Bloléquin – Les vendeurs de livres dénoncent une concurrence déloyale et illégale des enseignants

Le phénomène est récurrent, durant chaque rentrée scolaire, dans l’ouest de la Cote d’Ivoire. A savoir les tensions entre les  libraires et certains enseignants du public comme du privé qui se transforment en vendeurs occasionnels de livres et de cahiers.

« C’est monnaie courante. Il y a des enseignants qui s’érigent en vendeurs d’ouvrages scolaires et de fournitures scolaires comme les cahiers. C’est une concurrence déloyale qu’ils nous font. Nous vivons de ce métier en tant que libraires. Eux, sont des enseignants. Ils créent des réseaux de vente de fournitures scolaires parallèles à partir de leurs établissements. Où ils obligent les élèves à payer les fournitures quand ces derniers viennent s’inscrire. Qu’ils se contentent d’enseigner. C’est ce que la loi dit. Puisqu’ils sont des fonctionnaires ou des travailleurs du privé. Sinon, qu’ils démissionnent si le métier de libraires leur tient à cœur. Nous les avons interpellés plus d’une fois. Mais rien n’y fit. Nous allons continuer à combattre leur commerce illégal. Parce que nous payons les impôts », soutient, avec écœurement, M. Francis Gbely, président de l’association des commerçants de fournitures scolaires de Bloléquin. Il est un jeune homme, titulaire du baccalauréat, qui a embrassé à bras le corps le métier de libraire.

Les libraires menacent

 Même colère pour Sanogo Ahmed, vice-président de cette association des libraires. « Nous n’allons pas nous laisser faire. Nous allons nous employer à démanteler tous les réseaux cachés de ces concurrents déloyaux avec l’aide de l’administration publique locale », a-t-il averti.  L’année dernière, cette affaire qui a tendance à polluer l’atmosphère à chaque rentrée des classes s’est retrouvée devant le préfet du département de Bloléquin, qui avait pris une note pour mettre le holà aux ventes parallèles de fournitures scolaires dénoncées par les libraires de la ville de Bloléquin.

Cette rentrée scolaire 2024/2025, les libraires donnent encore de la voix. Persuadés que les mêmes causes produisant les mêmes effets. Interrogé, M. Koné Bruno, inspecteur de l’enseignement primaire du département de Bloléquin, a tapé du poing sur la table relativement à la pratique de certains enseignants.

L’inspecteur de l’enseignement primaire rompt le silence

 « C’est une pratique interdite par une note ministérielle. Je veille au respect scrupuleux de cette mesure de la ministre de l’éducation nationale. S’agissant de la collection Je lis et J’écris qui serait imposé aux élèves en lieu et place de École, nation et développement, par certains enseignants du primaire à en croire les libraires, je m’emploierai à prendre une note de service afin que l’ouvrage recommandé par l’État soit pris en compte dans la commercialisation comme le souhaitent les acteurs des librairies », a affirmé l’IEP. Non sans souligner que la rentrée scolaire se déroule bien même si ce n’est pas la grande affluence.

Lors de nos investigations, deux noms d’enseignants ont été cités comme étant les principaux acteurs de vente illégale de fournitures scolaires. Ce sont  Brice Tahiet, directeur de l’Epp de Diouya Dokin de Bloléquin et du nommé yao, professeur d’anglais au sein de  l’établissement privé Mupes.

Deux enseignants cites se défendent

 Ces deux enseignants que nous avons interrogés ont battu en brèche les accusations de libraires illégaux portées contre eux.  «Je mets au défi ceux qui m’accusent de vendre des fournitures scolaires, de rapporter une seule preuve. Ce sont des allégations dénuées de tout fondement, qui se justifie par une jalousie parce que je suis un battant. Je me suis toujours conformé aux règles de l’administration», a réagi Brice Tahiet.

Toutefois ce dernier avoue que c’est son fils, âgé de 21 ans,  qui gère un magasin mais qui ne fait pas de la papeterie. Exempté les papiers rames qu’il vend à un prix raisonnable contrairement aux libraires de Bloléquin, dit-il.  « C’est la faute à qui si pour lui marche plus. J’encadre mon enfant qui détient un magasin. Mon fils est manageur. Il mène son activité dans les normes. Parce qu’il a un registre de commerce », précise Brice Tahiet.   Quant au nommé yao, professeur d’anglais, dont nous avons visité le modeste local de cahiers au quartier Municipalité, il a soutenu que c’est son épouse qui a en charge l’activité que notre équipe de reportage a decouverte. Sans plus.

Félix Teha-Dessrait

tehadessrait@gmail.com

Envoyé spécial dans le Cavally

Légende photo : Un panneau annonçant la ville de Bloléquin situé dans le village de Diouya Dokin, en provenance de la ville de Guiglo chef-lieu de la région du Cavally. 

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