Même si le président sortant Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite, n’a pas encore fait de déclaration pour reconnaître sa défaite et la victoire de Luiz Inacio Lula da Silva – au moment où nous écrivions ces lignes – le candidat du Parti des Travailleurs (PT), formation politique d’obédience socialiste, a été déclaré vainqueur du scrutin présidentiel du dimanche 30 octobre 2022 au Brésil. Les résultats diffusés par le Tribunal supérieur électoral (TSE) donnent 50,9% des voix, au second tour de l’élection présidentielle, à Luiz Inacio Lula da Silva dit Lula contre 49,1% Jair Bolsonaro.
Parmi les acteurs politiques étrangers qui ont salué la victoire de Lula figure le français Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement politique d’extrême gauche, La France Insoumise (LFI) qu’il a créé en 2016. Sous l’étiquette duquel il se présente à l’élection présidentielle de 2017 et sort vaincu. En 2022, il se présente de nouveau au scrutin présidentiel et perd. Mais convoitant plus tard le poste de Premier ministre, il fonde une alliance électorale dénommée NUPES qui échoue cependant à remporter assez de sièges au Parlement pour obtenir la majorité absolue afin de provoquer une cohabitation pouvant faire de lui le Premier ministre et chef du gouvernement.
La victoire de Lula semble donner de l’espoir à Mélenchon qui voit en la personne du candidat du parti des Travailleurs (PT) brésilien, un « ressuscité » politique qui l’inspire. Comme Lula, Mélenchon se verrait bien un « ressuscité » du microcosme politique français qui, après avoir été trois fois candidat malheureux à l’élection présidentielle, pourrait obtenir le graal à la quatrième tentative, dans cinq ans. « Y a-t-il des hasards de l’existence dans une vie de militant ? Les petits concours de circonstances qui de l’un à l’autre m’ont lié au président Lula me font dire que non. Tout se tient pour peu qu’on soit fidèle à ses fils conducteurs. Je regarde ce Lula qui vient de gagner au Brésil et je me sens plus fort. Juste en le regardant. Lula, c’est possible », a posté Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux à l’annonce de la victoire de Lula.
En effet, le candidat du Parti des Travailleurs (PT), Luiz Inacio Lula da Silva revient de loin. Et Mélenchon le sait, qui s’identifie à lui. Mais pourra-t-il comme Lula remporter l’élection présidentielle ?
La question reste posée dans un contexte français qui n’est forcément celui du Brésil. Pour rappel, Luiz Inacio Lula da Silva dit Lula, ce sont effectivement comme Jean-Luc Mélenchon, trois échecs à l’élection présidentielle en 1989, 1994 et 1998. Fort de son succès et avec une cote de popularité qui ne cessait de grimper à travers le Brésil, Lula a décidé de se présenter, en 1989, aux premières élections présidentielles démocratiques après la dictature militaire qui aura duré 21 ans (1964-1985). Il a échoué de peu (53% vs 47%) face à Fernando Collor de Mello qui a remporté ces élections. Quatre ans plus tard, la défaite sera totale face Fernando Henrique Cardoso (54% vs 27%) et en 1998, il a fini par s’incliner lors de la revanche entre les deux hommes (53% vs 31%). Lors de ce troisième échec,
Lula a compris que son discours, perçu comme trop radical par les élites du Brésil et une partie de la classe moyenne, était un frein dans sa course à la présidence. Il a donc fait sa mue avant d’être élu à la quatrième tentative. Mélenchon saura-t-il comme Lula se remettre en cause, sortir de l’extrémisme de gauche pour emboucher un discours véritablement rassembleur pour une France multiforme idéologiquement ?
Didier Depry
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