Dans cette tribune ci-dessous, M. Ismaël Sacko, président du parti politique malien dénommé Parti social-démocrate africain (PSDA), dénonce, de nouveau, depuis l’exil, la gestion de son pays par la junte militaire au pouvoir conduite par le colonel Assimi Goita.
Le 18 août 2020, le putsch des Assimites appuyé par le conglomérat du M5-RFP a semé la graine de la désolation et du désespoir. 4 ans après, la nation malienne n’a jamais été aussi divisée et dévastée par la hantise de la compromission honteuse portée par une junte égarée. 4 ans après, on assiste au deal de soi-disant souverainistes de la junte avec des mercenaires; 4 ans après, les militaires au pouvoir sont incapables d’enterrer avec dignité des soldats maliens tombés sur le champ de l’honneur. La junte préfère mentir au peuple sur leurs échecs face au CSP. Abandonnés par la junte, les maliens du centre n’ont eu d’autres choix que de faire allégeance aux terroristes. Entre temps, le PM vidéoman invectivant fait son show et les militaires de koulouba font la java. 4 ans après, les maliens ont découvert le vrai visage du chef terroriste à la tête d’une nation qui cherche ses repères.
4 ans après, la justice malienne a manqué d’éthique et refuse de dire le droit. Carriéristes, certains juges ont volontairement fermé les yeux sur les exactions, les tueries et toutes les violations éhontées des droits fondamentaux de notre peuple. La corruption a vite pris le dessus dans une corporation censée combattre et éradiquer l’hydre tueuse du mal malien. Caporalisée, la justice est au garde à vous et les « colons » du pouvoir militaire s’imposent par les armes et par la terreur.
4 ans après, l’effondrement de notre économie et la paupérisation de notre peuple ont poussé les opérateurs économiques à quitter le pays. La rareté de la denrée énergétique, le coût élevé de la production et l’étouffement de l’économie informelle sont des indicateurs qui ne rassurent par les entrepreneurs et éventuels investisseurs. La Compagnie Malienne du Développement des Textiles (CMDT) a brillé par une baisse drastique de la production du coton et par la crise de confiance entre les administrateurs, gestionnaires de la compagnie et les cotonculteurs.
Limogé pour faute grave liée au détournement de plus de 50 milliards de FCFA, l’ex directeur de la CMDT, au lieu de répondre de son forfait devant le pôle économique, est protégé par son neveu, le despote Assimi Goita. C’est bien la preuve que la corruption sous la junte Assimite connaît des proportions démesurées. Et que la lutte contre la corruption n’est point pour demain.
Le putschiste populiste, propagandiste, incompétent et sa bande se font concurrence pour se remplir la gibecière. Entre temps, la famine et les inondations font ravage dans le Mali profond, éloigné des réalités d’un pouvoir qui touche à sa fin. Sur le plan sécuritaire, bon nombre ont compris l’échec de la stratégie militaire. Le temps de l’applaudimètre semble révolu. Les yeux ouverts, les maliens réclament des résultats qui se font rares sur le théâtre des opérations. Le désespoir s’est installé et les langues se délient pour dénoncer et décrier le désastre en cours. Les soutiens propagandistes d’hier sont devenus les pourfendeurs d’une gouvernance chaotique.
Désormais, le peuple impatient, réclame le départ de la junte Assimite à défaut des élections présidentielles. Au front, le Mali perd ses bras valides. Les groupes armés du nord du Mali sous le couvert du CSP, gagnent du terrain et mettent en déroute les mercenaires Wagner et FAMAS. Acculés et agressés chez eux en terre malienne, le CSP n’avait d’autre choix que de stopper les ambitions démesurées, abjectes et scissionnistes des Assimites. Car celui qui sème la graine de l’unité et de la cohésion nationale, ne diffuse pas le venin du mépris, de la haine, de la vengeance et encore moins de la guerre mais plutôt de la paix et d’un dialogue sincère et inclusif.
