Elections municipales / Médji Bamba, ancien maire de Gagnoa :  « Pourquoi je ne soutiens pas la liste conduite par Yssouf Diabaté »

L’ancien maire de Gagnoa, Médji Bamba, parle de son actualité politique et des élections locales du 2 septembre 2023 dans la région du Goh.  Il se prononce également sur  la crise au Niger.

Quel est votre poids aujourd’hui au sein de votre parti politique, le RHDP,  à Gagnoa et dans la région du Goh ?

J’ai été  le pionnier du RDR avec Dr Sériba Coulibaly et mon aîné Diaby Moustapha. Nous avons donné au président de la République Alassane Ouattara, sa victoire la plus écrasante quand il était dans l’opposition en 2001 au moment où il faisait face à plusieurs difficultés politiques. En tant que directeur de campagne du candidat à cette élection municipale de l’époque, j’ai été modestement l’un des artisans de cette victoire.

Votre ancienneté au sein du RDR dissous au sein du RHDP n’a pas empêché votre défaite aux élections municipales de 2018 à Gagnoa. Comment expliquez-vous cela ?   

J’ai été le candidat du RHDP aux municipales en 2018 avec pour adversaire mon premier adjoint au maire Zon Camara et l’un de mes  conseillers municipaux, l’actuel maire Yssouf Diabaté. Je me suis senti lâché par mon parti dans cette situation. A l’époque, le départemental du RHDP  était contre moi. Les secrétaires de section avaient été détournés pour travailler en faveur des candidats indépendants. J’ai perdu les élections municipales de 2018 à cause de la fraude et non loyalement. Toute la ville de Gagnoa sait que j’ai été victime de fraude électorale.

Pourquoi ne soutenez-vous pas Yssouf Diabaté, l’actuel maire et candidat à sa propre succession au titre du RHDP  alors que vous êtes un conseiller municipal et cadre du RHDP ?

Personne ne peut me donner au sein du RHDP, une leçon de loyauté. A ce niveau, je n’ai aucun scrupule. Je suis sur la liste du candidat RHDP aux élections régionales dirigée par Joachim Djédjé Bagnon. Il faut préciser que je n’ai pas fait de marchandage pour être sur cette liste en tant que vice-président. J’ai simplement répondu à l’appel du doyen Joachim Djédjé Bagnon. Mais je ne suis pas tenu de soutenir une liste qui va contre mes convictions bien qu’elle soit RHDP. Voilà pourquoi je ne soutiens pas la candidature de l’actuel maire Yssouf Diabaté. Et puis, je n’ai jamais été approché par le candidat du RHDP  dans la commune de Gagnoa Yssouf Diabaté qui m’appelait affectueusement « papa ».

Certaines langues affirment que vous aviez en projet d’affronter le candidat du RHDP, Yssouf Diabaté, en tant qu’indépendant. Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi y avez-vous renoncé ?

J’avais effectivement l’intention d’être candidat indépendant aux élections municipales de Gagnoa face au maire sortant Yssouf Diabaté. C’est le président sortant du conseil régional du Goh, Joachim Djédjé Bagnon, qui m’en a dissuadé. En Afrique, lorsque vous avez des aînés qui sont plus sages et qui vous parlent, il n’y a pas d’orgueil à faire prévaloir. Que les uns et les autres retiennent que je n’ai pas renoncé à mon projet politique parce que j’aurais eu peur de l’épée de Damoclès qui plane en ce moment sur la tête des indépendants issus du RHDP.

Soutenez-vous un candidat à ces élections municipales de Gagnoa ?

Permettez que je garde secret, le nom de celui ou de la liste que je soutiens à ces élections municipales de Gagnoa. Souffrez que je ne fasse pas trop de commentaire sur cette question.

Votre liste au niveau du conseil régional va affronter celle du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, conduite par l’ancien ministre Sébastien Dano Djédjé. Comment voyez-vous ce choc politique ?

Le PPA-CI est certes un grand parti politique, on ne saurait le sous-estimer, mais il n’a pas les arguments nécessaires pour développer la région du Goh.  Le bilan du président du conseil régional du Goh, Joachim Djédjé Bagnon, joue en sa faveur. Rétrospectivement, il est possible de jeter un regard sur celui du conseil général sous l’ère de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Comparativement, les populations peuvent saisir dans quel camp se trouve le développement.

Vous retrouvez assurément de la vigueur politique avec votre présence sur la liste de Joachim Djédjé Bagnon ?

Je n’ai pas besoin d’être sur une liste pour redorer mon blason politique. Ma présence est réelle sur le terrain et je fais le poids sur la balance. Le président Joachim Djédjé Bagnon ne m’aurait pas fait appel si je  comptais comme une plume sur le terrain politique à Gagnoa et dans le Goh.

Que pensez-vous de la limitation des mandats présidentiels en Côte d’Ivoire ?

Il faut avoir le courage d’ouvrir les yeux sur la durée des mandats présidentiels. En Afrique, aucun président ne peut réaliser véritablement ses projets dans un mandat de 5 ans. Nos pays en Afrique tels que conçus ne peuvent pas permettre à un président qui est dynamique d’attendre ses objectifs seulement en 5 ans. Bref, je suis contre la limitation des mandats.

Etes-vous favorable à une intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel ?

Par principe, je suis contre le recours à la force au Niger. Si tant est que l’un des objectifs est de réinstaller celui qui a été l’objet du putsch. Nous avons affaire à des hommes qui ont des armes. Dès qu’ils apprennent une intervention par la force, ils peuvent cacher le président déchu Mohamed Bazoum et mener par la suite la politique de la terre brûlée. S’il s’agit de jeter l’enfant avec l’eau du bain, il est préférable de garder l’enfant dans l’eau sale.

N’êtes-vous pas en train de faire l’apologie des coups d’Etat en Afrique ?

Les coups d’Etat en Afrique n’ont jamais été productifs. Les putschistes ont toujours eu pour argument que les présidents élus démocratiquement n’arrivent pas à garantir la sécurité de la nation. Cet argument est incongru. Il revient aux militaires d’assurer la sécurité aux frontières d’un État. Un général n’est pas formé pour exercer un pouvoir politique. Les putschistes du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Niger sont en train de mettre la sous-région dans une situation d’impasse. L’absence de maturité et de perspectives fait croire aux militaires qu’ils ont le droit de faire intrusion sur la scène politique.

Interview réalisée

par Doumbia Namory

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