins de stockage à l’attente d’éventuels acheteur. Cette situation amenuise le pouvoir d’achat d’une frange importante de la population parmi la plus démunie, qui ne mange ni pain le matin, et se déplace à vélo et à pied. Donc qui ne se sent pas concernée par les différentes subventions sur le pain et le carburant, encore moins par un taux d’inflation moyen. Même en prenant ce taux, le Chef de l’Etat et son gouvernement affirment pouvoir réduire ce taux d’inflation à 2,5% à l’orée 2026 en comptant sur la cessation des facteurs extérieurs tels la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Cette projection reste très peu probable si l’on s’en tient aux exigences du FMI dans son accord avec le gouvernement ivoirien. Le FMI exige du gouvernement un relèvement du taux de pression fiscale pour le porter au moins à 15%, ce qu’il était avant 2011. Pour y arriver, le FMI exige la suppression de certains avantages fiscaux, notamment les exonérations de TVA frappant certains produits ou certains services. Il exige également le relèvement du taux de TVA dont bénéficient certains produits, notamment de grande consommation. Si le FMI consent à reporter l’application de ces mesures après les effets des chocs induits par le contexte international, il n’en demeure pas moins, à terme, que ces mesures aient un impact inflationniste de même nature que ceux que l’on connait maintenant. Relever le taux de TVA qui frappent l’huile, les produits alimentaires et certains services et actes médicaux ne présagent nullement d’une diminution de l’inflation. Ici encore, le gouvernement va prendre l’unique tunique de Paul pour habiller Pierre.
La dégradation du ratio Dettes/PIB va s’accentuer du fait principalement de la mobilisation de l’ancienne dette et au montant du financement du nouveau programme économique évalué à 2.100 milliards de FCFA octroyés par le FMI.
D’ailleurs, les services du FMI ont affirmé dans leur rapport pour les consultations 2022 au titre de l’ARTICLE IV que le service de la restera élevé à moyen terme de 2022 à 2027.
Au regard de tout ce qui précède, le PPA-CI considère le discours d’autocélébration du Président de la République comme un discours de campagne et le satisfécit donné publiquement à certains ministres candidats aux prochaines élection, un coup de pouce électoral. Il en va de même pour les questions d’électricité.
• 𝗠𝗮𝗻𝗶𝗽𝘂𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗽𝗿𝗼𝗽𝗮𝗴𝗮𝗻𝗱𝗶𝘀𝘁𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝘀 𝗰𝗵𝗶𝗳𝗳𝗿𝗲𝘀 𝗮̀ 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗶𝗻𝘀 𝗲́𝗹𝗲𝗰𝘁𝗼𝗿𝗮𝗹𝗶𝘀𝘁𝗲𝘀.
Nous ne reviendrons plus sur la question du programme de logements sociaux. La question a été largement abordée au cours d’un précédent numéro de la Tribune. Le discours du Chef de l’Etat devant le Congrès n’a fait que confirmer les constats faits par le PPA-CI. C’est-à-dire un échec complet après le lancement tambour battant de son programme phare de Songon Kassemblé en 2013. Sur 75 000 logements prévus, le Chef de l’Etat se réjouit de la remise, 10 ans après, des clés à 8000 souscripteurs.
Nous ne revenons plus non plus sur l’échec de sa politique de sa politique sanitaire. Un précédent numéro (Tribune n° 12) en avait déjà suffisamment parlé. A titre d’exemple et pour rappel :
Le RASS édition 2021 établit les ratios suivants :
– Seulement 96 services d’imagerie pour tout le territoire national avec une grande concentration dans Abidjan. Soit ISI/334 148
– Seul 40% des districts sanitaires satisfont à la norme d’un médecin pour 10 000 habitants
– Un bloc opératoire pour 218624 hbts
– Un labo/110680 hbts
– Une ambulance/ 4 établissements sanitaires.
