Interview / Chérile Owéléo, artiste-chanteuse :  « Ma carrière musicale a démarré par hasard »

Peu connue du public ivoirien, la chanteuse franco-ivoirienne Chérile Owéléo, vivant en France, se dévoile dans cette interview exclusive accordée au site indépendant d’informations générales « Le Monde Actuel ». Elle parle de sa carrière, de son parcours et jette un regard sur les rythmes musicaux ivoiriens  le Zouglou et le coupé-décalé.

Le Monde Actuel : Quand et pourquoi avez-vous embrassé la carrière musicale ?

Chérile Owéléo : C’est à partir de l’âge de sept ans, j’ai commencé à chanter dans les églises. A quatorze ans, j’ai fait l’émission télévisée « Podium » de la RTI en Côte d’Ivoire, j’ai fait qualifier mon groupe. C’était «Podium » de 1997, j’étais la benjamine du groupe. Mais pour la phase finale, les plus âgés parmi nous ont décidé de chanter et malheureusement nous avons été éliminés. J’ai commencé une carrière musicale en 2019. Avant la musique, j’ai fait le théâtre de 2015 à 2017. J’ai joué ici en France au théâtre des Amandiers ainsi qu’au théâtre de Bezons. Et pendant que je jouais au théâtre, j’interprétais des chansons de célèbres artistes notamment la défunte Whitney Houston. Le public français et les asiatiques qui m’écoutaient m’ont encouragée. J’ai donc sorti en 2015, un premier single qui a connu du succès. L’année suivante, en 2016, j’ai sorti un deuxième single qui s’est également bien comporté. Cela m’a incité à faire un album. J’ai pris deux voire trois ans pour écrire mon premier album de dix titres qui est sorti en janvier 2019. Il a été entièrement financé avec mes propres moyens. Par la suite, j’ai rencontré un producteur qui a réédite cet album en octobre 2019. Je prépare actuellement un deuxième album qui sortira en septembre ou octobre 2024. Voilà comment ma carrière de chanteuse a démarré, je dirais par hasard. Je ne m’y attendais pas du tout.

Quel genre musical faites-vous ?

Le genre musical que je pratique est ce qu’on appelle communément l’Afrobeat. C’est un mélange de sonorités africaines et d’influences occidentales. Par exemple, ma chanson « appel », le fond est techno, mais la manière de chanter est très ivoirienne. C’est un mélange de mes deux cultures, ivoirienne et française.

A combien d’exemplaires votre premier album s’est-il vendu ?

Mon premier album totalisait officiellement 8000 exemplaires vendus. C’était les statistiques avant le décès de mon producteur.  Avec sa disparition en avril 2020 suite au Covid-19, je n’ai plus su combien d’exemplaires ont été vendus, par la suite. D’autant que son entreprise a également disparu.

 Quels thèmes avez-vous abordés dans votre premier album de dix titres ?

Ce sont des thèmes d’actualité. J’aborde notamment les questions telles que l’immigration clandestine. Dans ma chanson  « Ozoua » qui est un des titres phares de mon album, j’évoque les dangers de l’immigration clandestine. Je parle également de la valeur du travail, dans la chanson « bayato ». J’encourage  la jeunesse africaine, la jeunesse en général, à accorder une grande valeur au travail puisque c’est le travail qui donne la dignité et la respectabilité.

Je dénonce aussi les violences conjugales. Toute femme ou tout homme qui se sent violenté ou humilié dans sa relation n’a pas de raison de demeurer dans une telle relation. J’appelle à la fidélité dans ma chanson « awamé »  pour dire qu’en dépit du problème qu’on a avec son conjoint ou sa conjointe,  il faut rester fidèle, pour soi-même et pour le respect de son partenaire ou sa partenaire mais aussi pour les enfants. Il y a des avantages à rester fidèle, du point de vue de la santé, de la stabilité etc.

La tendance musicale aujourd’hui en Côte d’Ivoire est dominée par le « coupé-décalé ». Qu’en pensez-vous ?

Le « coupé-décalé » est le rythme musical ivoirien que j’aime le moins parce qu’il y a un peu trop de bruitage. Mais en même temps, c’est une création ivoirienne, donc  il y a de la fierté à l’avoir. Mais il faut nécessairement l’améliorer.  Moi, je préfère le « Zouglou » qui est beaucoup plus rattaché au terroir. Au-delà de tout, je pense qu’il y a de la place pour d’autres musiques notamment  l’Afrobeat. Les Ivoiriens m’accorderont une place, je l’espère en tout cas.

Quels sont vos projets artistiques du moment ?

A court terme, c’est la promotion de mon premier album qui est sorti en 2019.  Il n’y a pas eu beaucoup de promotion au niveau de l’Afrique.  J’effectuerai donc une tournée promotionnelle en octobre en Afrique centrale. Je me rendrai aussi en Afrique de l’Est. Mais  avant tout, je serai en août et en septembre en Côte d’Ivoire pour faire une bonne promotion de ce premier album et de mon single « Misrè ». Mon équipe et moi allons  en profiter pour faire découvrir les titres de mon prochain album qui sera un maxi single de 5 titres.

 Interview réalisée par Marcel Zokou

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