Dadis Camara a retrouvé sa cellule à la grande prison de Conakry, a soutenu son avocat, le samedi 4 novembre 2023, dans l’après-midi. L’ancien chef de la junte militaire en Guinée, détenu depuis plus d’un an, avait été sorti de prison, la samedi 4 novembre, avec d’autres co-accusés à 4h du matin par un commando lourdement armé. Les forces de défense et de sécurité guinéennes avaient organisé un battu pour retrouver les prisonniers évadés. Selon l’avocat de Moussa Dadis Camara, il ne s’agissait pas d’une évasion, mais plutôt un enlèvement. L’avocat a dit à RFI que l’ancien chef de l’Etat a été brutalement réveillé dans son sommeil, avant que des hommes armés ne l’extirpent de force de sa cellule ainsi que ses trois codétenus que sont le colonel Moussa Tiegboro Camara, le colonel Claude Pivi et le gendarme Blaise Goumou.
Détenus en prison, depuis plus d’un an, ils sont tous poursuivis pour leur rôle présumé dans le massacre du 28 septembre 2009 qui avait provoqué la mort de près de 160 personnes et le viol d’une centaine de femmes. Lors de l’attaque de la prison par ce commando, deux personnes sont mortes, dont une fillette de six ans, et de nombreuses autres ont été blessées, soutiennent les autorités. Dont une délégation s’est rendue au chevet des blessés à l’hôpital Donka et réconforté les familles des victimes, rapporte RFI.
Plusieurs zones d’ombre planent cependant sur cette tentative d’évasion rocambolesque. D’abord, on ignore la composition du commando venu libérer Dadis Camara et ses co-détenus. Ensuite, une interrogation demeure relativement aux moyens qui ont permis à ce commando lourdement équipé d’arriver jusqu’à la prison centrale sans attirer l’attention des militaires postés aux alentours. D’autant que la prison est située dans le centre-ville de la commune de Kaloum où siège la présidence et dont l’entrée est très surveillée par l’armée. Kaloum étant devenue aujourd’hui la commune la mieux gardée du pays. Et la Maison centrale ( la prison) se trouve elle-même encerclée par plusieurs postes militaires.Y a-t-il eu des complicités et à quels niveaux de la prison et de l’armée ? une enquête a été ouverte par le procureur général pour démêler l’écheveau concernant cette curieuse évasion.
Selon la radio RFI, d’après Maître Lamah, Dadis Camara a été enlevé par le commando. Il a pu parler à son client par téléphone qui lui a expliqué avoir réussi à échapper à ses ravisseurs présumés, avant de reprendre le chemin de la prison, même si l’avocat n’a pas souhaité détailler les conditions exactes dans lesquelles l’ancien chef de la junte du CNDD est revenu à la Maison centrale. « Ce qu’il faut souligner aujourd’hui, c’est que l’État a failli dans son obligation à sécuriser la Maison centrale de Conakry. Le président Moussa Dadis Camara ne s’est pas évadé, il n’était pas en fuite. Il a été mis devant une situation qui l’a dépassé […] Il est venu, ce n’est pas maintenant qu’il va se soustraire à la justice. Surtout qu’il a en face de lui, un dossier qui est vide », a confié Maître Lamah à RFI. Le colonel Tiegboro, lui aussi sorti de la prison, a également affirmé à son avocat avoir trompé la vigilance de ses ravisseurs, avant de leur fausser compagnie et revenir dans sa cellule. Même son de cloche pour Blaise Goumou. Sauf Claude Pivi a pris la poudre d’escampette et se trouve encore dans la nature. Dans un communiqué, le chef d’état-major des armées de la Guinée a affirmé avoir « mis fin à la cavale » des prisonniers et assure que « toutes les dispositions sécuritaires sont prises pour retrouver le dernier fugitif, Claude Pivi ».
Didier Depry
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