C’est une source politique malienne proche du régime de transition, optimiste pour la suite du dossier des 46 militaires ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet 2022, qui a échangé, hier, avec nous. Pour ce leader politique qui a requis l’anonymat, « les autorités ivoiriennes ont enfin compris que le Mali et la Côte d’Ivoire sont comme les doigts d’une même main alors nous devons rester soudés. La rencontre de ce jeudi a tout réglé, à preuve le colonel Assimi Goita, le président lui-même, a reçu la délégation ivoirienne.
Les 46 militaires seront libérés dans quelques jours. Le reste n’est qu’une affaire de procédure», a-t-il conclu.
Sans indiquer la date de la libération des 46 militaires ivoiriens, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, n’a pas dit le contraire, en des termes voilés face à la presse à l’issue de la signature par la Côte d’Ivoire et le Mali, d’un document commun, le jeudi 22 décembre 2022, à Bamako.
« Depuis quelques mois, nous sommes dans cet exercice de discussion, de dialogue, parce que depuis le début, pour notre part, le Mali, le président de la transition, son Excellence le colonel Assimi Goita a indiqué que cet incident malheureux qui a rendu les relations difficiles entre le Mali et la Côte d’Ivoire, pour pouvoir le surmonter, nous privilégions toujours la voie du dialogue, la voie diplomatique pour pouvoir trouver une issue par rapport à cela.
Et ceci, il l’a réitéré malgré le fait que la question soit portée devant les instances judiciaires. Mais elle ne peut être réglée en oubliant la profondeur et la densité des relations entre le mali et la Côte d’Ivoire. Dans ce cadre-là, nous avons eu déjà quelques échanges. Aujourd’hui, nous nous réjouissons de recevoir cette importante délégation ivoirienne », a-t-il affirmé.
Conduite par le ministre d’Etat, ministre de la défense, Téné Birahima Ouattara, la délégation ivoirienne qui s’est rendue, le jeudi 22 décembre 2022, à Bamako, était composée, entre autres personnalités, du directeur de cabinet du président de la République, le ministre Fidèle Sarasoro ; du ministre de la Justice, Jean Sansan Kambilé et du chef d’Etat-major général des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), le général de corps d’armée, Lassina Doumbia.
La rencontre avec le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita, et la séance de travail de la délégation ivoirienne avec les membres du gouvernement malien en présence de la médiation togolaise couronnée par la signature d’un document conjoint marquent l’amorce d’une nouvelle ère dans les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Mali.
Après la vive tension et la brouille consécutives à l’arrestation, le dimanche 10 juillet 2022, à l’aéroport président Modibo Kéita Bamako-Sénou, de 49 militaires ivoiriens. Cette normalisation actée entre Abidjan et Bamako est une « victoire à plusieurs pères », pour reprendre les termes de feu John Fitzgerald Kennedy, président américain assassiné en 1963.
Les pères de cette victoire sont le médiateur, le président togolais, Faure Gnassingbé, assisté de son dynamique ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey ; les autorités ivoiriennes conduites par le président Alassane Ouattara qui a inlassablement prôné le dialogue pour le règlement de cette crise et les dirigeants de la transition malienne avec à leur tête le président de la transition , colonel Assimi Goita, qui ont après moult hésitations accepté de privilégier le « thé glacé » de la paix et de saisir la main tendue par leurs frères ivoiriens. Autres pères de cette victoire, les chefs d’Etat de la communauté ouest-africaine, l’Union africaine (UA) et l’ONU. Tous ont apporté leurs pierres à la renaissance des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Mali.
Une renaissance qui se traduira progressivement par le règlement des questions qui fâchent les deux pays. Après la libération des 46 militaires ivoiriens, la question liée aux personnalités maliennes exilées en Côte d’Ivoire et réclamées par la Justice malienne trouvera une solution dans l’intérêt des deux pays, tout comme celle relative aux difficultés économiques profondes qui assaillent le Mali et pour lesquelles la Côte d’Ivoire peut être d’une aide précieuse.
Autant de préoccupations contenues dans le document commun signé à Bamako par le deux parties sous l’égide du médiateur, avons-nous appris. Des sources crédibles évoquent également une visite officielle que pourrait effectuer bientôt le colonel Assimi Goita à Abidjan avant celle du président Alassane Ouattara à Bamako pour marquer définitivement le retour de la fraternité entre les deux pays.
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Un retour à la normalité que le ministre d’Etat, ministre de la défense, Téné Brahima Ouattara, un des acteurs importants de cet dénouement heureux, a salué en se réjouissant du climat qui a sous-tendu la rencontre de jeudi à Bamako. « Comme vous le savez, il y a eu un malentendu entre la République du Mali et la République de Côte d’Ivoire, il y a de cela quelques mois.
Il était bon que nous puissions nous rencontrer pour en parler et c’est que nous avons fait avec nos frères maliens. Et le président Assimi Goita nous a fait l’honneur de nous recevoir pour que je puisse lui transmettre le message du président Ouattara. C’est ce que nous venons de faire. La rencontre s’est passée dans un esprit fraternel, de compréhension mutuelle», a-t-il confié aux journalistes.
Didier Depry
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