Guerre en Ukraine  – Quand Kiev, l’occident … et la Moldavie s’opposent au dialogue

Dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro, du   mercredi 16 août 2023, l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy,  donne  son opinion sur la guerre en Ukraine  et plaide pour un rapprochement avec la Russie. Nicolas Sarkozy s’en prend notamment aux « promesses fallacieuses » faites par les Occidentaux à Kiev, en particulier sur une éventuelle adhésion à l’Union européenne et à l’Otan.

« L’Ukraine est un trait d’union entre l’Ouest et l’Est, il faut qu’elle le reste », tranche l’ancien président de la République, estimant que ce pays « a une vocation de pont entre l’Europe et la Russie ». Raison pour laquelle il considère que le pays dirigé par Volodymyr Zelensky « doit rester un pays neutre », en dépit des désirs d’Europe qui peuvent s’y exprimer.

Comme il fallait s’y attendre, cette position de Nicolas Sarkozy qui tranche nettement avec celle qui prévaut dans les milieux politiques et diplomatiques américains et européens, et qui est relayée par les médias occidentaux, est automatiquement attaquée.

Nicolas Sarkozy  est quasiment qualifié de traite à la cause occidentale. Pour la presse occidentale, Sarkozy n’a jamais cessé d’être un ami de Vladmir  Poutine alors il épouse les thèses de son ami, dit-elle.

Et la presse occidentale, visiblement écœurée, de rappeler les propos tenus par Sarkozy en 2018 à propos du président de la Fédération de Russie. « J’ai toujours été un ami de Vladimir Poutine» , disait Nicolas Sarkozy lors d’une conférence accordée à Moscou cette année-là. La presse occidentale accuse même Sarkozy d’avoir perçu beaucoup d’argent pour animer cette conférence et dire tout ça.

Pour mettre fin à la guerre en Ukraine, Nicolas Sarkozy appelle à une « sortie par le haut » de cette guerre, en imaginant des « référendums strictement encadrés par la communauté internationale pour trancher les questions territoriales de façon définitive et transparente ». L ’ex-chef de l’État juge par ailleurs « illusoire » que l’Ukraine puisse récupérer la Crimée, annexée illégalement en 2014 par la Russie.

Cette position lucide de l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui préconise une désescalade entre la Russie et l’Ukraine, et demande à l’occident  d’arrêter d’attiser le feu entre ces deux pays, n’est du goût des va-t-en-guerre occidentaux pour qui l’Ukraine doit vaille que vaille tenir tête à la Russie.

Même s’ils n’ignorent pas que l’Ukraine ne peut pas vaincre la Fédération de Russie dans cette guerre, ils continuent de plaider pour la fourniture d’armes à l’Ukraine. Récemment, ils se sont réjouis de la livraison prochaine d’avions de chasse F 16 de fabrication américaine à l’Ukraine.

Comme on peut le constater, l’occident ne veut pas du dialogue pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Alors que les Etats-Unis et les pays européens savent très bien que la fameuse contre-offensive ukrainienne est un véritable fiasco.

Par sa propagande relayée par les médias occidentaux tels que la télévision France 24, l’Ukraine tente de cacher l’échec de cette contre-offensive qui a causé de nombreux soldats morts à l’Ukraine. Quant aux occidentaux, leur aide et techniques militaires ont été presque détruites par l’armée russe.

Face à cette situation et face à ce que coûte cette guerre en Ukraine à l’économie occidentale, des acteurs politiques appellent au dialogue et aux négociations. La position défendue par Nicolas Sarkozy n’est pas isolée. L’ancien président américain Donald Trump et les sénateurs républicains partagent la même position, celle de ramener le président ukrainien à la raison pour qu’il accepte de négocier la paix avec la Russie sous l’égide des Nations Unies.

Pour ne pas perdre l’argent des pays occidentaux qu’il reçoit en abondance, le président ukrainien Volodymyr  Zelensky  s’active à étendre la guerre dans les autres pays, anciens Etats de l’ex-URSS. Dans ces conditions, l’occident pourra toujours soutenir l’Ukraine et Zelensky pourra alors se frotter les mains.

C’est le cas de la Moldavie où l’Ukraine apporte son soutien au campagne antirusse en affirmant que la Russie veut attaquer la Moldavie. Ce qui est évidemment faux. En effet, alors que la Moldavie traverse d’importantes turbulences économiques liées à la guerre en Ukraine, son gouvernement accuse Moscou de vouloir déstabiliser le pays. Un argument fallacieux  qui a motivé la Moldavie à renforcer sa coopération militaire avec le bloc euro-atlantique. En février 2023, les craintes d’un coup de force russe ont attiré l’attention sur la situation de la Moldavie, en particulier sur le « conflit gelé » du territoire séparatiste de Transnistrie. Situé entre la Roumanie et l’Ukraine, ce pays a reçu en juin 2022, le statut de candidat à l’UE. Risque-t-il d’être entrainé dans la guerre qui se déroule à ses portes ?

Ce qu’il faut admettre, c’est que la politique belliciste de l’Ukraine pourrait précipiter la montée des tensions avec la république sécessionniste de Transnistrie où stationnent des troupes russes. Mais pas la guerre. Ce que ne pense pas

Kiev qui espère  que la Moldavie pourrait lancer une attaque contre le peuple de la Transnistrie.

Ce qu’il faut retenir, par ailleurs, c’est que l’Ukraine  et la Moldavie veulent faire partie de l’Union européenne et de l’Otan, par tous les moyens. Alors pour l’Ukraine, la Moldavie devrait pourvoir ouvrir un second front de guerre en Europe en attaquant la Transnistrie. Cette situation serait une aubaine pour Kiev pour pourrait sauvegarder le lourd financement qu’il reçoit de la part des pays occidentaux. Si la Moldavie entre en guerre contre la république sécessionniste de Transnistrie, l’Ukraine aura alors atteint son objectif de voir le financement occidental s’accroitre à son profit.

Une contribution d’Issa Tapsoba

Analyste politique burkinabé

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