Relations Afrique-France : La France veut « changer » ses relations avec le continent

« La France veut changer ses relations avec l’Afrique et aider le continent à bâtir des projets dans la culture, l’économie, l’entrepreneuriat et le sport pour donner les moyens à la jeunesse de construire ses rêves ». Ces propos du président français Emmanuel Macron, il les a tenus en décembre 2019 en Côte d’Ivoire lors de l’inauguration d’une agora à Koumassi, une commune dans le Sud d’Abidjan. Et M. Macron d’ajouter :

« La France veut apporter des possibilités aux jeunes africains d’accéder à ces agoras et de s’offrir des chances d’une transformation sportive, culturelle, entrepreneuriale, ainsi que des services pour leur bien-être ».

Le président français, Emmanuel Macron, s’est engagé à revoir les relations de son pays avec l’Afrique. En 2017, six mois après son investiture, il s’est rendu à l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, où il a prononcé un discours annonçant une nouvelle politique française axée sur la jeunesse africaine. Il voulait tisser de nouveaux liens avec l’Afrique francophone et anglophone tout en reconnaissant les traumatismes causés par le colonialisme français. La guerre d’Algérie, par exemple, pour l’obtention de son indépendance de la France, qui a eu lieu entre 1954 et 1962, reste une blessure ouverte pour de nombreux Africains.

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Quatre ans plus tard, la visite de Macron a été suivie d’un événement clé illustrant la nouvelle orientation des relations Afrique-France. Il a accueilli le Nouveau Sommet France-Afrique à Montpellier, le 8 octobre 2021. Des représentants de la société civile de France et d’Afrique se sont rencontrés pour discuter de sujets tels que « l’engagement citoyen et la démocratie » et « l’entreprenariat et l’innovation ».

Le sommet, organisé avec l’aide de l’intellectuel et philosophe camerounais Achille Mbembe qui a également été chargé de rédiger un rapport sur les relations franco-africaines, devait être « radicalement différent ». Au lieu d’avoir des chefs d’État présents, les jeunes ont débattu entre eux. Lors d’une table ronde, de jeunes entrepreneurs africains ont accusé Macron de perpétuer les politiques néocoloniales françaises en Afrique. Ils ont mentionné le soutien de la France à Mahamat Idriss Déby, le nouveau dirigeant du Tchad.

La France veut « changer » ses relations avec l’Afrique mais elle s’y prend très mal , ont sembler dire les jeunes Africains au président français, Emmanuel Macron. Pour la nouvelle Afrique qui se met en place sous nos yeux sous l’impulsion de la jeunesse de plus e plus dynamique, la France doit reformer en profondeur ses relations avec le continent en acceptant, avant tout, que les pays africains aient d’autres partenaires en plus de la France. Que le temps du monopole français sur les économies africaines prenne fin.

La France en est consciente, elle comprend de plus en plus le cri du cœur des Africains et est visiblement prête à faire le premier pas vers une coopération à plusieurs au profit de l’Afrique. C’est ainsi qu’on la voit capable de tendre la main à la Chine, l’Inde, la Turquie sur le continent. Et on ne serait pas étonner dans un proche avenir, tendre la main également à la Russie. Parce que les intérêts de la France en Afrique ne sont pas ceux des autres pays occidentaux, sur le continent.

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La France n’a pas les mêmes intérêts que les Etats-Unis, l’Allemagne, la Grande Bretagne etc. sur le continent. La France qui a des liens très anciens avec l’Afrique possède des intérêts sur le continent qui vont au-délà de l »économie pour embrasser la culture, le sport, les traditions.

La France veut-elle perdre l’Afrique ? Evidemment non. Pour cela, la France pourrait se montrer prête à coopérer avec tous les autres partenaires de l’Afrique dont les principaux sont la Chine, les Etats-Unis , l’Inde, la Turquie, la Russie. Et oui, la France pourrait coopérer avec la Russie et c’est cela aussi que veulent les populations africaines qui à Bamako, Ouagadougou Niamey etc.

brandissent le drapeau russe pendant les manifestations contre la France. Loin d’être des sentiments anti-français, ces cris des Africains ne sont rien d’autres que des appels à l’endroit d’Emmanuel Macron et des autres dirigeants français afin qu’ils comprennent que les populations du continent ne veulent pas que l’Afrique soit le théâtre de de confrontations géostratégiques entre les puissances.

Si tous ces pays partenaires de l’Afrique aiment le continent et veulent le bien-être des populations, ils doivent œuvrer à préserver l’Afrique qui veut devenir un continent de paix et de quiétude pour connaître le développement. La France fait face à une grosse colère en Afrique, c’est une réalité inéluctable. Comment se fait-il qu’un président français, Emmanuel Macron , qui s’est montré plus soucieux de l’Afrique que la plupart de ses prédécesseurs récents, et plus conscient aussi de la façon dont le continent change, se heurte à un niveau d’impopularité française qui n’a pas été ressenti depuis des décennies ? Le style personnel de M. Macron, sûr de lui – les critiques diraient arrogant – est certainement un facteur.

Après la mort de 13 soldats français dans un accident d’hélicoptère au Mali en novembre 2019, il exige que les dirigeants ouest-africains s’envolent vers la France pour un sommet d’urgence, une sortie perçue comme une arrogance néocoloniale, d’autant que le Mali et le Niger avaient subi des pertes militaires bien plus lourdes.

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Le président Macron a été contraint de rectifier rapidement le tir, en se rendant à Niamey, la capitale du Niger, pour rendre hommage aux militaires nigériens morts et en reportant le sommet à janvier 2020.Mais les causes du malaise actuel de la France remontent aussi à des décennies avant l’élection de M. Macron en 2017. Parmi les puissances extérieures, Paris était loin d’être la seule à être de connivence avec des alliés dictatoriaux, mais ses relations étaient particulièrement étroites et indiscutables.

À partir du milieu des années 1990, plusieurs gouvernements se sont efforcés de réformer l’engagement de la France en Afrique et de donner une plus grande priorité au développement et à la gouvernance démocratique.

Mais l’élan s’est ensuite essoufflé. Mais avec l’arrivée au pouvoir de M. Macron, la France a eu un président pleinement conscient de la nécessité d’un changement – et disposant du poids politique et de l’enthousiasme personnel pour s’attaquer à la tâche. C’est donc à Emmanuel Macron qu’il revient de réconcilier l’Afrique et la France . il le peut s’il ne met pas la France à la remorque des Etats-Unis et de l’
Europe et œuvre à la sauvegarde des intérêts de la France et de l’Afrique.

Une contribution de
Moussa Koné
Citoyen malien vivant en Europe

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