Ahoua Don Mello, ancien directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) et ministre de l’éphémère gouvernement (7 décembre 2010- 11 avril 2011) de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, sera-t-il candidat à l’élection présidentielle de 2025 ? L’intéressé entretient l’expectative à ce sujet. Mais ses partisans voudraient le voir franchir le pas. Au PPA-CI, cette ambition sonne inacceptable et apparait comme un affront au candidat « naturel » dudit parti politique, Laurent Gbagbo. Progressivement un « problème Ahoua Don Mello » prend corps au sein de la formation des « panafricains » ivoiriens.
Il se garde d’affirmer ouvertement lui-même ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2025 en qualité de plan B, au niveau du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) ; la formation politique fondée et dirigée par l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, au cas où l’inéligibilité de celui-ci demeure inchangée jusqu’à la période du dépôt des candidatures en 2025.
Mais Ahoua Don Mello utilise des succédanés pour dévoiler ses intentions. Ces succédanés, ce sont, entre autres, les différentes conférences publiques qu’il anime pour livrer sa vision sur l’avenir de la Côte d’Ivoire ainsi que les clubs de soutien qui naissent à bas bruit, en Côte d’Ivoire, en France et aux Etats Unis d’Amérique, pour se réclamer de sa vision politique.
C’est le cas du Mouvement de soutien aux actions du ministre Ahoua Don Mello, en abrégé MSA-ADM, dont la conférence de lancement officiel qui était prévue, le 11 décembre 2024, dans le 19e arrondissement de Paris, capitale française, s’est effectivement tenue à la date indiquée en dépit des protestations du PPA-CI. Une conférence animée par le président de cette association, Koré Moussa Michel Mognon, qui a justifié son initiative en ces termes, sur sa page facebook : « Pour des citoyens libres, quoi de plus noble que de magnifier les actions d’un compatriote qui se bat à l’échelle internationale pour la souveraineté, le patriotisme et le panafricanisme ? Ce valeureux patriote mérite soutien ».
Des clubs de soutien pour Ahoua Don Mello
Cette conférence a suscité, avons-nous appris, une grosse colère au niveau de la direction du PPA-CI à Abidjan. Comme il fallait s’y attendre, la représentation du PPA-CI en France a automatiquement réagi, à travers un communiqué en date du 11 décembre 2024, pour condamner la tenue de cette rencontre. « La Représentation PPA-CI France marque son étonnement à l’organisation d’un tel événement qui est fait au bénéfice du ministre Ahoua Don Mello qui plus est vice-président exécutif du PPA-CI en charge de la région des lacs et de la promotion du panafricanisme », mentionne ce communiqué.
Avant de dénoncer ouvertement une ambition présidentielle de Don Mello en vue de 2025 contre Laurent Gbagbo : « La Représentation PPA-CI France s’indigne d’une telle initiative au profit d’un cadre du PPA-CI alors que le parti a choisi, conformément à ses dispositions, son candidat en la personne du Président Laurent Gbagbo lors de sa convention du 10 mai 2024 à Abidjan ». Et la représentation PPA-CI France de préciser qu’elle « dénonce le caractère perturbateur d’une telle manœuvre, à 11 mois des échéances présidentielles ».
Le malaise s’installe au PPA-CI
Un malaise est ainsi résolument installé au PPA-CI face à l’ambition présidentielle de moins en moins feinte d’Ahoua Don Mello qui recevait, le samedi 14 décembre 2024, à son quartier général (QG) sis à Abidjan-Cocody, l’Organisation des femmes G-BRICS+. Cela au grand dam de ses adversaires internes pour qui ces rencontres cachent mal la campagne subtile que mène Ahoua Don Mello.
« Il n’y a pas de plan B. Le plan B, C, D ou Z, c’est le président Gbagbo. Ahoua Don Mello peut toujours rêver. Et puis, il connait le président Gbagbo. Il sait très bien que c’est quelqu’un de rancunier. Le président Gbagbo lui a pardonné ce qui s’est passé dans les années 90 et il l’a réhabilité en 2000 mais ça ne veut pas dire qu’il va faire de lui, le plan B si un tel plan existait », nous a confié, sous le sceau de l’anonymat, un cadre du PPA-CI, ancien cadre du FPI.
En l’absence de la réaction de Laurent Gbagbo et des premiers dirigeants officiels du PPA-CI, c’est la « Première dame du parti », Nadiani Bamba Gbagbo dite Nady Bamba Gbagbo qui a fait une sortie en guise de mise au point sans appel.
La mise au point cinglante de la « Première dame du parti »
C’était le dimanche 8 décembre 2024 lors d’une visite à la chefferie traditionnelle d’Attécoubé, une commune d’Abidjan. « Laurent Gbagbo est notre candidat et il n’y en aura pas un autre », a-t-elle affirmé haut, fort et net. Le pronom « notre » renvoyant évidemment au PPA-CI.
Celle qui n’est pas le plan B du PPA-CI (elle l’a récemment dit) mais qui est plutôt visiblement dans une campagne d’ « effacement des traces de Simone Ehivet Gbagbo », l’ex-épouse de Laurent Gbagbo, dans les cœurs des partisans de l’ancien chef de l’Etat, ne se veut plus suivre les « empoignades » politiques au PPA-CI depuis les tribunes. Elle a désormais investi l’arène pour épauler son époux de candidat « naturel » de ce parti.
C’est sans doute cette nouvelle posture de la ressortissante de Touba qui a fait croire, à tort, à certains observateurs qu’elle pourrait être la candidate de substitution au PPA-CI pour 2025 si Gbagbo reste inéligible. Non seulement, ce ne sera pas elle mais ça sera pas, non plus, Ahoua Don Mello, affirment mordicus les « Gbagbo ou rien » au PPA-CI. Qui sont très largement majoritaires.
Un dossier réalisé par Didier Depry
Légende photo : Un flyer conçu par les partisans d’Ahoua Don Mello diffusé sur les réseaux sociaux. Cet élément suscite la colère au PPA-CI.
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