L’actualité ouest-africaine aura été marquée, la semaine dernière, par le retour aussi inattendu qu’éclair au Burkina Faso de l’ancien président Blaise Compaoré. Il a fait couler beaucoup d’encre et de salive en seulement 48 h.
Pour les uns, cette visite était sinon une pure provocation du moins une prime ou une onction à l’impunité vu que M. Compaoré a été condamné à la prison à perpétuité dans le cadre de l’assassinat le 15 octobre 1987 de son prédécesseur et frère d’armes Thomas Sankara.
Pour les autres, il s’agissait, en répondant à l’invitation du chef de la junte militaire le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, d’ausculter les problèmes du » Pays des hommes intègres » notamment sécuritaires afin de réconcilier, mobiliser et associer tous les fils et filles de la Nation.
Voilà donc « la position du problème » qui a fait réagir et jaser tant d’hommes, de femmes, d’ONG des droits del’homme, associations diverses à l’intérieur et à l’extérieur du Burkina….
Dans ce difficile débat, il n’est point question, pour nous en tout cas, de jouer les censeurs, les procureurs et autres juges et arbitres, distributeurs de bons points par ci, de mauvais points par là.
Une affirmation sentencieuse ne correspond ni aux enjeux, défis et périls auxquels le Burkina doit présentement faire face ni même aux usages et bonnes pratiques en la matière.
Par contre, ce sur quoi nous voulons nous appesantir ici, c’est de rappeler et souligner que la justice et l’Etat de droit ont leur logique et principes propres et spécifiques. La politique a, elle aussi, les siens.
La justice, faut-il le rappeler, n’a d’autre but et objectifs que de » dire le droit » et prononcer , s’il ya lieu, les peines et sanctions qui vont avec…
Quant à la politique ( plus exactement, au pouvoir politique), elle recherche une bonne dose d’efficacité dans la cohésion, l’harmonie et la paix sociale.
Pour cela, elle a des méthodes qui sont » exorbitantes au droit commun « .
Dans l’affaire Compaoré qui nous intéresse ici, le droit a déjà été dit, la culpabilité reconnue et admise, des sanctions prononcées( la prison à perpétuité).
Or, dans le même temps, le politique ou la politique, face à la désunion des fils et filles du Burkina actuellement éprouvés devant la gravité du terrorisme, le péril djihadiste qui endeuillent le pays, etc, recherche une entente nationale, une forte mobilisation des esprits et des énergies….
Deux objectifs certes voisins mais de degré et d’échelle différents.
Dès lors, la concertation de toutes les forces vives du pays reste la seule issue qui passe par une savante et intelligente conciliation des deux logiques et objectifs plus haut rappelés.
C’est dire que l’un ( l’objectif judiciaire) ne peut, dans la situation actuelle du Burkina Faso, se passer de l’autre ( l’objectif politique).
C’est l’archevêque sud-africain feu Desmond Tutu, prix Nobel de la paix qui écrivait au sortir des affres de l’abominable et détestable politique d’Aparheid: » il n’y a pas de pardon… sans justice .. ». Il n’avait pas tort. Il avait même, de notre point de vue, entièrement raison.
Mais, à l’inverse, il ya aussi que le pardon permet à une nation divisée, secouée, ébranlée de négocier et d’amorcer un nouveau et constructif départ dans la réconciliation, la paix et la fraternité.
Seul l’oubli reste inacceptable et, socialement dangereux et destructeur.
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