Le candidat du Nouveau parti patriotique (NPP), au pouvoir au Ghana, le vice-président de la République, Mahamudu Bawumia, a reconnu, ce dimanche 8 décembre 2024, sa défaite à l’élection présidentielle. Il a même appelé son adversaire, l’ancien chef d’Etat, John Dramani Mahama, candidat de l’opposition, pour le féliciter. John Dramani Mahama revient ainsi au pouvoir. Il retrouve le Flagstaff House ou Jubilee House (palais présidentiel) après l’avoir quitté en 2017. Voici les raisons de cette « renaissance politique » à la Mathieu Kérékou du Benin. Notre analyse.
« A l’époque il avait été critiqué pour sa mauvaise gestion économique et pour quelques affaires de corruption, mais désormais beaucoup de voix reconnaissent qu’il n’avait pas fait cependant un si mauvais boulot », a confié, à la presse, Kwesi Jonah, politologue à l’Institut ghanéen de Gouvernance démocratique. En effet, John Dramani Mahama, né le 29 novembre 1958 à Damongo, et membre de la formation politique Congrès démocratique national (NDC), a été président de la république du Ghana, du 24 juillet 2012 au 7 janvier 2017.
Durant son premier mandat présidentiel, il a affiche un bilan fort morose au plan socio-économique. Les dépenses frénétiques et considérables engagées durant son mandat et l’augmentation de la dette ont suscité beaucoup de critiques au sein de la population et de l’opposition, de même que les coupures intempestives d’électricité qui lui ont valu le surnom exécrable de « Monsieur Dumsor » (interrupteur, en langue locale Twi) ou « Monsieur Power Cut » (coupure de courant). Il faut préciser que sous la présidence de John Dramani Mahama, de 2012 et 2016, le Ghana a fortement souffert de l’effondrement des cours des matières premières sur les marchés internationaux, dont le pétrole, l’or, le cacao, sur lesquelles repose l’économie du pays.
Les bilans désastreux des gouvernances John Mahama et Nana Akufo-Addo
La paupérisation des masses populaires, les coupures d’électricité, la cherté de la vie et l’effondrement des cours des matières premières avec leurs conséquences sociales ont fait que John Dramani Mahama a été battu par le candidat de l’opposition d’alors Nana Akufo-Addo, du Nouveau Parti patriotique (NPP). Les deux hommes se sont affrontés trois fois aux présidentielles.
Après deux mandats à la tête du Ghana, le président actuel Nana Akufo-Addo, respectueux de la Constitution, n’a pas brigué un troisième mandat qui serait anti-constitutionnel. Il a cédé la place à son vice-président de la République, Mahamudu Bawumia, qui est devenu le candidat du Nouveau parti patriotique (NPP), au pouvoir, face au candidat de l’opposition, John Dramani Mahama.
Ce qui a sauvé John Dramani Mahama
Les ghanéens ont porté leur choix sur John Dramani Mahama lors de l’élection présidentielle qui s’est déroulée, le 7 décembre 2024. Ils l’ont ramené au pouvoir pour deux raisons fondamentales. Premièrement, parce qu’ils estiment que durant son premier mandat, son bilan était certes morose voire négatif mais John Dramani Mahama avait déployé des efforts pour redresser la barre mais en vain. Par ailleurs, « JM » , comme l’appellent ses proches et les militants de son parti, a toujours réussi à se présenter comme un homme populaire, plaçant « le peuple avant tout » et réputé pour son sens de l’humour et sa répartie en public. Mais surtout John Dramani Mahama reconnaissait, en toute honnêteté, ses échecs durant son premier passage à la tête du Ghana et demandait au peuple de lui faire de nouveau confiance afin qu’il se rattrape.
Deuxièmement, sous les deux mandats du president Nana Akufo-Addo, le Ghana a connu de graves difficultés économiques. Des difficultés qui persistent toujours et qui ont été au centre de l’élection présidentielle de décembre 2024. Deuxième producteur mondial de cacao après la Côte d’Ivoire et premier producteur d’or d’Afrique, le Ghana est martyrisé par une inflation et un endettement élevés, et a dû emprunter trois milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI). Ce bilan économique désastreux affiché par le pays a incliné les populations ghanéennes a sanctionne négativement le parti au pouvoir, le NPP, et son candidat, le vice-président ghanéen Mahamudu Bawumia.
Didier Depry
Légende photo : A 66 ans, John Dramani Mahama revient au pouvoir au Ghana. (Archives)
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