– L’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés de la sous-région
Le système sanitaire ivoirien est tellement performant que le Chef de l’Etat évite les hôpitaux du pays qu’il gouverne, même pour les simples coups de fatigue. Pour finir sur ce point, le PPA-CI s’interroge sur le statut réel de l’hôpital mère-enfant de Bingerville. Le PPA-CI fait ici écho des interrogations de la majorité de nos compatriotes. En revanche sur le Fond Covid-19, beaucoup d’interrogations subsistent. Dans son rapport pour la gestion 2021, la Cour des Comptes a relevé des irrégularités graves liées à la gestion des fonds Covid-19. En effet, la Cour a relevé une gestion de fait puisque ces fonds, qui sont des fonds publics ont été géré en dehors des procédures de la Comptabilité publique. Aucun agent Comptable, les seuls habilités à manipuler les fonds publics, n’a été assigné à la gestion trésorière et comptable de ces fonds. Or, selon l’étude publiée par la Francophonie et rappelée ci-dessus, Ce sont 1700 milliards de FCFA de concours sous forme essentiellement de prêts à des taux concessionnels que la Côte d’Ivoire a reçus jusqu’n fin 2021. Ces concours sont venus aggravés le poids de la dette.
L’absence de comptable public dans la gestion encline le PPA-CI à s’interroger sur la transparence dans la gestion desdits fonds. Les interrogations du PPA-CI sont d’autant fondées que le rapport de la Cour de Contrôle établi au minima, révèle que 25 milliards de dépenses issues de ces fonds restent encore non justifiées. Beaucoup de personnes annoncées comme bénéficiaires de ces fonds continuent de crier leur indignation pour, disent-ils, n’avoir pas été effectivement payés. Un bras de fer est actuellement engagé entre le DG de Conseil Café-Cacao et un syndicat de planteurs pour une affaire de 17 milliards provenant de fonds Covid-19, qui ne leur auraient pas été payés par ledit Conseil. Au total, beaucoup de points d’ombres subsistent dans la gestion des énormes fonds recueillis par le gouvernement ivoirien, pour dit-on, lutter contre le Covid-19. Beaucoup d’observateurs avertis pensent que si ces fonds avaient été judicieusement gérés, ils auraient permis une amélioration substantielle de l’appareil sanitaire ivoirien. Dans la réalité, notre pays, à l’instar des autres pays africains, a trouvé dans la pandémie du Covid19, une opportunité de s’endetter facilement en sacrifiant pour le besoin de cette cause, une bonne partie de son appareil de production économique. Il s’est comporté comme l’Imam ou le pasteur ou le curé qui feint d’être estropié pour recevoir lui-aussi l’aumône d’un donateur généreux qui se déplace ce jour dans le lieu où il officie.
Le dernier sujet du discours sur l’état de la nation du Président Ouattara sur lequel le PPA-CI se prononce est celui relatif à l’électrification. Le Chef de l’Etat dit avoir porté le nombre de localités électrifiés de 2847 localités en 2011 (33, 33%) à 5 859 localités en 2020 (80%).Avancer de façon absolue, ces chiffres cachent une bonne réalité de la question de l’électrification. En effet, trois critères déterminent l’électrification comprise comme service social de base.
𝟭. 𝗟𝗲 𝘁𝗮𝘂𝘅 𝗱’𝗮𝗰𝗰𝗲̀𝘀 𝗮̀ 𝗹’𝗲́𝗹𝗲𝗰𝘁𝗿𝗶𝗰𝗶𝘁𝗲́.
