La filière cajou en crise – La Ligue des professionnels agricoles  en colère

Le non-respect du prix bord-champ, la fuite du produit vers les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, la concurrence déloyale, la mévente du cajou, la problématique de la qualité etc. Ce sont les différents problèmes de la filière cajou que le président de la Ligue ivoirienne des organisations professionnelles agricoles (LIDOPA), Jean Michaël Armand Kouassi, a dénoncés, le mercredi 7 juin 2023, au Cerap à Abidjan-Cocody, lors d’une conférence de presse.

Le conférencier estime que le Conseil coton-anacarde doit accorder ses violons avec les organisations de la filière afin de trouver des solutions idoines pour le bien-être des producteurs. Il dit avoir remis un rapport à cette structure, le 23 novembre 2022, après une tournée sur le territoire national. Une tournée qui devrait servir de boussole pour des résolutions.

« Voici bientôt une décennie que notre filière coton-anacarde est traversée par des crises successives. Les campagnes se suivent et se ressemblent. La campagne 2022/2023 n’a pu malheureusement échapper à cette pandémie endémique », a déploré Armand Kouassi.

La concurrence déloyale, selon lui, est liée au fait que les industriels du cajou sensées transformer les produits, opèrent dans les magasins centraux et le bord-champ qui sont pourtant exclusivement réservés aux sociétés coopératives et aux acheteurs dûment mandatés. « Les multinationales sont désormais au champ en proposant aux producteurs des prix nettement au-delà du prix officiellement fixé par les autorités compétentes. Comme conséquence, les sociétés coopératives locales n’ayant pas un portefeuille financier solide se trouvent prises dans cet engrenage et affaiblies par ces grands groupes. Les grognes multiples des dirigeants de sociétés coopératives n’ont aucun effet et bien évidemment ces entreprises coopératives ferment »,  a avoué le président de la LIDOPA qui ajoute que des industriels font aussi de l’exportation de la noix brute. « La concurrence déloyale imposée insidieusement par des multinationales et corroborée par la ruse constitue une des causes majeures de la crise de la noix de cajou », s’indigne Armand Kouassi.

Le non-respect du prix minimum obligatoire aux producteurs constitue, sans nul doute, l’un des soucis du président de la LIDOPA. Le prix bord-champ pour la campagne 2022/2023 est fixé à 315 FCFA/Kilogramme, pour la noix de cajou bien séchée et bien triée ne comportant aucune matière étrangère. Malheureusement ce prix, selon Armand Kouassi, se négocie entre 150 et 200 FCFA. Cette situation, à l’en croire, aggrave la paupérisation des producteurs. « La mauvaise qualité de la noix de cajou dans nos zones de production est un prétexte suffisant utilisé par certains opérateurs pour faire chuter le prix bord champ. Ce qui constitue un manque à gagner pour nos braves producteurs », a-t-il ajouté.

Armand Kouassi n’a pas manqué de dénoncer l’engorgement des camions des sociétés coopératives à la zone industrielle d’Attinguié, au nord d’Abidjan, et les frais supplémentaires qui en découlent. Ainsi que l’absence de financement des sociétés coopératives locales. Et la fuite de la noix de cajou vers les pays limitrophes tels que le Ghana et la Guinée-Conakry.

La LIDOPA fait plusieurs propositions pour améliorer les conditions de vie et de travail des producteurs mais aussi des institutions. Il s’agit de la création d’un comité paritaire de formation des producteurs à la qualité où les sociétés coopératives joueront un rôle important, la mise en place d’un comité de lutte contre la concurrence déloyale. Ainsi que la mise en place d’un comité de suivi et d’évaluation de la politique de transformation de l’anacarde, la mise en place d’un comité indépendant de gestion de la sacherie et la participation aux salons et foires.

Nedson Djinsou

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