Mandats d’arrêt contre des dirigeants d’Israël et du Hamas – La crédibilité de la CPI en jeu

Dans une interview accordée, il y a quelques semaines, à CNN, la chaîne de télévision américaine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a révélé avoir reçu des menaces alors qu’il menait des enquêtes contre de hauts responsables israéliens. Une personnalité de haut rang lui a dit que la Cour avait été « créée pour l’Afrique et pour des voyous comme Poutine », et non pour l’Occident et ses alliés.

En effet, Karim Khan a déclaré : « Certains dirigeants élus ont pris langue avec moi et ont été très virulents. Cette Cour a été créée pour l’Afrique et pour des voyous comme Poutine, m’a dit l’un d’entre eux ». Et d’affirmer : « Nous ne procédons pas de cette manière ». Avant d’ajouter : « Cette Cour devrait être le triomphe du droit sur le pouvoir et la force brute : prendre ce que l’on peut, prendre ce que l’on veut, faire ce que l’on veut ».

La CPI a demandé la délivrance de mandats d’arrêt contre lePpremier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le ministre de la défense Yoav Gallant ainsi que contre les dirigeants du Hamas, Yahya Sinwar, Ismail Haniyeh et Mohamed Deif. Les chefs d’accusation retenus contre Netanyahu et Gallant sont « la provocation à l’extermination, l’utilisation de la famine comme méthode de guerre en refusant l’acheminement de l’aide humanitaire, et le ciblage délibéré des civils dans le conflit », a-t-il ajouté. Les charges retenues contre Sinwar, Haniyeh et Deif comprennent « l’extermination, le meurtre, la prise d’otages, le viol et l’agression sexuelle en détention », a déclaré Khan à CNN. « Personne n’est au-dessus de la loi », a-t-il précisé. Il a suggéré que si Israël n’est pas d’accord avec la CPI, « ils sont libres de contester la compétence devant les juges de la Cour, et c’est le conseil que je leur donne ».

 « Cette Cour a été créée pour l’Afrique et pour des voyous comme Poutine, m’a dit un haut responsable américain »

 Plus de sept mois après le début de la guerre israélienne, de vastes pans de la Bande de Gaza sont en ruines, victimes d’un blocus paralysant qui prive les populations civiles de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Israël est poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour crimes de génocide. Celle-ci lui a enjoint de veiller à ce que ses forces ne commettent pas d’actes à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à la population civile de la Bande de Gaza.

On se souvient  également qu’en mai 2024, après la demande du procureur de la CPI de lancer des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens dont Benyamin Netanyahu ainsi que des dirigeants du Hamas, une douzaine de sénateurs républicains américains ont adressé une lettre ouverte au procureur de la Cour pénale internationale publiée sur le site américain Zeteo.com dans laquelle ils le mettent en garde et le menacent relativement aux mandats d’arrêt contre les dirigeants d’Israël.

Ces douze sénateurs américains soutiennent qu’ils imposeront de sévères sanctions contre le procureur de la CPI  si des mandats d’arrêt internationaux sont délivrés contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et d’autres dirigeants israéliens. Dans le cas où de telles décisions devraient être prises, ils avertissent Karim Khan que « vos employés et associés seraient sanctionnés et qu’il n’y aura pour vous et à vos familles, interdiction d’entrer aux USA ». Le contenu de cette lettre ouverte apparaît clairement comme des menaces contre le bureau du procureur de la CPI, sa personne et les membres de sa famille.

Comme on peut le constater, pour les Etats-Unis d’Amérique mais également pour tous les autres pays occidentaux, Israël doit être au-dessus de la loi. Les dirigeants et les soldats israéliens peuvent commettre toutes sortes de crises contre l’humanité et de crimes de guerre mais ils doivent être intouchables. Et jouir d’une impunité totale.

Israël au-dessus de la loi

 Par contre les citoyens des autres pays du monde entier, qu’ils soient africains, asiatiques, arabes, de l’Amérique latine, de certains pays européens ou de Russie ainsi que de l’Océanie, ils peuvent être punis par la CPI. C’est pour eux, estiment les occidentaux, que la Cour pénale internationale a été créée. La CPI subit des pressions venant de toutes parts notamment  de l’occident qui est activé par le lobby pro-israélien afin que les dirigeants israéliens ne soient sanctionnés.

La Cour pénale internationale se trouve face à son destin, au regard de cette situation. Elle joue même sa crédibilité. Si aucun mandat international n’et lancé par la Cour contre ces deux dirigeants israéliens identifiés, alors les pays africains ainsi que ceux du sud global, en général, ont le droit de boycotter la CPI. Ils ont même le droit de ne pas reconnaître la compétence de cette Cour. L’avenir de la CPI est en jeu.

Une contribution de

Moussa Koné

Citoyen malien

Légende photo : L’image du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est davantage écornée avec cette affaire.

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