Haute trahison
Adeptes de la vie d’orgie et fuyant les combats, les 5 colonels ont cessé de faire confiance à l’armée malienne dont ils n’ont pas eu le génie de la réformer et de la mettre en état de gagner la guerre créée et entretenue par la junte afin de pérenniser leur dynastie à la tête d’un Mali agonisant. Ancien prisonnier des groupes armés du Nord du Mali, Assimi Goita a une peur bleue des combattants du CSP. «Tout pour nous et rien pour le peuple malien » est un principe dicté par la junte pour recruter des mercenaires payés avec l’argent des maliens, pour tuer des maliens et sécuriser le pouvoir hybride et incestueux de Bamako; et un pouvoir qui n’a pas le contrôle des 3/4 de notre territoire.
Moi ou le chaos
« Moi ou le chaos » prôné par le clivant, mégalomane et l’inconstant contesté Premier ministre Choguel Kokala MAIGA est une approche malicieusement exécutée par son auteur et ses sbires. Il tient la junte pour leur mal gouvernance dont il est indissociable donc co-acteur de la déliquescence de notre état qui se meurt et de notre nation en quête de leadership. Diminué et désavoué par le M5, il nage dans des eaux troubles du marigot politique aux inconnus multiples. « Moi ou le chaos » est également modélisé par le dictateur Assimi Goita pour appliquer la stratégie de la terre brûlée, comme quoi, les Assimites et les choguelistes chuteront ensemble. Personne ne doit quitter le navire.
Diplomatie désossée
Le ministre des affaires étrangères perdu dans le labyrinthe de la mise en œuvre de l’accord d’Alger dont il fut l’un des architectes, veut faire peau neuve pour réinventer une stratégie désossée et à risque pour l’image et la vitrine du Mali de Soundjata, de Firoun et de Babemba. Jadis terre d’accueil et d’hospitalité, le Mali avait toujours su préserver honneur et dignité même en terrain hostile et en période trouble. Il s’agit ici de savoir concilier l’intérêt du peuple dans les grands ensembles du monde pour faire entendre la voix du Mali dans le concert des nations et non pas isoler le peuple au profit des intérêts partisans des autorités illégitimes et illégales en manque de vision. Après la déculottée de Tinzawaten, Assimi cherche à négocier sans succès avec le CSP qui préfère discuter avec les futures autorités maliennes. Assimi a mordu la poussière et a perdu la face.
Le bloc Russie-Chine
Si à l’ONU, la Russie se bat pour donner la parole à la junte qui manque d’arguments convaincants, force est de reconnaître que cette approche avantage plus la Russie que notre pays. La Russie utilise et exploite la voix du Mali, c’est dire que notre pays est devenu une arrière cours et une roue de secours pour Poutine et ses alliés. L’échec de la Russie au Soudan et en Syrie prouve que Poutine n’a pas la solution d’un Sahel embrasé. C’est dire sur le « tout sécuritaire » caractérisé par l’achat d’équipements militaires au détriment du développement contribue à aggraver le mal qui ronge notre nation tel un une fondation envahie par des termites. « Le Tsar Nicolas Assimogota » est perçu comme une marionnette voire un jouet d’un bloc contre l’autre.
Sauf que ni les Chinois, ni les Russes ne pourront protéger le despote malien Tsar Assimogota des crimes contre l’humanité dont il sera poursuivi pour avoir utilisé des criminels mercenaires Wagner contre son peuple. L’impérialisme chinois se frotte de plus en plus les mains dans notre pays en manque de vrai leadrship et en quête d’orientation stratégique pour amorcer un réel développement inclusif. Le manque de sérieux de l’état malien sous les Assimites et l’ampleur de la corruption et ses scandales sous cette transition n’inspirent plus confiance.
Il y aura certes des promesses et des conventions signées lors du sommet « Afrique – Russie », moyennement utile pour l’achat d’équipements militaires même si le « blé et le carburant fuel » promis en 2022 tardent à arriver. De même que le sommet « Afrique – Chine » basé sur le commerce au profit du géant de l’Asie. Mais force est de reconnaître que les dividendes de ces fora seront maigres pour le Mali car le montage des projets et le suivi des dossiers constituent un sérieux handicap non pas par faute de cadres mais de mauvais attelage.
