Côte d’Ivoire / Education nationale : Malgré l’interdiction, les cours de renforcement se poursuivent dans des écoles publiques   

L’ancienne ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Kandia Kamissoko Camara, avait signé, à l’époque, un arrêté interdisant les cours de renforcement dans les établissements primaires et secondaires publics. La raison ? L’utilisation des matériels (tables-bancs, tableaux etc.) à des fins personnelles en dehors des heures normales de cours pouvait contribuer à leurs dégradations rapides.

Malheureusement cet arrêté n’a eu aucun effet, d’autant plus que des enseignants ont toujours dispensé des cours de renforcement dans les écoles, lycées et collèges publics, les mercredi après-midi et les samedi. Et cela, a-t-on appris, avec le soutien et l’autorisation de certains chefs d’établissement. « Les cours de renforcement ne peuvent se faire dans un établissement public sans que le directeur, le principal ou le proviseur n’en soit informé. Certains d’entre eux ferment les yeux dessus et demandent en retour quelque chose (une sorte de ristourne) aux organisateurs. La décision prise à l’époque par la ministre Kandia Camara n’a jamais été respectée totalement. Certes, des chefs d’établissement continuent de l’appliquer à la lettre, mais ce n’est pas le cas pour beaucoup d’entre eux », explique K.P professeur de Physique-Chimie.

A en croire des parents d’élèves, les cours de renforcement sont utiles pour le renforcement des capacités des élèves. Seulement, ils déplorent l’esprit mercantile et le chantage qui les sous-tendent. «Deux semaines après la rentrée scolaire, mon fils est venu me dire que son professeur de Mathématiques dit qu’il organise des cours de renforcement à l’école. N’est-ce pas trop tôt ?  Il n’a encore aucune idée du niveau des enfants et déjà, il veut organiser des cours de renforcement», confie un parent d’élèves. S

 

elon plusieurs sources, ces cours sont souvent dispensés sur fond de chantage fait aux élèves. « Il y a des professeurs qui donnent des sujets d’exercice aux élèves au renforcement et vont ensuite les examiner en classe en évaluation. Ils prennent le soin de les informer de ce que les sujets traités seront donnés en interrogation écrite ou devoir surveillé en classe. D’autres bonifient les moyennes trimestrielles de ceux qui participent à leurs cours de renforcement. Pour toutes ces raisons, ma fille me met la pression, chaque année, pour que je l’inscrive aux cours de renforcement », soutient Jacques Konan Kouamé, parent d’élèves.

Excédé par le comportement de certains professeurs de son établissement, G. M. enseignant au lycée municipal 2 de Koumassi (Abidjan) a adressé, le 15 octobre 2023, un courrier à la ministre Mariatou Koné afin qu’elle envoie une mission de l’inspection générale pour un contrôle dans ledit lycée. Dans la note devenue virale sur les réseaux sociaux, ce professeur dénonce et pointe du doigt un groupe de professeurs spécialisés dans « les cours de renforcement abusifs, la vente de fascicules, l’attribution de notes et de moyennes de complaisance etc. ». Le lycée municipal 2 de Koumassi, faut-il le souligner, n’est qu’un échantillon. De nombreux lycées et collèges, et même des écoles primaires sont ouverts, les mercredi après-midi et les samedi, aux cours de renforcement malgré l’interdiction ministérielle.

 

Une correspondance de SKD

 

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié