Les morts ne parlent pas, a-t-on coutume de dire. Cette vérité a-t-elle poussé les proches du jeune Evrard à immobiliser son corps à la verticale sur une moto érigée en corbillard pour parcourir plusieurs kilomètres afin de gagner son domicile ? En tout cas, les populations de la ville de Bloléquin chef-lieu de département, dans la région du Cavally, à l’Ouest de la Cote d’Ivoire, ne se sont pas encore remises de leurs émotions après avoir vécu ce fait insolite qui s’est déroulé, le lundi 2 septembre 2024, en plein jour. Cette scène du corps attaché sur une moto a provoqué la consternation des populations locales et des parents du défunt en pleurs à l’arrivée du corps escorté par des dizaines de motos-taxis. Appartement pour la plupart aux proches du défunt.
« C’est vrai il est mort, mais il va se sentir mal dans sa peau ! », ne peut s’empêcher de s’exclamer une jeune femme, témoin de la scène rocambolesque, et habitant le même sous quartier Djetoa que le défunt. Le sous quartier Djetoa est une extension du quartier Bloléquin village. Qui a d’ailleurs conduit dans la douleur le jeune Evrard à sa dernière demeure, le mardi 3 septembre 2024, dans la ville de Bloléquin. Mais comment cette situation source d’étonnement a pu advenir ? En effet, à en croire des témoins sur place, le jeune Evrard, père de trois enfants et dont la compagne est enceinte, est décédé de façon surprenante devant sa petite famille alors qu’il passait un séjour apparemment tranquille avec elle dans le campement fondé par le défunt Kanhandjahissohou.
« Evrard, quelques mois avant sa mort a été victime d’une maladie mystérieuse qui a touché son cou et a fait sortir sa langue. On l’a hospitalisé au CHR de Guiglo et il a retrouvé la santé. Revenu à Bloléquin, il s’est rendu au campement avec sa famille sur la route de Cib à une dizaine de kilomètres de Bloléquin. Une voie impraticable et inaccessible aux véhicules. C’est là-bas qu’il est décédé subitement. Mais faute de moyens pour son transfert en ville, on a fait asseoir son corps enveloppé dans un pagne sur une moto. Le corps a été intercalé entre deux personnes qui l’ont bien attrapé pour ne pas que le corps tombe. Ils étaient quatre sur la moto y compris le chauffeur de la moto », relate un témoin ayant requis l’anonymat. « On a par la suite déplacé le corps de Bloléquin village pour le centre ville, au quartier Blo, quand les gens se sont rendu compte que la maison du défunt n’était pas électrifiée. Pendant ce trajet à travers la ville, le corps est resté sur la moto « , a poursuivi notre interlocuteur. Deux situations malheureuses sont à la base de ce fait insolite. L’état de pauvreté avancée des populations rurales et le mauvais état prononcé des pistes villageoises.
David Merlot
Légende photo : Le maire de Bloléquin, Ouahi Thierry, au centre, donnant une poignée de main au sénateur Djouha Kehi Edouard, en chapeau. Deux élus qui ont du pain sur la planche par rapport à la vulnérabilité de leurs administrés.
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