Sénégal / 11 ans après avoir dit « non » au 3e mandat d’Abdoulaye Wade : Macky Sall va-t-il commettre le même péché ?

Le président Abdoulaye Wade, 97 ans, aujourd’hui, a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012 ; élu en 2000 pour sept ans, réélu en 2007 pour un deuxième mandat de cinq ans après modification constitutionnelle pour passer au quinquennat, il a annoncé en septembre 2009 sa candidature à la présidentielle de 2012 pour un troisième mandat.

La Constitution du Sénégal, adoptée en 2001, limite le nombre de mandats présidentiels à deux, mais le président Wade a été élu pour la première fois en 2000 avec une loi fondamentale datant de 1963 qui ne limitait pas les mandats. Pour l’opposition, Abdoulaye Wade devrait boucler en 2012 ses deux mandats légaux: 2000-2007 et 2007-2012. Pour le Parti démocratique sénégalais (PDDS, au pouvoir à l’époque) le décompte devrait se faire à partir de 2007, date d’entrée en vigueur du quinquennat, non 2000.

« Wade ne peut se présenter pour un troisième mandat s’il ne fait pas de coup d’Etat constitutionnel », avait affirmé Ibrahima Sène, un responsable d’un parti membre de la coalition de l’opposition. « Il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat sauf à violer la Constitution », renchérit Pape Demba Sy, professeur de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En dépit des manifestations de rue de l’opposition et de la société civile dontles leaders dont Macky Sall disaient « non » à u 3e mandat, Abdoulaye Wade a briguer en 2012 , un 3e mandat jugé illégal par l’opposition. Il a été battu à l’élection présidentielle par Macky Sall à la grande joie de la population qui s’est mobilisée pour élire le candidat Macky Sall.

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Macky Sall a annoncé le début d’une nouvelle ère au Sénégal après sa victoire sur Abdoulaye Wade. Un nouvelle ère qui devrait sonner dans l’entendement des Sénégalais comme le respect de la Constitution, des libertés et des droits de l’homme, de la démocratie, de l’alternance pacifique etc. contre toute attente, depuis l’année 2022, le président Macky Sall maintient le flou sur une éventuelle 3e candidature en 2024.

Mais des responsables de la majorité multiplient les déclarations en ce sens. Une « ligne rouge », pour plusieurs organisations de la société civile. Après la mise en place d’une plateforme en octobre dernier, elles ont lancé mardi un « appel du 31 janvier », et demandent au chef de l’Etat de trancher clairement – et rapidement – le débat.

Comme un air de déjà-vu… Le 31 janvier 2012, des manifestants défilaient à Dakar pour protester contre la 3e candidature du président Abdoulaye Wade. Mamadou Mbodj participait aux rassemblements. Onze ans plus tard, il coordonne la plateforme baptisée « Jàmm a Gën 3e mandat », « la paix vaut mieux qu’un 3e mandat ». « L’histoire se répète », dit-il. « Il s’agit d’un remake qui gêne. Ce serait un recul démocratique grave, que de revenir encore en 2023 répéter ce qu’il s’est passé en 2011-2012.

Chaque fois qu’il y a eu une candidature à un 3e mandat, il y a eu des morts, Sénégal, Guinée, partout. Nous ne voulons pas de ce remake. »Le collectif met en garde contre un « risque de chaos » dans le pays, et la fin de « l’exception sénégalaise » dans la région.

Mais plusieurs voix accusent la société civile d’en faire trop, d’exagérer les tensions. Critiques rejetées par Senghane Senghor de la RADDHO (la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme).

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PUBLIC« En réalité, ceux qui sont les pompiers pyromanes, c’est eux qui sont conscients que la loi ne leur permet pas d’être candidat. Mais ils poussent le président de la République. Nous pensons que le seul fait que le président se prononce pour dire, comme il l’a toujours fait, qu’il ne se sera pas candidat, ça va baisser une partie de la tension.  » Pétition, rencontres avec les partis politiques et les autorités religieuses : la plateforme « Jàmm a Gën 3e mandat  » a lancé son plan d’action.

Par ailleurs le président Macky Sall a été reçu mardi par son homologue français Emmanuel Macron à Paris. Selon la présidence à Dakar, les deux chefs d’État ont « passé en revue l’agenda bilatéral dans le cadre du renforcement des liens d’amitié et de coopération entre le Sénégal et la France ». Ils ont également évoqué le « soutien réaffirmé » de Paris a la candidature africaine pour un siège de membre permanent au G20.

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