C’est un acte de grande portée humanitaire et de solidarité africaine que le Bénin a accepté de poser en faveur des populations du Niger qui souffrent de l’embargo imposé par la CEDEAO suite au coup d’Etat militaire perpétré contre le président élu du Niger, Mohamed Bazoum. Fait inadmissible et curieux, les nouvelles autorités du Niger issues du putsch ont refusé cette main tendue humanitaire du Bénin. Et leurs différents thuriféraires, ruant dans les brancards, perçoivent cette ignominie des putschistes nigériens comme un camouflet au président de la République du Bénin, Patrice Talon, et son gouvernement. Alors qu’il n’en est rien.
En vérité, c’est l’ONU via la CEDEAO qui a sollicité les pays de l’organisation sous-régionale dont le Bénin afin qu’ils volent au secours des populations du Niger qui sont au bord d’une catastrophe humanitaire. En effet, pour limiter les dégâts de cette catastrophe, le sous-secrétaire général de l’ONU chargé des affaires humanitaires et de la coordination des secours d’urgence, Martin Griffiths, a introduit une demande auprès de la CEDEAO pour faciliter une opération d’aide humanitaire aux populations nigériennes en situation de vulnérabilité. A son tour, la CEDEAO a sollicité l’accord des pays membres dont le Bénin qui a donné son feu vert pour ouvrir un corridor humanitaire afin de faciliter l’acheminement des denrées de premières nécessités vers le Niger.
Dans un courrier daté du 18 septembre 2023 adressé au président de la commission de la CEDEAO, Dr Omar Aliou Touray, avec ampliation au sous-secrétaire général de l’ONU chargé des affaires humanitaires et de la coordination des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, le ministre des Affaires étrangères du Bénin, S.E Aurélien Agbénonci Shegun Adjadi Bakari, a signifié l’approbation du Bénin à secourir les populations du Niger. « Je voudrais porter à votre connaissance qu’à la suite de la réception de votre correspondance ECW / PC / DC / 2023-046 / vam du 25 août 2023 et des échanges que nous avons eus à ce sujet, le Bénin a pris les dispositions nécessaires pour ouvrir depuis le 5 septembre 2023, un couloir humanitaire afin de faciliter sur son territoire, l’acheminement de l’aide destinée au peuple frère et ami du Niger. Toutefois, il m’est revenu que des barrages érigés à l’entrée du Niger, par les éléments des forces de défense et de sécurité de ce pays, continuent d’entraver l’acheminement de cette aide. Afin d’assurer la réussite de cette opération humanitaire qui vise à améliorer les conditions de vie de la population nigérienne, la levée de tous les blocages s’avère nécessaire », a écrit le ministre.
A l’instar du Bénin, le Togo a égalament réagi positivement à la demande de la CEDEAO et de l’ONU dans un courrier-réponse du 15 septembre 2023. La junte au pouvoir au Niger a accepté l’aide du Togo et refusé celle du Bénin. Cette attitude des autorités actuelles du Niger suscitent des interrogations. Quand on prétend aimer son pays et œuvrer pour le bien-être des populations, pourquoi peut-on refuser des aides humanitaires d’où qu’elles viennent ? Les populations vulnérables sont nombreuses au Niger et l’ONU le sait, d’où son appel à l’aide à l’endroit de plusieurs pays africains de l’espace CEDEAO, les autorités nigériennes voudraient-elles voir ces populations mourir ?
On pourrait y croire. D’autant que leur attitude apparaît illogique. Pourquoi refuser l’aide du Bénin et accepter l’initiative de la CEDEAO et de l’ONU qui chapeaute l’accord du gouvernement du Bénin ? C’est comme vouloir manger un hot-dog et refuser la saucisse qui est à l’intérieur alors que c’est parce qu’il y a la saucisse qu’on parle de hot-dog. Visiblement les militaires, auteurs du coup d’Etat au Niger, n’ont que faire de la survie des populations civiles menacées par la famine.
Didier Depry
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