En RCA, la Cour pénale spéciale a émis, le mardi 30 avril 2024, un mandat d’arrêt international contre l’ancien président François Bozizé pour de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013. Renversé du pouvoir, il y a onze ans par la rébellion de la Seleka, François Bozizé vit actuellement en Guinée-Bissau, conformément à un accord de paix signé à Luanda en 2021 entre les autorités centrafricaines et les groupes armés. Rapporte la radio française RFI. Dans son communiqué, la Cour pénale spéciale précise que ce mandat d’arrêt international vise des crimes tels que meurtre, disparition forcée de personnes, privation grave de liberté physique ou atteinte à la dignité d’autrui.
« François Bozizé Yangouvonda est considéré comme suspect devant la Cour pénale spéciale pour sa responsabilité individuelle et hiérarchique pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ces crimes ont été commis dans la ville de Bossembélé, dans un camp de détention qu’il a lui-même créé pour y enfermer les personnes qui s’opposaient à son pouvoir et à ses opinions », explique Gervais Opportun Bodagaye, porte-parole de la CPS. François Bozizé, président de 2003 à 2013, est actuellement en exil en Guinée-Bissau depuis mars 2023. La CPS sollicite donc la coopération des autorités guinéennes. « La Cour pénale spéciale collabore avec la Guinée-Bissau. Les discussions portent sur son extradition vers la République centrafricaine où se trouve le siège de la CPS. Ensuite, la procédure va commencer afin qu’un procès soit tenu », ajoute le porte-parole.
Le « Guantanamo » sous Bozizé et la mort suspecte de l’opposant Charles Massi
Certains cadres de son mouvement politique Kwa Na Kwa voient une manœuvre politique. Âgée de 77 ans, François Bozizé a été jugé par contumace, par le parquet de Bangui, pour « complot » et « rébellion ». Il a été condamné en septembre 2023 aux travaux forcés à perpétuité. Pour l’heure, les autorités centrafricaines n’ont pas encore officiellement réagi au mandat d’arrêt contre l’ex-président.
François Bozizé est recherché pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité : meurtres, disparitions forcées, tortures, viols et autres actes inhumains. La Cour pénale spéciale considère l’ancien président comme suspect pour des exactions commises par la garde présidentielle et d’autres unités dans la ville de Bossembele, rappelle RFI. Située à 150 km au nord de Bangui, cette localité a abrité un « camp de détention qu’il a lui-même créé pour y enfermer les personnes qui s’opposaient à son pouvoir et à ses opinions », selon le porte-parole de la CPS. Un bâtiment d’une douzaine de geôles surnommé Guantanamo et dont la réputation faisait frémir ses adversaires : des sévices pouvant aller jusqu’à la mort qu’avaient détaillés d’anciens prisonniers juste après la chute de François Bozizé en 2013. C’est peut-être à Bossembele qu’est décédé l’opposant Charles Massi en 2010.
La Cour espère désormais la coopération de la Guinée-Bissau où l’ex-président vit en exil depuis plus d’un an. Par ailleurs, François Bozizé est déjà sous le coup d’une condamnation à perpétuité prononcée en septembre 2023 par la justice centrafricaine pour « complot » et « rébellion », en tant que chef de la rébellion Coalition des patriotes pour le changement (CPC).
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