Le projet de développement de la filière musicale et des nouveaux modèles économiques de la musique dans les pays de la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a fait l’objet d’un atelier de formation organisé par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), en coopération avec l’UEMOA, les lundi 12 et mardi 13 juin 2023, à l’hôtel Pullman sis à Abidjan-Plateau. Cet atelier a réuni des experts de l’OMPI, des acteurs culturels, les différentes parties prenantes de la filière musicale, les points focaux de l’UEMOA et des responsables du BURIDA autour de la problématique de la musique en ligne.
Au programme, ont été débattus plusieurs thèmes. Notamment « Les aspects juridiques de la mise en œuvre du droit d’auteur et des droits voisins de la musique sur internet », « Du phonogramme aux plateformes d’exploitation de la musique en ligne : aspects techniques (métadonnées d’identification des titulaires de droits; identification et rôle des différents auteurs…) », « Du phonogramme aux plateformes d’exploitation de la musique en ligne : les contrats d’exploitation de la musique sur internet », « La responsabilité des intermédiaires techniques d’internet », « La typologie des actes de violation de droits d’auteur et droits voisins de la musiques sur internet ». « La rémunération des titulaires de droits : artistes, auteurs-compositeurs, interprètes, éditeurs, producteurs et distributeurs à partir des exploitations en ligne (gestion individuelle et gestion collective) ».
A l’ouverture de cet atelier dont l’hôte officiel était le Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA) dont le directeur général, Karim Ouattara, a, dans son mot de bienvenue, souhaité le traditionnel « Akwaba » ivoirien aux nombreux participants, la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, a livré un message d’espoir sur le sujet en ce qui concerne le cas de la Côte d’Ivoire.
Pour elle, cette initiative de l’OMPI et de l’UEMOA concourt à structurer durablement le secteur des industries culturelles et créatives et plus spécifiquement celui de la musique.
« Le projet qui nous réunit ce jour est très important pour nos États. Il a fait l’objet d’une adoption, en 2019, lors de la 23ème session du Comité du Développement et de la Propriété intellectuelle. L’un des objectifs est de favoriser au sein des 8 États membres de l’UEMOA l’accès du public aux œuvres musicales et promouvoir l’offre légale de la musique en ligne », a-t-elle soutenu. Et d’annoncer officiellement que, depuis avril 2023, la Côte d’Ivoire assure la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA. « Je suis également, à la demande du Commissaire de l’UEMOA, Monsieur Mamadou Sérifo Jaquite, la porte-parole de l’Union auprès de mes pairs et de partenaires et pour l’action phare de la Culture inscrite dans la Feuille (2021-2025) de l’Organisation », a poursuivi la ministre de la Culture ivoirienne. Qui a rappelé que la première rencontre des points focaux de l’UEMOA qui s’est déroulée à Abidjan, fin 2022, en présence de la cheffe projet musique, responsable du département des Industries culturelles et créatives de l’OMPI, Mme Sherine Greiss, visait à définir des activités prioritaires pour la conduite du projet.
« L’un des points essentiels des activités prioritaires est l’organisation d’une formation à destination des acteurs culturels et des différentes parties prenantes de la filière musicale sur l’exploitation de la musique en ligne pour un marché sous régional de la musique en ligne dynamique, viable et fiable », a aussi estimé Françoise Remarck.
A l’en croire, cette activité est en lien étroit avec la feuille de route 2023 du ministère de la Culture et de la Francophonie «qui ambitionne de prendre un projet de loi relatif à l’industrie musicale et actualiser 14 décrets pour intégrer les canaux de diffusion numériques et leur mise en œuvre ».
Tout en révélant que « pour relever ces défis sous régionaux, des discussions vont être entreprises avec à l’esprit notre projet commun de confirmer la croissance de l’industrie musicale sous régionale, continentale et son potentiel au niveau mondial. Il y va de l’avenir de notre musique, de nos auteurs, de nos artistes-interprètes, des producteurs, des managers présents dans cette salle pour qu’ils vivent de leur art et que ce secteur continue de contribuer significativement aux PIB de nos pays. Nous avons la responsabilité de trouver ensemble les mécanismes afin de mettre en œuvre un écosystème ajusté à l’ère du numérique, en adaptant notamment le système de rémunération des plateformes étrangères au contexte africain ».
L’autorité ministérielle n’a pas manqué d’assurer que la Côte d’Ivoire qui a intégré ,jeudi dernier, à Paris, pour la seconde fois de son histoire, après 2015-2017, le Comité intergouvernemental pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO, jouera sa partition pour qu’ « ensemble, nous répondions aux attentes des États membres dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé et particulier pour un sujet qui me tient à cœur, le statut des artistes ».
Quant à la vice-directrice générale de l’OMPI, Sylvie Forbin, dans son état des lieux de cette problématique, elle a donné les 3 raisons pour lesquelles le projet est important. Faisant savoir que l’Afrique doit développer sa propre filière musicale à l’heure du streaming. « Le boom est porté par une audience croissante, surtout chez les jeunes », a-t-elle estimé.
Par ailleurs, a-t-elle dit, de nombreux défis sont à surmonter pour créer une véritable industrie musicale en Afrique. « Ce chantier a besoin de normes dans l’espace UEMOA. Il passe notamment par la formation professionnelle. Il faut aussi un développement de l’infrastructure pour identifier les œuvres, faire des collectes, répartir les gains de cette industrie à tous les ayants-droit, etc. L’offre doit être attractive. Pour ce faire, il faut l’ajuster à la demande de l’audience. Il faut, en outre, au niveau de l’espace UEMOA, la mise en œuvre d’une stratégie concertée. Je souhaite que l’Afrique puisse participer à ce débat avec de bons exemples. J’espère aussi qu’au sortir de ce chantier, nous pourrions disposer d’une cartographie des forces en présence. Les objectifs sont extrêmement importants et ambitieux », s’est-elle réjouie.
Il est important de noter que les industries culturelles et créatives occupent une place de choix dans le pilier numéro 1 du Plan national de Développement (PND 2021-2025).
Les points focaux de l’UEMOA sont réunis du mercredi 14 au jeudi 15 juin 2023, toujours à l’hôtel Pullman, pour débattre de la même problématique.
Marcellin Boguy
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