C’est le taux de populations vivant dans une localité électrifiée sur la population totale. Il s’agit d’un taux théorique en ce que des personnes peuvent habiter dans une localité électrifiée sans pouvoir s’offrir de l’électricité. C’est pourquoi, la Banque Mondiale préconise une définition plus réaliste. En effet, pour la BM, ce taux doit concerner les personnes bénéficiant effectivement de l’électricité. Il participe d’ailleurs à l’évaluation de l’IDH. Et la différence entre les deux définitions est nette en ce qui concerne notre pays. Selon les données de CI-Energie et de l’ANARE-CI, le taux d’accès à l’électricité était de 74% en 2011. Il est passé à 80% à 2020. Mais selon la BM, ce taux était de 58, 30% en 2011 et a été porté à 69,67% en 2020. Soit un accroissement en dix ans de seulement 10%. Ce taux étant déterminant pour l’évaluation de l’IDH, lui-même important dans l’évaluation de la pauvreté, il reflète les difficultés que le gouvernement Ouattara éprouve à juguler la grande pauvreté dans le pays, malgré la bonne fortune dont il a accidentellement bénéficié. Ce taux met en lumière, en revanche, les efforts faits par le Président Laurent GBAGBO de permettre l’accès à l’électricité pour les populations dans un contexte économique fortement défavorable à cause des agissements anti-démocratiques des opposants de la période, actuels détenteurs du pouvoir.
𝟮. 𝗟𝗲 𝘁𝗮𝘂𝘅 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲.
Ce taux exprime le nombre de localités électrifiés sur le nombre total de localité. C’est ce taux que le Chef de l’Etat a agité comme un trophée de sa bonne gouvernance. En effet, selon les statistiques de CI-Energie, ce taux a évolué de 33% en 2011 à 78% en 2021.
Pour comprendre cette situation, il convient de comprendre le processus de génération et de distribution de l’électricité. Pour distribuer de l’électricité, il convient de la produire. C’est ce à quoi s’était attelé le Président Houphouët Boigny avant que des mesures d’ajustement structurels injustement appliqués par les employeurs de l’actuel Chef de l’Etat ne soient venus bloqué tous les efforts d’investissement. Ainsi, l’on relève la Construction des barrages hydro-électriques suivants :
–𝗔𝘆𝗮𝗺𝗲́ 𝗜 𝗲𝘁 𝗜𝗜, 𝗕𝘂𝘆𝗼 𝗲𝘁 𝗞𝗼𝘀𝘀𝗼𝘂.
Le Président HKB a construit la centrale thermique d’Azito.
Le Président Laurent GBAGBO, tout en lançant la recherche de financement du barrage de Soubré a su bâtir une politique d’électrification rurale sur les acquis laissés par les prédécesseurs. Ainsi, le Président Laurent GBAGBO avait lancé un programme de 200 localités à électrifier chaque année. Ce projet ambitieux a été contrarié par une rébellion à laquelle les tenants actuels du pouvoir y sont intimement liés. Malgré les temps difficiles couplés avec les exigences austères du programme PPTE, le Président Laurent GBAGBO a électrifié 1000 villages et augmenté sensiblement le taux d’accès à l’électricité. Le déplacement massif des populations du nord vers le sud suite à la crise de 2002 à 2007, a modifié les plans d’électrifications du Président Laurent GBAGBO qui était contenu dans le programme d’extension de réseau (PRONEX). Ce programme mieux élaboré suivant une approche plus rationnelle. Il ambitionnait d’étendre le réseau d’électricité à toute toutes les régions du pays aux bénéfices des populations et au soutien des activités socio-économiques. Il s’appuyait sur les conseils généraux élus dans les départements. Mais la crise politico-militaire de 2002 l’obligea à revoir ses plans. Il accorda la priorité aux localités situées en zone gouvernementales qui recevaient le lot de déplacés internes, notamment les chefs-lieux de région. Sa priorité, en toute bonne logique, a été d’étendre autant que possible le réseau électrique de ces localités afin d’accroître leur capacité à fournir l’électricité aux nouveaux arrivant qui fuyaient les zones dites CNO qui échappaient de fait au contrôle du gouvernement. Dans tous les cas de figures aucun investissement n’était possible dans une zone qui n’avait plus de structures officielles de l’Etat. Dès 2007, à la faveur de la signature des accords de Ouaga, le Président Laurent a entrepris les investissements sociaux d’envergure dans les zones CNO. Ainsi, à partir de cette date, il a lancé les travaux de connexion de Korhogo au fleuve Bandama et à celui de l’hydraulique villageoise. Le premier projet consistait à fournir de l’eau potable à la ville de Korhogo à partir du fleuve Bandama, depuis Sinématiali. Ce raccordement nécessitait la canalisation sur plus de 42 Km.
