Règlement de comptes après la crise postélectorale 2010-2011 – Général Dogbo Blé : « Mangou n’a pas de conviction »

Le général Brunot Dogbo Blé, ancien chef d’Etat-major adjoint de l’armée ivoirienne et ex- commandant de la Garde Républicaine (GR) sous Laurent Gbagbo, a fait des révélations surprenantes sur l’ancien chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le général Philippe Mangou. Ces déclarations ont été faites lors d’une cérémonie traditionnelle de purification organisée en son honneur, le samedi 16 mars 2024, dans son village de Logboguiguia, dans le département de Daloa, centre-ouest de la Côte d’Ivoire.

 

Le  général Brunot Dogbo Blé, ancien chef d’Etat-major adjoint de l’armée ivoirienne et ex-commandant de la Garde Présidentielle (GR),  qui a récemment recouvré la liberté après 13 années de prison suite à une grâce présidentielle prise par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara , a répondu avec virulence aux accusations du général Philippe Mangou, ancien chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne, qui avait été un des témoins clé lors du procès de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI). Le général Mangou, désormais ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Allemagne, avait accusé le général Dogbo Blé d’« indiscipliné » qui s’est vu « pousser des ailes » en fréquentant le président Gbagbo et les ministres.

Répondant à son ancien supérieur hiérarchique, le général Dogbo Blé  a raconté un épisode de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, révélant que le général Mangou avait fui ses responsabilités pendant la guerre. « Quelqu’un qui n’a pas honte est un danger. Mangou, c’est quelqu’un qui n’a pas honte. Mangou c’est quelqu’un qui n’a pas de conviction. C’est un carriériste, un opportuniste. Je le connais c’est pourquoi je parle de lui », a-t-il insisté.

Et le général Dogbo Blé d’expliquer que « lorsqu’on faisait la guerre, je parlais avec Mangou au téléphone. On parlait de tactique de la guerre et puis on s’est quittés. 30 à 40 minutes après, je me suis rappelé de quelque chose et je l’ai rappelé. Son aide de camp m’a dit que le général lui a dit qu’il va joindre plus tard. C’était inhabituel ». Il fait savoir que chaque fois qu’il appelait le général Mangou par téléphone, celui-ci le prenait automatiquement au pensant peut-être qu’il avait une commission pour lui de la part du président de la République d’alors, Laurent Gbagbo.  « J’attends 30 minutes, il ne me rappelle pas. Je le rappelle, le téléphone est fermé. J’appelle toutes les gardes autour de lui, leurs téléphones sont fermés. Alors inquiet, j’ai essayé d’appeler les autres chefs militaires qui disent qu’ils n’ont pas de ses nouvelles. J’ai pensé que les rebelles l’avaient tué ou qu’il était tombé dans une embuscade. Alors je sors de mon bureau et je croise trois officiers de la Garde républicaine qui me disent que Mangou a fui », révélé le Général Dogbo Blé.

L’ancien chef d’Etat-major des armées (CEMA) et ex- commandant de la Garde Républicaine a aussi déclaré que le général Mangou s’était réfugié à l’ambassade de l’Afrique du Sud, le 31 mars 2011, au plus fort de la crise sociopolitique. Et il a surtout critiqué l’ancien chef d’Etat-major des armées (CEMA) pour avoir abandonné ses hommes sur le terrain afin de protéger son épouse. « J’étais avec Konan Boniface (colonel, ancien commandant des commandos marins ivoiriens, ndlr) et quand nous l’avons rencontré, il avait sa garde mais il a voulu monter avec moi tellement il avait peur (…) Mangou est monté dans ma voiture mais je vous assure, ces moments étaient les plus durs de ma carrière. Voir votre grand chef, assis à ma gauche (…) C’est difficile à supporter. Chemin faisant, c’est à ce moment qu’il me révèle qu’il est allé à l’ambassade de l’Afrique du Sud à cause de Julienne, son épouse, qui aurait trop souffert pendant la transition militaire. Quand j’ai entendu cela, j’étais écrasé de honte. Un chef d’état-major général 4 étoiles en pleine guerre, il abandonne ses hommes sur le terrain et il va se cacher pour protéger sa femme ! »,  a-t-il ironisé.

Ces révélations du général Brunot Dogbo Blé offrent un autre éclairage sur les événements de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire et soulèvent des questions sur le rôle des hauts responsables militaires pendant cette période. Mais il est toutefois important de noter que ces déclarations du général Dogbo Blé peuvent être sujettes à interprétation ou contestation.

Robert Krassault

ciurbaine@yahoo.fr

 Légende photo : Le général Brunot Dogbo Blé lors de la cérémonie traditionnelle de purification organisée, en son honneur, le samedi 16 mars 2024, dans son village de Logboguiguia, dans le département de Daloa.

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