Togo / Pour libérer les 49 militaires ivoiriens : Le Mali veut Boubou Cissé, Karim Kéita, Ibrahim Camara… et des excuses publiques

49 militaires  ivoiriens dont 15 éléments des Forces spéciales (FS) ont été arrêtés, le dimanche 10 juillet 2022, à l’aéroport Modibo Kéita Sénou de Bamako. Sur ordre des autorités de la transition malienne, ces militaires ivoiriens ont été détenus à l’Ecole de gendarmerie puis depuis le lundi 11 juillet,  ils sont au camp militaire de Kati, à 15km de Bamako. Cette situation a installé une crise diplomatique, politique et même militaire entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Pour résorber cette crise, le président Faure Gnassingbé du Togo, réputé proche de la junte militaire malienne, a été désigné par le Mali comme médiateur. La Côte d’Ivoire a ensuite approuvé ce choix.  Après les missions du ministre togolais des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et de Togolais de l’extérieur, Robert Dussey, à Bamako puis Abidjan, les 18 et 19 juillet 2022, des délégations de haut niveau de Côte d’Ivoire et du Mali conduites respectivement par les ministres Téné Birahima Ouattara et Abdoulaye Diop  ont été reçues, le jeudi 28 juillet 2022, à Lomé par le président Faure Gnassingbé pour démarrer les négociations.

 

Selon des sources militaires concordantes, ce premier round des négociations s’est soldé par un échec. Chacune des parties, la Côte d’Ivoire et le Mali, est restée campée sur sa position. Sans qualifier les 49 militaires ivoiriens de « mercenaires » comme elles l’avaient  fait dans leur communiqué officiel du lundi 11 juillet dernier, les autorités de la transition malienne estiment que ces militaires ivoiriens sont rentrés « illégalement » sur le territoire du Mali. Pour la Côte d’Ivoire, la présence de ses soldats sur le sol malien qui est effective depuis 2019 s’inscrit  dans la logique de la MINUSMA. C’est sous le couvert de l’ONU que cette présence se justifie. La réaction de l’ONU et de la MINUSMA relativement à cette affaire a été diversement appréciée par les deux parties, précisent des sources proches des négociations.

 

Le fait important qui a marqué l’échec de la première séance des pourparlers a été, avons-nous appris, les exigences du gouvernement de transition au Mali. La délégation malienne a exigé, pour la libération des 49 militaires ivoiriens, que la Côte d’Ivoire présente des excuses publiques au Mali. Parce que le Mali considère cette présence des 49 militaires  ivoiriens sur son sol, qu’il trouve « illégal », comme une volonté d’atteinte à la souveraineté du Mali. La Côte d’Ivoire, de son côté, aurait clairement répondu qu’elle n’a jamais eu l’intention de déstabiliser le Mali ou un autre pays de la sous-région ou de l’Afrique. Autre exigence du Mali, l’extradition de la Côte d’Ivoire vers le Mali, de personnalités réfugiés en Côte d’Ivoire et faisant l’objet de mandats d’arrêt  internationaux. Il s’agit notamment de l’ancien député Karim Kéita, fils du défunt chef de l’Etat du Mali, Ibrahim Boubakar Kéita (IBK), d’anciens Premiers ministres dont Boubou Cissé ainsi qu’Ainea Ibrahim Camara, cet obscur opposant malien qui s’était autoproclamé, en février 2022, depuis Abidjan, au cours d’une conférence de presse,  «président de la transition civile malienne à compter du 27 février 2022». La délégation ivoirienne n’a pas apprécié les injonctions de la délégation malienne qui s’avoisinent à un chantage du Mali contre la Côte d’Ivoire. Un deuxième round des négociations est prévu dans peu de temps. La date n’a pas été indiquée.

 

Didier Depry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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