La déception a été grande pour le Mali et le Burkina Faso lors du sommet Afrique – Chine avec 51 milliards de dollars mis à disposition des 54 pays africains sur 3 ans. La compétition sera de rigueur avec des nations comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte ou le Maroc. C’est lors du sommet de Chine que les maliens ont découvert le mensonge d’Assimi Goita sur la construction de deux centrales solaires dont la 1ere phase se déroulera sur 2 ans et non sur 4 mois initialement annoncée à Bamako par le gouvernement malien.
L’Algérie
Le grand voisin du Mali ne supporte plus les manquements de la junte militaire, ses amis d’hier. Elle se désolidarise et hausse le ton contre toutes les formes d’exactions et tueries des civils au Nord du Mali. Membre des BRICS et sa position stratégique au Conseil de sécurité font de lui un acteur non négligeable dans le règlement de la crise au Sahel. L’Algérie défend désormais son leadership sur le dossier malien et n’hésitera pas à mettre en mal la junte qui ne respecte aucun n’engagement.
L’Ukraine
L’équation Ukrainienne est une grosse épine dorsale qui s’enfoncera davantage malgré le cri de cœur de la diplomatie malienne au conseil de sécurité de l’ONU, une instance que la junte avait boudée et invectivée. Le retrait de Wagner du Mali pourrait constituer un début de solution à la couveuse des germes d’une crise internationale au Sahel et cela pour le bien-être de nos paisibles populations. Wagner = piqueur suceur. Ce contrat est maléfique et est une perte colossale pour notre économie et sème la terreur et la désolation avec son lot de morts militaires et civils. L’Ukraine appuierait toute organisation qui lui accordera la possibilité de toucher le cœur du Kremlin. La main bénie et invisible des USA se cacherait derrière l’Ukraine. La junte de Bamako ne saurait faire le poids.
Tinzawaten
La bataille de Tinzawaten en fin juillet dernier est une parfaite illustration des enjeux qui dépassent le Sahel pris dans l’étau des tirs croisés des grandes puissances. Le manque d’expérience, de vision et le refus d’aller vers un vrai dialogue par les trois pays : Mali, Burkina et Niger, donne raison à ceux qui pensent que les juntes doivent céder le pouvoir à une transition civile. L’idéal est d’éviter Tinzawaten 2 qui pourrait être lourde de conséquences en perte de vies humaines de part et d’autres. La vie humaine est sacrée, nous devons la préserver.
Conclusion
Assimi Gita et son gouvernement n’ont pas été en mesure de répondre au défi sécuritaire malgré la création de l’AES dont le Niger semble intelligemment prendre ses distances. Sur le plan diplomatique, on a vu accueillir par le 3eme adjoint au maire, le putschiste Assimi Goita ganbader, paraître en Chine sans y avoir existé. Sur le plan des réformes politiques, le passage en force de la constitution tripatouillée de juin 2023, n’a pas non plus été une solution. L’AIGE, en charge de l’organisation et de la supervision des élections n’inspire pas confiance.
Il est évident que la tenue des élections courant 2025 taraude les esprits. Et Tinzawaten pourrait être le futur butin de guerre qui déterminera le sort du Tsar Nicolas Assimogota pour enclencher le processus électoral. La libération des détenus politiques et la signature d’un accord politique sont autant d’ingrédients qui pourraient désamorcer la crise politique. La trêve avec le JNIM ou l’EIGS ne saurait garantir la sécurité du scrutin encore moins du territoire national. Le trimestre à venir sera déterminant et la multitude de fronts en perspectives ne facilitera pas l’équation d’une accalmie. Quoiqu’on dise et malgré la propagande en cours, les maliens doivent se préparer à une nouvelle transition civile inclusive et apaisée à même de tirer le Mali vers le haut.
Ismaël Sacko
Président du PSDA
Chevalier de l’ordre national
Légende photo : Le colonel Assimi Goita, ici, en civil, lors du sommet Chine Afrique qui s’est tenu à Pékin du 4 au 6 septembre 2024,
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