Football/N’CHO Mickael dit IBOU, agent de Nicholas Pépé : « Des agents veulent escroquer les parents des joueurs » » »

Nicholas Pepe, Jonathan Kodja, Ismaël Bamba, Aboubacar Traoré sont des footballeurs professionnels dont les carrières sont gérées par N’Cho Michael dit Ibou. Agent de joueurs, il a une idée novatrice de son métier. Il se confie.

Agent de joueurs ?

Je suis devenu agent de joueur par souci de professionnalisme et par esprit de révolte. Par professionnalisme parce que j’ai vu qu’il y a beaucoup d’incohérences dans le milieu du football en Côte d’Ivoire. Du temps de Jean-Marc Guillou avec l’académie, j’ai plusieurs amis qui n’ont pas eu la carrière qu’ils méritaient à cause d’un manque d’encadrement adéquat. Leur entourage ne les a pas aidés à atteindre les sommets promis. Par révolte, en observant de nombreuses fins de carrières tristes de certains footballeurs. Cela est dû à un manque de sérieux, d’abnégation et de plan de vie car une carrière se gère de façon méthodique de sorte qu’à son terme, on ne se retrouve pas démuni.

 

Et vous êtes là pour tout changer ?

Je suis Ivoirien, Africain. On peut être ivoirien et permettre à des joueurs ivoiriens ou africains de réussir leur carrière, leur vie. Mon équipe et moi, travaillons à faire comprendre que le métier d’agent de joueurs est respectable. Il sert à conduire les joueurs à devenir les meilleurs du monde. A atteindre les sommets et s’y maintenir. Moi, je construis des carrières. Les joueurs doivent savoir que c’est le travail seul qui paye. Dans ce milieu, les frimeurs, les rêveurs et les paresseux sont condamnés à l’échec. On ne devient pas une grosse star par hasard. Un joueur ambitieux, doit faire passer la passion du métier avant le matériel. Au football, le chemin à parcourir est long. C’est la passion qui aide à supporter le rythme.

C’est la voie à suivre ?

Absolument, il faut être sérieux et professionnel. C’est tout. C’est le gage de la réussite. Mon combat est de vulgariser ces principes pour amener les footballeurs à une réussite totale de leur carrière et de leur vie. Les Drogba, Yaya Touré, Abdoulaye Traoré, Gouaméné Alain, Sékou Bamba ou Beugré Yago par exemple, ont fait rêver beaucoup d’enfants. Ces derniers doivent savoir que c’est par le travail seul que tous ces joueurs ont réalisé ces exploits.

D’autres conseils ?

Pour réussir, il faut beaucoup de courage. Dans le meilleur des cas, les choses vaines mettent en retard, au pire, elles anéantissent. Le milieu professionnel est rude, impitoyable. C’est une jungle avec ses animaux féroces. A la moindre erreur, ils te dévorent. Je demande à la Côte d’Ivoire, à la FIF et aux ivoiriens de m’aider à changer l’image de l’agent de joueurs, à changer le destin des joueurs. Ensemble, nous devons les soutenir.

Combien de joueurs gérez-vous ?

 Ils sont nombreux. Il y en a un peu partout. Cameroun, Madagascar, Mali, Equipe de France et Côte d’Ivoire. Les plus connus et pour lesquels je suis là actuellement sont Nicolas Pépé (Lille), Jonathan Kodja (Aston Vila), Aboulaye Bamba (Angers), Ismaël Traoré (Angers). Ils sont quatre en équipe nationale de Côte d’Ivoire. Je suis venu avec eux. Je reste toujours proche de mes joueurs. C’est important pour eux.

 

Méthode de travail ?

Il faut d’abord dire que moi je veux représenter la Côte d’Ivoire dans le milieu des agents de joueurs. Aujourd’hui c’est une fierté pour moi de me frotter aux plus grands comme Georges Mendès, Mino Raiola auprès desquels j’apprends beaucoup. J’ai une structure installée à Paris. J’ai deux principaux collaborateurs qui sont Traoré Aboubacar (Abidjan) et Samir Khiat (Europe). J’ai des prospecteurs occasionnels qui  font  des  détections. Ensuite s’il y’a de bons joueurs, on se déplace pour des procédures de transfert. Nous gérons les carrières de nos joueurs comme notre propre vie. Nos compétences s’étendent à l’assistance juridique et à la gestion de patrimoine. Nous protégeons les joueurs contre les aléas du métier et de la vie.

 

Critères de transfert ?

Le joueur doit avoir des qualités exceptionnelles, il doit être doué. Il faut que ce soit un « phénomène ».

Le discours à leur endroit ?

Un discours de vérité, de sincérité mais aussi de ‟père’’. Je leur dis que pour atteindre les sommets, il faut être un gros travailleur, un bosseur acharné. Être honnête avec soi-même. Il faut être sérieux et ambitieux. On ne triche pas sur le terrain.

Beau métier ?

C’est exaltant de voir son joueur progresser et atteindre les sommets. Cependant, le  milieu  d’agents de  joueurs est dangereux. Des gens rôdent pour escroquer les parents. Ils ne sont ni sérieux ni fiables. Ces derniers ternissent l’image du métier. C’est triste. Moi, je tiens à ma réputation. Le joueur qui m’intéresse ne paye rien de sa poche pour les procédures de transfert. Nous prenons tout en charge. Dans un transfert, il ne faut pas rechercher l’intérêt personnel comme beaucoup de personnes le font. L’intérêt est commun aux joueurs et à l’agent. Sans crédibilité, l’agent de joueurs reste à la rue.

Un message ?

 Il est important pour les familles des joueurs de s’adresser aux personnes fiables pour encadrer leurs enfants. Il faut à tout prix qu’ils se renseignent sur le fonctionnement du milieu. La FIF peut les y aider. Tout joueur qui tient à sa réussite doit être sérieux, travailleur et honnête dans le métier. Surtout, avoir de la passion. C’est vital. Et eux également, doivent rechercher l’encadrement nécessaire à leur éclosion et à la sécurité de leur carrière. Au football, on peut réussir mais à condition d’être professionnel dans l’âme.

Une confidence ?

Lorsque je suis allé en Angleterre, dans un passé récent, pour faire signer Jonathan Kodja à Reeding. Des personnes malhonnêtes, m’ont approché pour me proposer 2 millions d’euros (1,300 milliard CFA) pour trahir mes collaborateurs et leur laisser le joueur. J’ai trouvé cela malsain et méchant. C’était une façon de leur livrer Kodja. J’ai refusé. Je l’ai donc fait signé à Bristol. En faisant le choix de la fidélité à mes collaborateurs et à mes idées, aujourd’hui Jonathan Kodja est à Aston Villa et sa carrière est protégée. Dans la vie, pour aller loin, il faut voir loin. Il faut un idéal.

Interview par Arthur ZEBE

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