Côte d’Ivoire / Assuré d’être le protégé du ministre Adama Diawara – Le président de l’Université de Man au centre d’une gestion scandaleuse

« Monsieur avec tout le respect, je travaille pour l’Etat de Côte d’Ivoire et avec des textes nationaux et internationaux pour ce qui est du CAMES. Vérifiez auprès de vos sources, tout arbitraire. Pour ce qui est de mon amitié avec le MESRS, cela date depuis 1998. Cette année, l’UPM a 24 candidats au Cames. Respectueusement ».

C’est par ce message électronique qu’il nous a fait parvenir, le mardi 23 mai 2023, que le professeur Coulibaly Lacina , président de l’Université de Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a réagi aux accusations portées contre lui par des enseignants-chercheurs, des étudiants et des membres du personnel de l’Université avec qui nous avons échangé et qui l’accusent de mener une gouvernance totalitaire, scandaleuse et émaillée d’injustices.

Le président de l’Université de Man récuse toutes ces accusations qu’il perçoit visiblement comme une cabale contre sa personne. Concernant sa proximité prégnante avec l’actuel ministre de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique, professeur Adama Diawara, il revendique à demi-mot cette amitié et précise à cet effet : « Pour ce qui est de mon amitié avec le MESRS, cela date depuis 1998 ».

Or justement, soutiennent plusieurs acteurs de l’Université de Man, c’est au nom de cette amitié qui apparaît comme une protection, qu’il mène « une gouvernance qui piétine toutes les règles et les procédures administratives », affirme un enseignant-chercheur ayant requis l’anonymat. A titre d’exemple, le président de l’Université de Man a pris la décision unilatérale de suspension des salaires de certains enseignants-chercheurs en violation flagrante de la procédure.

Autre point sombre de la gouvernance du professeur Coulibaly Lacina, l’exclusion, chaque année, d’étudiants pour des raisons syndicales, nous ont confié des étudiants de l’Université de Man. « Alors que ce sont les syndicats qui peuvent poser nos problèmes afin que les autorités y trouvent des solutions, le président de notre Université s’oppose systématiquement à l’existence de syndicat ici à Man. Pourtant les syndicats existent dans les autres Universités du pays », dénonce un étudiant. Qui précise que les étudiants de l’Université de Man ont trop de problèmes existentiels et académiques qui restent sans solutions.

Les étudiants ne sont pas les seuls acteurs de l’Université de Man ayant maille à partir avec le professeur Coulibaly Lacina. Les enseignants-chercheurs figurent sur la liste des personnes qui grognent, à l’instar du personnel. Si le personnel accuse le président de l’Université de le terroriser et l’humilier en permanence, des enseignants-chercheurs se plaignent des agissements du professeur Coulibaly Lacina qui seraient des obstacles à leurs avancements catégoriels. Ils accusent le président de l’Université de refuser de signer leurs C.V et leurs activités de recherche. De facto, cette situation empêche les enseignants-chercheurs de se présenter au CAMES pour obtenir la possibilité de changer de grade.

A l’Université de Man, nous a-t-on confié, le professeur Coulibaly Lacina règne en maître absolu sur le présent et l’avenir des uns et des autres, assuré qu’il est d’avoir le soutien du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, professeur Adama Diawara.

Un ministre qui s’activerait à introduire à la signature du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, 90 décrets de nomination et pourrait , lui-même, signer plus de 200 arrêtés de nomination dans le secteur de l’enseignement supérieur. Au nombre des « heureux élus » du ministre Adama Diawara pourrait figurer son ami et protégé, le professeur Coulibaly Lacina. Vraies ou fausses, ces rumeurs sur ces centaines de nominations constitueraient un dangereux tsunami pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique si elles sont avérées, affirment des enseignants-chercheurs.

Didier Depry

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