Condamnation à 24 mois de prison pour un autre cadre de GPS – Les avocats de la défense dénoncent « un procès de l’oppresseur contre l’opprimé »

Le ciel continue de s’assombrir pour l’ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro Kigbafori et son parti politique, Générations et Peuples Solidaires GPS, officiellement dissous par la Justice ivoirienne. En moins d’un mois, deux cadres de son mouvement politique sont condamnés à la prison ferme. Le premier, Traoré Mamadou a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir publié sur les réseaux sociaux une information jugée nocive pour le pouvoir et le pays.

Un deuxième cadre de GPS a été condamné, le mercredi 21 août 2024, par le tribunal des flagrants délits d’Abidjan- Plateau. Il s’agit de Kando Soumahoro, ancien député,  qui a pris 36 mois dont 24 mois fermes et 12 mois avec sursis. Cette peine qui a été accueillie par un public désapprobateur composé en majorité de partisans du prévenu est assortie de 5 ans de privation de droits civils. Les avocats de la défense, eux, sont convaincus d’une chose. «C’est un procès de l’oppresseur contre l’opprimé». Comme l’a exprimé haut et fort l’avocat Gohi Bi lors de sa plaidoirie. Tout comme l’avocate Karidjatou Touré qui en soulevant les exceptions et les moyens à l’ouverture du procès a dénoncé «un procès politique dont le but inavoué est d’étouffer un mouvement».

 Le baptême du feu du parquet

 Le prévenu Kando Soumahoro est poursuivi pour « trouble à l’ordre public et tentative de maintenir en vie son parti politique GPS, une organisation dissoute par le tribunal criminel d’Abidjan en 2021».  Kando Soumahoro a récemment apposé sa signature au bas d’un document de la plateforme naissante des partis d’opposition politiques au nom du mouvement GPS. Cela n’a pas été du goût du procureur de la République d’Abidjan- Plateau. Le parquet dirigé par l’ancien juge d’instruction Koné Braman, qui faisait son baptême du feu, à en croire, les avocats de la défense lors de ce procès sous haute surveillance policière, avait lors de son réquisitoire requis 36 mois d’emprisonnement ferme pour le membre du mouvement de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui vit en exil depuis 2019.

Le juge se justifie concernant le dossier

 Le chef du parquet d’Abidjan agissant au nom du ministère public a été suivi par le tribunal qui par la voix du président de l’audience, visiblement mal à l’aise, avant de prononcer la décision, a tenté d’apaiser les cœurs, en se justifiant face aux critiques du conseil du prévenu.« C’est par hasard que j’ai jugé ce dossier. Nous sommes en période de vacation. C’est le dossier qui est venu vers moi. Contrairement à ce que j’ai entendu, je ne suis pas en train de trancher un procès politique. Si nous nous sommes trompés c’est de bonne foi», a-t-il dit.

Les avocats de la défense lors de leur plaidoirie ont affirmé  que le procureur de la République et le tribunal des flagrants délits se sont fourvoyés face à leur client. A cause du pourvoi en cassation suspendant la mesure de dissolution de GPS, mais en plus la justice n’a pas compétence pour dissoudre GPS au regard de la législation en vigueur par rapport aux partis politiques ou associations, ont-ils poursuivi. Avant d’ajouter qu’ils entendent relever appel au cours des 20 jours légaux à venir car ils sont convaincus qu’une décision de dissolution, en l’espèce, incombe au chef de l’État par décret.

Félix Teha-Dessrait

tehadessrait@gmail.com

Légende photo : Kando Soumahoro, ancien député, a été condamné à 36 mois dont 24 mois fermes et 12 mois avec sursis.

 

 

 

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