L’impartial- Drapeau russe ou drapeau de l’Union africaine ?  par Yao Noël

Il y a une sombre et rampante affaire de drapeau russe brandi et déployé qui défraie la chronique africaine et abidjanaise. Cette histoire (tropicale) m’indigne et me désole au plus haut point.

Dans le même temps, d’autres drapeaux, notamment ceux de la République française, des États-Unis etc. sont mis à mal, déchirés, déchiquetés ou brûlés. Pourquoi donc cette atmosphère surchargée et surchauffée dans plusieurs capitales de notre sous-région ouest-africaine et africaine ?

D’où sont donc parties cette frénésie, cette hérésie et cette hystérie d’une bonne partie de la population ?

Les relations historiques d’Etat à État ne sont ni statiques ni linéaires comme un fleuve tranquille mais l’amitié et la coopération demeurent.

Voilà pourquoi dans les pratiques diplomatiques, il y a celles des commissions dites mixtes censées évaluer, réévaluer, adapter et rééquilibrer les relations.

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Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, la coopération doit, elle aussi, être périodiquement, continuellement revue, réchauffée et ajustée dans le sens de la prise en compte de tous les intérêts en présence.

Tout cela se fait et s’opère de façon ordonnée, méthodique, réfléchie et amicale mais non dans une confusion brouillonne, désordonnée et irrespectueuse des règles et coutumes de la pratique internationale.

De ce point de vue, nous admettons et reconnaissons qu’au cours de toutes ces années depuis la période coloniale jusqu’à la période actuelle après leurs indépendances, la plupart de nos pays ont subi trop d’injustices, trop de frustrations avec dans certains cas, une exploitation impitoyable, inadmissible et scandaleuse des ressources minières, minéralogiques, agricoles, halieutiques, etc.

Tout cela ne peut pas continuer et il doit y être mis fin pour permettre à nos États, peuples et nations de s’émanciper, s’autodéterminer et véritablement s’auto-administrer. Évidemment, ce qu’on a nommé la
« françafrique » avec des complicités, bizarreries et odieuses connivences doit, aujourd’hui, faire place à une coopération nouvelle reposant sur des principes d’égalité, de légalité, de partenariat mutuellement bénéfique c’est-à-dire dire « gagnant-gagnant ». Cette position et cette option de la plupart des élites et populations africaines sont non négociables et s’imposent en ces heures de redéfinition des rapports internationaux.

Mais là où le bât blesse, c’est lorsque certains démagogues instrumentalisent et manipulent les masses et les jeunes comme s’ils étaient les seuls à aimer plus l’Afrique ou leurs pays que d’autres.

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Tous les changements sont nécessaires et urgents mais ils doivent s’opérer en toute amitié, fraternité et solidarité humaine et non dans les invectives et amalgames auxquels nous assistons depuis plusieurs mois au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger, en République Centrafricaine et depuis peu à Abidjan où certains se prennent à lâcher, vilipender une puissance occidentale au profit d’une autre, inconnue ou méconnue, incertaine voire hasardeuse.

En dernier ressort, aucun pays, aucune nation, aucun continent ne pouvant vivre en autarcie, il nous revient, nous africains , de veiller, avec intelligence, méthode et tempérance, à la construction d’un nouvel ordre international égalitaire et respectueux de nos intérêts, cultures et aspirations.

Dès lors, il ne s’agit plus de brandir encore un drapeau russe par-ci, brûler ou déchirer un drapeau français ou européen par-là, mais plutôt de porter toujours haut le drapeau de l’Afrique, notamment celui de l’Union africaine.

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