Dans un communiqué que leur porte-parole a lu, le jeudi 31 août 2023, les militaires putschistes gabonais ont annoncé que le chef de la Garde républicaine (GR), le général Brice Clotaire Oligui N’Guema, qu’ils ont choisi, la veille, comme le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) prêtera serment, ce lundi 4 septembre 2023, en tant que président de la transition. Ils ont rétabli internet et les médias internationaux (RFI et France 24 notamment) qui avaient été suspendus par le régime d’Ali Bongo. Ils ont ensuite appelé à la reprise du travail dans les administrations publique et privée et annoncé la « mise en place progressive des institutions de la transition » avec à la clé le respect de tous les engagements intérieurs et extérieurs du Gabon, au nombre desquels le paiement futur de la dette intérieure et extérieure.
On peut l’affirmer sans se méprendre, les militaires putschistes gabonais ne comptent pas visiblement passer la main de sitôt à un pouvoir civil encore moins reprendre le recomptage des voix de l’élection présidentielle d’août 2023 comme le demande l’opposition. Pour le général Brice Clotaire Oligui N’Guema et ses amis, l’élection présidentielle qui a proclamé Ali Bongo, vainqueur avec 64,27% des voix face à l’opposant Albert Ondo Assa est nulle et de nul effet. Assurément après la prestation de serment du président de la transition – qui ne se fera pas sur la Constitution actuelle qu’ils ne reconnaissent pas – les militaires putschistes fixeront la durée de la transition au terme de laquelle une nouvelle élection présidentielle sera organisée. En attendant tout cela, l’Union africaine (UA) a décidé de suspendre le Gabon de l’organisation panafricaine. Une trompette qui sera embouchée par les autres organisations de la communauté internationale.
Le général Brice Clotaire Oligui N’Guema et ses amis du CTRI sont donc au ban de la communauté internationale et isolés. Pourront-ils s’en sortir ? Nul ne le sait. Ils ont cependant réussi une prouesse inattendue, celle d’avoir mis fin à 56 ans de règne sans partage des Bongo sur le Gabon, ce petit pays peu peuplé d’Afrique centrale, riche en hydrocarbures et en richesses naturelles diverses. Un coup d’Etat « courageux » mené par un homme du « sérail », le général Brice Clotaire Oligui N’Guema. Que certaines sources disent très proches de Pascaline Bongo, fille aînée de feu Omar Bongo Ondimba, et évidemment grande sœur du président renversé, Ali Bongo Ondimba. Vrai ou faux ? L’opposant gabonais Albert Ondo Assa, challenger d’Ali Bongo Ondimba lors de la récente élection présidentielle, croit mordicus que derrière le général Oligui N’Guema se cacherait, telle une marionnettiste, Pascaline Bongo. Il en est si sûr qu’il s’en est ouvert à la presse sans aucune hésitation.
« Ce n’est pas un coup d’État, c’est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d’Ali Bongo, derrière Oligui Nguema, il y a Pascaline Bongo, donc les Bongo ont trouvé un moyen de contourner, c’est l’imposture perpétuelle. Les Bongo ne perdent rien. Ils se remettent en selle pour renouveler le système Bongo-PDG (Parti démocratique gabonais, NDLR] à travers Oligui N’Guema », a confié l’opposant Albert Ondo Assa à la radio française RFI
Et d’ajouter : « Il n’y a pas de peut-être. J’en suis sûr. L’intérêt, c’est préserver le pouvoir des Bongo, et on règle un problème familial : Pascaline et Ali Bongo avaient des contradictions. On règle le problème Ali, et on règle le problème du pouvoir. C’est la garde prétorienne qui a fait le coup. Les autres militaires n’y étaient nullement associés ».
Effectivement le général Brice Oligui N’Guema est un « Bongo » par alliance sans en porter le patronyme. D’ailleurs, son putsch a été salué, fait surprenant, par la fille aînée d’Ali Bongo, dans un post publié sur sa page facebook, le 31 août 2023. «Mes Félicitations au nouveau Président de la Transition son Exellence Brice Clotaire Oligui Nguema», a écrit Malika Bongo, Cela peut-il expliquer les soupçons qui pèsent sur Pascaline Bongo d’avoir contribuer au renversement de son frère cadet du pouvoir ?
On pourrait en douter même si le général Oligui N’Guema, était très proche de feu Omar Bongo Ondimba, dont il a été un fidèle aide de camp avant de devenir le commandant de la Garde républicaine (GR), unité d’élite de l’armée gabonaise qui a longtemps veillé sur le pouvoir Bongo. Ensuite Brice Clothaire Oligui N’Guema avait, dit-on, officiellement, la charge de consolider le pouvoir d’Ali Bongo pour préparer l’avènement de son fils Nourridine Bongo Valentin, au pouvoir. C’est contre cette éventualité qu’il se serait, à la longue, rebellé, affirment certaines sources diplomatiques africaines.
D’où ce coup d’Etat qui visiblement aurait réjoui par coïncidence des membres de la famille Bongo qui n’approuvaient pas cette dévotion du pouvoir d’Ali à Nourridine Bongo qui se profilait. Parmi ces membres de la famille figureraient Pascaline Bongo et sa nièce Malika qui entretenaient des relations exécrables avec Ali Bongo et son épouse française, Sylvia Valentin, la mère de Nourridine Bongo Valentin.
A noter que le général Brice Clotaire Oligui N’Guema qui s’est considérablement enrichi sous l’ère Bongo, père et fils, est de l’ethnie Fang par son père et de l’ethnie Obamba par sa mère. Il n’a aucun lien de parenté, nous a-t-on soutenu, avec les Bongo qui sont de l’ethnie Téké. Sa proximité avec les Bongo est devenue filiale par le lien et les relations, et non par le sang. C’est donc inexact d’affirmer, nous précise une source, qu’il est le parent des Bongo. Même s’il est un « frère » maçon, avons-nous appris. Le général Brice Clothaire Oligui N’Guema est aussi dans les «affaires » grâce à sa proximité avec les Bongo. Ainsi dispose-t-il de plusieurs propriétés aux États Unis d’Amérique d’une valeur de plus d’un million de dollars selon une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) de 2020. En 2018, par exemple, il a acheté une propriété à Silver Spring dans le Maryland à 447. 000 dollars .
Didier Depry
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