« Non à une éventuelle 3e candidature de Macky Sall », c’est le mot d’ordre dans la rue à Dakar, le vendredi 12 mai 2023. La manifestation a été organisée par la Plateforme des forces vives de la Nation F24. L’opposition ne veut pas voir le chef de l’État briguer un troisième mandat en 2024. Alors que le président sénégalais Macky Sall entretient le flou sur la possibilité de concourir pour un troisième mandat, des milliers de manifestants se sont rassemblés vendredi à Dakar pour faire pression sur leur dirigeant et soutenir l’opposant Ousmane Sonko, visé par la justice à l’approche de la présidentielle de février 2024, a constaté l’AFP. Cette manifestation à l’appel du « Mouvement des forces vives du Sénégal F24 », collectif de plus de 170 organisations politiques et de défense des droits créé il y a un mois, a été autorisée par les autorités.
Le président Macky Sall qui, après plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmait qu’il ne se présenterait pas en 2024, laisse désormais planer le doute sur une candidature. Ses opposants estiment qu’il finit ses deux mandats légaux.
De nombreux jeunes manifestants ont aussi dit à l’AFP être venus pour soutenir l’opposant Ousmane Sonko, condamné en début de semaine à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures contre le ministre du Tourisme, ce qui pourrait entrainer son inéligibilité. Ousmane Sonko, qui sera aussi jugé mardi pour une affaire de viols présumés, dénonce un complot ourdi par le chef de l’État pour l’écarter de la course à la présidentielle 2024 et réaliser le dessein qui lui est prêté d’un troisième mandat. Il a appelé ses partisans à se mobiliser massivement vendredi mais était le grand absent du rassemblement.
Obtenir la libération « des détenus politiques »
« Sonko, notre espoir », « Macky Sall dictateur », scandaient les manifestants dans la foule rassemblée place de la Nation, au milieu des bruits des vuvuzelas, sifflets et klaxons. Des responsables de l’opposition et membres influents d’organisations présentes ont pris la parole tour à tour, appelant le président Sall à quitter le pouvoir et réclamant la libération « des détenus politiques », plus de 300 selon l’opposition.
« Nous fondons notre espoir sur Sonko malgré les persécutions. Entre Macky Sall et nous, c’est une histoire d’erreur de jeunesse », a déclaré à l’AFP Babacar Touré, commerçant, la quarantaine. »On est tous derrière Sonko jusqu’à la mort. Macky dégage, on ne veut plus de toi. Nous sommes déterminés, aujourd’hui plus que jamais, à mener le combat contre lui », a lancé Mamy Massaly, 42 ans. Certains orateurs ont été hués par la foule, car soupçonnés de ne pas soutenir assez clairement Ousmane Sonko ou de ne pas lui être favorable. Comme l’un des chefs de file de l’opposition, Khalifa Sall, qui a été conspué de longues minutes par de jeunes soutiens d’Ousmane Sonko.
Avec l’AFP
NB : La titraille est de « Le Monde Actuel »
C’est la plateforme F24 qui regroupe une centaine de partis d’opposition, mais aussi des organisations de la société civile et des syndicats. À la place de la nation, il y a beaucoup de monde, alors c’est difficile pour d’estimer leur nombre. On y voit des hommes, des femmes, des jeunes, des plus âgés, beaucoup de drapeaux, d’écharpe vert, jaune, rouge aux couleurs du Sénégal et on peut y entendre aussi des vuvuzelas, des chants. Ils sont plusieurs milliers en tout cas.
Certains soutiennent Ousmane Sonko, le maire de Ziguinchor, condamné lundi à 6 mois de prison avec sursis. Certains soutiennent Khalifa Sall ou d’autres candidats. À chacun sa pancarte, mais ils se retrouvent tous pour demander à ce que tous puissent participer à l’élection. Tous sauf Macky Sall.
Un manifestant avec le drapeau sénégalais sur la place de la Nation à Dakar lors d’un rassemblement contre un éventuel 3e mandat de Macky Sall, le 12 mai 2023. © Charlotte Idrac / RFI
« On pensait que la question du 3e mandat était derrière nous », disait une femme qui a ressorti son tee-shirt un petit peu usé aujourd’hui, de 2011-2012 à l’époque, elle avait déjà manifesté contre un 3e mandat du président Abdoulaye Wade. Sur ce haut, on peut lire « wakh wakhet », (« se dédire » en français), ce qu’elle reproche à Macky Sall.
« Dina Dem ! [« il doit partir », en français, NDLR] », assène une autre. « Macky Sall nous a trahis. Il s’était engagé à ne pas se représenter », lance un jeune se disant républicain. Pour beaucoup, c’est un recul, un retour en arrière.
Je suis du 3e âge, mais je suis là pour les enfants, les petits-enfants, les générations futures.
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Charlotte Idrac
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L’ambiance est bon enfant et calme sur l’estrade. Là, les représentants de la plateforme ont commencé à prendre la parole, en l’absence notable pour le moment en tout cas du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko. « Ils veulent barrer la route à Sonko, parce que Sonko est la personne la mieux placée pour lui succéder », assure Albouryjo Diouf, membre de son parti le Pastef, en faisant référence au procès d’Ousmane Sonko, qui risquerait de le rendre inéligible en cas de condamnation définitive.
Une mobilisation test
Cette mobilisation est un test pour la récente plateforme F24. C’est sa première manifestation. Il y a donc le pari de la mobilisation. C’est un test aussi, car il y a des divisions, des divergences au sein de la plateforme, notamment sur une participation ou pas au dialogue voulu par le président Macky Sall. Khalifa Sall, qui s’y est montré ouvert, a été hué par les partisans d’Ousmane Sonko.
« C’est de la diversion », affirmait Amadou Badji, un jeune pour qui l’essentiel est ailleurs : Le 3e mandat, l’instrumentalisation de la justice, selon lui, les détenus qualifiés de politique, la gouvernance. Les manifestants se disent en tout cas déterminés. Ils l’affirment : « Ce n’est que le début. Ce n’est qu’un avertissement. »
Le rassemblement s’est dispersé vers 19h TU, l’heure de la fin d’autorisation de la manifestation.
Du côté du gouvernement, son porte-parole Abdou Karim Fofana indique que « ce n’est pas au F24, ce n’est pas à la rue de décider qui pourra être candidat ».
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