Niger / 34 jours après le coup d’Etat  –  Le chantage des putschistes à la CEDEAO

« Il s’agit ici d’une prise d’otages, d’un kidnapping. Et lorsqu’on est face à une prise d’otages ou à un kidnapping, on n’est pas dans une négociation de propositions. L’objectif premier est de pouvoir faire libérer l’otage, et que l’otage revienne à une vie normale. Donc, dans le cas présent, l’objectif c’est de faire en sorte que le président Bazoum, président démocratiquement élu par le peuple nigérien, reprenne ses fonctions de président du Niger ».

Ces propos sont du ministre des Affaires étrangères de la République du Bénin, Olushegun Adjadi Bakari, qui restituait ainsi de façon claire et  véridique, la situation dans laquelle se trouvent le président démocratiquement élu du Niger, Mohamed Bazoum, son épouse et leur fils. Depuis le 26 juillet 2023, ils sont séquestrés dans leur résidence officielle au palais présidentiel de Niamey, la capitale, par le général Tchiani et ses amis, auteurs du coup d’Etat militaire. Privés de liberté et de mouvement, le président Bazoum et sa famille sont effectivement les otages, depuis 29 jours, de la junte militaire.

Face à cette situation anti-démocratique et inacceptable, la CEDEAO a tapé du poing sur la table et préconisé une attitude à deux options. D’une part, le dialogue et les négociations avec les putschistes pour les ramener à la raison ; d’autre part, l’opération militaire, en cas d’échec des négociations, pour rétablir l’ordre constitutionnel. L’objectif étant comme l’a si bien souligné le ministre des Affaires étrangères du Bénin, dans cette interview accordée à la radio française RFI, en ce début de mois d’août 2023, « de faire en sorte que le président Bazoum, président démocratiquement élu par le peuple nigérien, reprenne ses fonctions de président du Niger ».

Lors d’un sommet extraordinaire organisé à Abuja (Nigeria), le dimanche 30 juillet 2023, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) avaient fixé un ultimatum d’une semaine aux putschistes afin qu’ils cèdent le pouvoir au président élu.

Non seulement  ils ne l’ont pas fait au terme de l’ultimatum mais ils ont même nommé un Premier ministre et évoquent une transition de trois années.

En effet, dans une adresse télévisée, le dimanche 20 août 2023, Abdourahamane Tiani, chef de la junte, a annoncé la mise en place d’un « dialogue national inclusif » dans un délai de 30 jours et  une transition qui « ne saurait aller au-delà de trois ans ». Le chef de la junte a fait cette sortie alors que la veille, samedi 19 août, une délégation de la CEDEAO était présente à Niamey dans l’espoir d’une solution diplomatique avec les putschistes. La CEDEAO qui a perçu, à juste titre, le comportement des militaires putschistes comme un chantage éhonté,  a dit « non » pour une quelconque transition.

L’Union africaine (UA) a apporté son soutien à la CEDEAO pour le déploiement de la force armée en attente au Niger ainsi que les sanctions économiques imposées contre Niamey.

Cette force en attente qui agira au Niger pour réinstaller le président élu, en cas d’échec irréversible des négociations avec la junte, pourrait être composée de contingents militaires venant du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Bénin. Les chefs d’Etat-major des armées des pays de la CEDEAO se sont réunis, récemment, au Ghana pour peaufiner l’opération et arrêter une date d’exécution. Tout est donc fin prêt concernant l’opération militaire. Mais il faut toujours donner la chance au dialogue et à la paix d’où les négociations qui se poursuivent avec les putschistes afin d’éviter la guerre et ses dégâts.

Didier Depry

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