Le concept Dames francophones est né lors des 8ème Jeux de la Francophonie à Abidjan, en 2017. Il s’agit d’un concours qui allient beauté et intelligence de la jeune fille francophone. Mme Topka Martine, présidente de l’Organisation internationale Dames francophones, porteuse du projet, explique tout.
Quelle est l’histoire du concours Dames francophones ?
J’ai été sollicitée pour proposer un concours de beauté spécifique aux 8ème Jeux de la Francophonie, en 2017, à Abidjan. J’ai l’habitude de l’organisation de ce type de concours, notamment le concours de beauté Awoulaba avec Pol Dokui paix à son âme. C’est un ainsi que j’ai conçu le projet Dames francophones. Pour l’organisation pratique, j’ai approché les ambassades des pays francophones, entre autres, le Togo, le Bénin, le Mali, le Sénégal etc. Ces ambassades nous ont orientés vers leurs communautés respectives représentées en Côte d’Ivoire. Nous sommes donc allés vers elles, et nous leur avons demandé de nous proposer des candidates.
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Comment ces communautés francophones ont-elles accueilli le concept ?
Elles y ont adhéré. Nous leur avons demandé d’organiser elles-mêmes les présélections. En fait, le concours Dames francophones consiste à mettre en compétition de beauté et intellectuelle des jeunes filles de 21 à 25 ans dans chaque communauté ayant le français en usage. Nous ne mettons pas l’accent sur la beauté physique mais intellectuelle. Donc, il ne s’agit de vendre son charme mais ses connaissances culturelles.
Quel est concrètement le modèle du concours ?
Les filles font un défilé sur un podium dans des tenues authentiques de leurs patrimoines culturels. La première sortie se fait en blanc, couleur de la Francophonie. Ensuite, dans un pagne classique. Enfin, en tenue traditionnelle. Par exemple, si la jeune fille est originaire du Sénégal, elle porte une tenue traditionnelle du Sénégal. Il en est ainsi de chaque représentante du pays. Au cours du défilé, les candidates expliquent, dans leur langue maternelle et en français, à quelle occasion ces tenues sont portées. Par exemple, une fille gouro peut expliquer la tenue de la dot, de la sortie après l’accouchement etc. Autrement dit, chaque tenue est commentée. Nous demandons enfin aux candidates de donner un proverbe dans leurs langues maternelles, et de le traduire en français de bon niveau.
Quels sont vos objectifs en organisant ce concours ?
Prôner l’excellence, cultiver la bonne expression dans la langue française et dans sa langue maternelle. Nous sommes une poussières d’ethnies, le français apparait comme un moyen de communication pour nous entendre. Bien cette langue commune est parlée, mieux on se comprendra, quelles que soient nos origines. Le nouchi est certes un parler propre aux Ivoiriens, mais il n’est pas une langue d’intégration. Nous ne voulons pas que nos enfants préfèrent ce parlé au français. Le nouchi n’ouvre pas les portes d’une administration. Pour faire un mémoire, une thèse, monter un projet… on ne le fait pas en nouchi ! Moi, je déplore cette facilité langagière qui contribue à la baisse du niveau de nos enfants. Demander à un enfant ou même à des adultes de faire un courrier, il sera truffé de fautes. D’ailleurs, pour les prochaines éditions de Dames francophones, nous allons introduire la dictée afin d’obliger nos filles à apprendre à parler et écrire en bon français. Le français est au centre de tout ce que nous faisons, qu’on le veuille ou pas.
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Quand aura lieu la première édition de Dames francophones ?
La finale du concours aura lieu le 8 janvier 2022. En 2019, au stade de Saint Jean, nous avons fait le lancement sous la présidence de Mme Yacé, l’épouse du maire de Cocody. Les diplomates des pays francophones, les chefs de communauté, la présidente de la Francophonie, la Belge Elisabeth Doucet, étaient présents. Tous croient au projet, d’où la vulgarisation du concours que nous entreprenons.
Que gagne une candidate au concours Dames francophones ?
Nous sommes accompagnés par une banque, la Banque populaire. Nous lui avons demandé d’étudier la faisabilité de financement des projets des jeunes filles. Pendant le concours, une tribune est offerte aux candidates de parler de leurs projets afin de convaincre la banque de les financer. En somme, pendant le concours, il y aura, l’expression en langue maternelle et en français, le défilé et la communication sur les projets. Au sortir de ces épreuves, nous pensons que nos jeunes filles seront aguerries.
A combien de candidates doit-on s’attendre ?
Les présélections sont terminées. Les communautés des pays francophones résidant dans le district d’Abidjan et l’intérieur du pays nous ouvert leurs espaces afin de sélectionner les jeunes filles. Il était prévu que nous nous déplacions dans ces pays, à la rencontre des jeunes filles, mais coronavirus oblige, nous n’avons pas pu le faire. Ce sera sans doute pour la prochaine édition. Toutefois, nous avons sillonné les communes d’Abidjan : Adjamé sous le parrainage du maire, Cocody sous le parrainage de Blé Guirao, ancien directeur général du CROU-A, à Bassam sous le parrainage du maire, à Duékoué sous le parrainage de l’épouse du maire, à Yamoussoukro sous le parrainage du président d’une association. Nous bénéficions également de l’appui institutionnel du ministère de la Francophonie, du district d’Abidjan.
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Et, le 8 janvier, ce sera la grande finale…
Exactement ! Nous avons organisé 5 présélections, nous aurions voulu continuer, mais nous n’avons pas pu. Nous aurons, en fin de compte, 18 candidates. Nous espérons organiser cette finale à l’Institut Français. Nous sommes en discussion pour obtenir la salle. Mais, nous pensons qu’il ne devrait pas avoir de problème.
Aujourd’hui, quelles sont vos attentes ?
Nous attendons que, pour la prochaine édition, les présélections se fassent dans les pays afin de susciter la mobilisation, la cohésion et l’intégration de tout l’espace francophone autour de Dames francophones. Mais ce que nous attendons par-dessus tout, c’est d’imposer ce concours, lui donner la notoriété qu’il mérite d’avoir. Ce concours est né lors des 8ème Jeux de la Francophonie en 2017, à Abidjan. Nous ne nous sommes pas levés un matin pour le créer. Il appartient à tous les peuples francophones. Par conséquent, la Francophonie devrait nous aider à en faire une référence dans notre espace commun. Pour le moment, nous ne sentons pas cet engouement que nous sommes en droit d’attendre. Nous espérons qu’à partir de la finale, les choses vont bouger. C’est la première édition. Sans doute les institutions attendent-elles de voir notre capacité à organiser un tel événement avant de s’investir davantage. Toujours est-il que nous sentons un frémissement, insuffisant mais existant.
Quelle sera la périodicité de Dames francophones ?
Nous comptons l’organiser tous les ans. Il y a tellement de concours de beauté que nous voulons nous démarquer par ce concept original. Chez nous, les critères sont d’abord intellectuels, la jeune fille doit avoir un bon niveau, ensuite avoir une beauté naturelle, ne pas être dépigmentée, 1,70 mètre taille minimum, enfin, être une jeune fille courageuse.
Un message ?
Le français est le substrat linguistique de l’espace francophone. La langue française nous rend meilleurs. Je demande aux jeunes filles d’être excellentes dans ce qu’elles font.
Entretien réalisé
Par K. Bruno
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