Le second volet de ce programme hydraulique villageoise dans la région du nord a consisté à la réalisation de pompes villageoises dans plus de 500 localités de la région de la Savane et du remplacement de 150 pompes dans les départements de Korhogo, Tengrela, Boundiali et Ferké. Ces travaux ont fait dire au ministre des infrastructures d’alors, monsieur Achi Patrick que ceux-ci constituaient le projet de réalisation de forage de ces dix dernières années. Même Bouaké, le fief de la rébellion pro-RDR n’a pas été oubliée. Des travaux d’un montant de plusieurs milliards y ont été investis pour résorber la grande pénurie d’eau. Les villes satellites de Bouaké comme Sakassou, Botro, Diabo, Djébonoua et l’ensemble des villages qui leur sont associés ont bénéficié de ce programme. A cela il convient de relever la prise en charge par l’Etat des factures impayées de consommation d’eau et d’électricité des zones CNO.
Dans la réalité, me Président Ouattara a tiré profit des acquis de ses prédécesseurs pour lancer son programme d’électrification sans investir énormément dans la production de l’électricité. Son programme national d’électrification rurale (PRONER) lancé en 2013 a été financé essentiellement par les bailleurs de fonds que sont BM, BAD, UE, QFD dans le cadre du C2D, Exim Bank Chine. Ce programme visait à électrifier tous les villages ayant au moins 500 hbts. Ce programme était censé s’achever en 2020. Ici encore, l’échec enregistré a poussé l’échéance à 2025.
𝟯. 𝗟𝗲 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲𝗿 𝗰𝗿𝗶𝘁𝗲̀𝗿𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗰𝗲𝗹𝘂𝗶 𝗱𝗶𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗱𝗲𝘀𝘀𝗲𝗿𝘁𝗲
Il se rapporte aux nombres de ménages disposant d’électricité sur le nombre total de ménage. Malgré toute la publicité pour s’autocélébrer, ce taux est de 55% en 2021.
Au total, l’exercice auquel le Chef de l’Etat s’est donné le 25 avril dernier devant les deux augustes chambres de notre parlement, n’est rien d’autre que l’ouverture de la campagne avant la date officielle pour les prochaines élections. L’annonce du retour à deux sessions n’est qu’un mince-cache sexe qui peine à cacher l’agenda secret derrière cette sortie sans relief du Chef de l’Etat. Tout au plus, il n’a fait révéler sa propension à manipuler la constitution ivoirienne comme une pâte à modeler pour sa seule convenance. Sinon, il y a bien longtemps que les Ivoiriens, qui ont fait au moins le CM2 avaient appris que le parlement se réunissait en deux sessions. Il n’y a que lui seul qui a trouvé cela gênant et l’a changé d’autorité. C’est aussi les marques des régimes autoritaires de jouer avec la loi fondamentale.
Merci pour votre aimable attention.
Abidjan, le 27 avril 2023
𝗟𝗲 𝗣𝗼𝗿𝘁𝗲–𝗣𝗮𝗿𝗼𝗹𝗲 𝗱𝘂 𝗣𝗣𝗔–𝗖𝗜
𝗟𝗲 𝗺𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗿𝗲 𝗝𝘂𝘀𝘁𝗶𝗻 𝗞𝗮𝘁𝗶𝗻𝗮𝗻 𝗞oné
𝟮𝗲̀𝗺𝗲 𝗩𝗶𝗰𝗲–𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗱𝘂 𝗖𝗦𝗣
𝗩𝗶𝗰𝗲–𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗘𝘅𝗲́𝗰𝘂𝘁𝗶𝗳 𝗲𝗻 𝗰𝗵𝗮𝗿𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗗𝗶𝗽𝗹𝗼𝗺𝗮𝘁𝗶𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗜𝗻𝘁𝗲́𝗴𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗔𝗳𝗿𝗶𝗰𝗮𝗶𝗻𝗲
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