Reportage / Autoroute Abidjan-Dabou – Comment les piétons et usagers mettent en péril leur vie

Ouvert officiellement à la circulation en janvier 2024, l’autoroute Abidjan-Dabou améliore la circulation des personnes et des biens en réduisant la congestion de la circulation et en redynamisant les activités économiques. La vitesse sur l’autoroute peut atteindre 90km/h pour les poids lourds et 120km/h pour les véhicules de type légers. Des vitesses durant lesquelles il est difficile de manœuvrer en cas d’inattention.  L’autoroute Abidjan-Dabou est faite en 2×2 voies où les automobilistes roulent à vive allure. Vu les dangers que cela représente pour les piétons à certains endroits de la route, le gouvernement a pensé à construire des ponts piétons en vue de faciliter la traversée et réduire les risques d’accidents sur l’autoroute Abidjan-Dabou.

Cinq ponts piétons pour les piétons

 Cinq ponts piétons, ces passerelles aériennes destinées uniquement aux piétons, ont alors été installés sur cette infrastructure  pour permettre aux piétons de traverser la route en toute sécurité sur la distance de la station Shell de Gesco au carrefour  Brimbresso. Ces ouvrages sont situés juste après la station Shell de Gesco, au carrefour Batim, après le cimetière municipal de Yopougon, l’ancien corridor du village de Niangon Adjamé et à Adiopodoumé, juste après le carrefour CNRA. Les populations riveraines prennent-elles des risques en traversant à pied ces voies à grande vitesse ou bien utilisent- elles les ponts piétons mis à leur disposition ?

Le lundi 4 juin 2024, nous avons fait un déplacement sur l’axe Gesco-Brimbresso où sont placés les cinq ponts piétons.  Notre constat est que ces ponts piétons sont à la recherche de piétons. En effet, de nombreux piétons préfèrent ignorer les ponts piétons pour la traversée. L’incivisme des populations bat son plein. Entre les deux premiers ponts piétons non loin de la station Shell de Gesco et au carrefour Batim, les grilles de fer de protection posées le long de cette voie sont arrachées par endroit par les populations riveraines pour se frayer un chemin. Beaucoup de personnes estiment que c’est trop loin, le fait de passer par ces deux ponts piétons qui sont distants de moins d’un kilomètre. Certaines personnes que nous avons interrogées se permettent même d’affirmer que « ça perd le temps ».

L’incivisme des populations

 A l’ancien corridor du village de Niangon Adjamé tout comme  à  Adiopodoumé, juste après le carrefour CNRA, la situation est plus préoccupante. Il n’y a même pas de grilles de fer de protection. Si bien que les populations s’adonnent au même exercice pour rejoindre l’autre côté de la route. Elles prennent des risques en n’empruntant pas ces ponts piétons qui leur sont dédiés. « C’est trop long et fatiguant d’aller faire tout ce tour sur le pont », nous répond un piéton que nous avons interpellé sur les risques encourus. Visiblement ce qui excite les riverains, c’est de braver le danger en traversant l’autoroute à pied. Souvent la traversée se fait par des parents avec leurs enfants à bas âge.

Au niveau de l’ouvrage situé après le cimetière municipal de Yopougon, les grilles de fer de protection sont bien montées. Ce qui contraint les gens à utiliser le pont piéton pour traverser l’autoroute. A cet endroit, c’est beaucoup plus sécurisant. Avec la présence des grilles de fer de protection en hauteur, les habitants de ce quartier ne peuvent pas prendre le risque de s’exposer au danger. Ils sont conduits à prioriser ce pont piéton. Au regard de cela, il est bon de dresser des grilles de fer de protection de bonne qualité à l’image de celles posées à Adjamé au niveau de la gare nord de la SOTRA pour bloquer le passage des piétons tentés de traverser la route. Avec les grilles de fer de protection, il va sans dire que les populations riveraines vont éviter les risques et la circulation se fera tranquillement.

Les habitants du quartier Bonikro plaident pour un pont piéton

 Des automobilistes ont salué ces installations de ponts de liaison et encouragé les piétons à utiliser ces passerelles pour s’assurer une traversée en toute sécurité. Mais ils déplorent qu’au carrefour Petro ivoire, non loin du cimetière municipal de Yopougon, il n’y ait pas de pont piéton pour relier le quartier Bonikro et permettre aux habitants de traverser la route en toute sécurité. Les populations de ce quartier situé en face de la station Petro ivoire plaident pour la construction d’un pont piéton. Elles ont constaté la non-prise en compte de l’installation d’un tel ouvrage pouvant faciliter leur traversée de la voie express.

Ce constat a été fait à l’occasion de notre passage à cet endroit où des femmes, des jeunes et des vieux s’adonnent tous à cet exercice périlleux. Ce secteur d’habitation est peuplé et il y a chaque jour un flux important de personnes. La construction d’un pont piéton s’impose. Dans cette zone où le trafic est dense et complexe, la sécurité routière reste un enjeu crucial.

Les piétons  au comportement incivique s’exposent à des sanctions pénales

 Il ne serait pas faux de soutenir que les ponts piétons de l’autoroute Abidjan-Dabou ne servent plus à rien. Puisque les habitants à qui ces ouvrages sont destinés, ont trouvé une autre solution pour traverser l’autoroute. Malgré l’existence de ces cinq ponts piétons sur la voie, les populations riveraines continuent de défier la mort en traversant à pied la chaussée pour se rendre d’une rive  à l’autre.

A noter que le fait de ne pas emprunter les passages aménagés spécialement pour l’usage des piétons  sur l’autoroute, expose à des sanctions pénales. Avec des articles 226 et 258 du décret numéro 2016- 864 du 3 novembre 2016. Il y a une contravention de 1ère classe, punie d’une amende de 1000 FCFA à 10.000 FCFA. Voilà pourquoi les forces de l’ordre devraient mettre en place un dispositif pour veiller au débarquement et à l’embarquement des populations riveraines à proximité des ponts piétons. Et à surtout prêter assistance en cas d’absence de cet ouvrage. Comme c’est présentement le cas au carrefour Petro Ivoire. Il ne faudrait pas attendre que le pire advienne pour agir.

 Un élève fauché par un automobiliste sur l’autoroute

 C’est ce qui est arrivé, avons-nous appris, le jeudi 30 mai 2024, en fin de soirée. Un élève a été fauché par un véhicule sur cet endroit au niveau de la pharmacie Alicia. Ce drame vient de mettre en lumière l’urgence un pont piéton dans cette zone pour les populations riveraines.  Il est important de préciser que là où les piétons et les automobilistes sont en présence dans la circulation, la police a pour mission de veiller à une meilleure cohabitation des usagers. La sensibilisation doit être aussi de mise auprès des automobilistes, des chauffeurs de véhicules de transport, leur rappelant que l’espace routier est aussi un espace le « vivre ensemble ».

Un reportage de

Camille Konan

 Légende photo : Une vue d’un pont piéton ignoré par les piétons sur l’autoroute Abidjan-Dabou

 

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