Crise au PPA-CI se poursuit – Le parti de Laurent Gbagbo au bord de l’implosion

Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le parti politique créé par l’ancien chef de l’Etat  Laurent Gbagbo, traverse une période de forte tension interne qui menace son unité. La crise a éclaté à la suite de l’élection de la présidente de la Ligue des femmes, le 16 décembre 2023. Depuis lors, deux camps s’affrontent au sein du parti, sur fond de suspicions et d’accusations.

Le PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, est né en 2021, dans la foulée du retour au pays de l’ancien président de la République de Côte d’Ivoire  suite à son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) , après avoir été accusé de crimes contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Le PPA-CI ambitionne de reconquérir le pouvoir en 2025 en s’appuyant sur la popularité et le charisme de son leader et « candidat naturel Laurent Gbagbo », soutiennent les militants de cette formation politique de l’opposition.

Mais à un an de l’élection présidentielle, le PPA-CI est secoué par une crise interne qui oppose deux camps. La crise a commencé, le 16 décembre 2023, lors de l’élection de la présidente de la Ligue des femmes, l’une des structures spécialisées de ce parti. Ce jour-là, à Mama, le village natal de Laurent Gbagbo, dans la sous-préfecture  d’Ouragahio, département de Gagnoa, les militantes du PPA-CI ont voté pour choisir leur représentante. Sur les trois candidates en lice, c’est Seri Louma Hortense, la secrétaire générale adjointe du PPA-CI, qui a remporté le scrutin, avec 1 200 voix contre 800 voix pour Doukouré Marie et 600 voix pour Gbadagni Guébri Désirée.

Une présidente de la Ligue des femmes contestée

 Mais cette élection a été contestée par le Comité de contrôle, l’organe chargé du contrôle général du fonctionnement du PPA-CI, de la conformité des actes des organes du parti, du contentieux électoral et du contentieux disciplinaire. Le Comité de contrôle, composé de 29 membres, a dénoncé des irrégularités et des fraudes lors du scrutin et a refusé de reconnaître les résultats. Il a accusé Seri Louma Hortense et ses soutiens dont le président exécutif du PPA-CI, Sébastien Dano Djédjé, d’avoir violé les statuts et le règlement intérieur du parti.

En réaction, le Conseil de discipline, l’organe chargé de sanctionner les manquements à la discipline et à l’éthique du parti, a décidé de suspendre 15 membres du Comité de contrôle, accusés de défiance et d’insubordination à l’autorité hiérarchique. Le Conseil de discipline, présidé par Ettien Amoakon a estimé que ces militants avaient porté atteinte à l’image et à la crédibilité du PPA-CI et qu’ils devaient être sanctionnés conformément aux textes du parti.

Mais cette décision a été, à son tour, contestée par 14 autres membres du Comité de contrôle qui ont exprimé leur solidarité aux 15 suspendus et ont déclaré que la décision du Conseil de discipline était nulle et de nul effet. Ces contestataires affirment que le Conseil de discipline n’a pas la compétence pour sanctionner les membres du Comité de contrôle qui sont l’émanation du congrès, l’instance suprême du parti, et qui n’ont de compte à rendre qu’à cette instance. Ils ont également annoncé leur intention de saisir le Comité de contrôle, juridiction d’appel en matière de contentieux disciplinaire, pour faire annuler la décision du Conseil de discipline.

La révolte des membres du Comité de contrôle  

 Face à cette situation de blocage, le Secrétariat général du PPA-CI dirigé par le secrétaire général Gervais Tchéidé a lancé un appel solennel à l’apaisement, à la retenue, à la discipline et à l’esprit de famille. Il a demandé au Conseil politique permanent, l’organe chargé de la coordination et de l’animation politique du parti, de se saisir de ce dossier et de travailler à la résolution de la crise. Il a également  soutenu que Laurent Gbagbo, le président du PPA-CI, restait saisi de la question et «  suivait avec attention la médiation confiée au Conseil politique permanent ». Cette déclaration  n’a cependant pas apaisé les esprits.

La crise au PPA-CI est donc loin d’être terminée. Cette crise fragilise le parti de Laurent Gbagbo qui se retrouve divisé et affaibli à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025 et après la débâcle électorale du PPA-CI aux régionales et municipales de 2023. Cette crise inquiète de nombreux partisans de Laurent Gbagbo qui  soutiennent mordicus que leur leader serait « victime d’un complot ou d’une trahison de la part de certains cadres du parti ».

Robert Krassault

Légende photo : Laurent Gbagbo lors d’une rencontre avec les instances de son parti politique, le PPA-CI. 

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