VTC contre Woro-woro – La bataille du transport routier à Abidjan

Le service des voitures de transport avec chauffeurs (VTC) s’est imposé, ces dernières années, dans le District autonome d’Abidjan, transformant la manière dont les habitants se déplacent. Grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC), les usagers de la route peuvent réserver leur transport privé depuis leur Smartphone en quelques clics. Avec plus d’un million d’utilisateurs quotidiens et plus de soixante mille emplois créés, le secteur VTC s’érige en leader de transport moderne. Pourtant, cette modernité se heurte à une concurrence déloyale menée par les ‘’woro-woro’’, les taxis communaux.

Le segment des VTC, qui a pris son envol en 2015 avec seulement quelques dizaines de véhicules, en compte aujourd’hui environ trente-trois mille pour la seule ville d’Abidjan. Ce secteur nécessitant une réservation préalable et un conducteur professionnel a connu une croissance fulgurante. Le nombre des chauffeurs oscille entre soixante mille et quatre-vingt mille personnes. Ceux-ci voient en ce travail une opportunité économique précieuse.

L’Etat de Côte d’Ivoire, conscient de l’importance de ce secteur, a mis en place des régulations pour encadrer les transports publics particuliers de personnes. Le décret 2021-860 du 15 décembre 2021 impose ainsi à toute entreprise exécutant un service de transport avec VTC d’afficher sur ses véhicules une signalétique indiquant clairement la mention : ‘’VOITURE DE TRANSPORT AVEC CHAUFFEUR (VTC)’’, délivrée par les services compétents du ministère des Transports routiers. Cependant, malgré ces mesures, de nombreux chauffeurs opèrent encore en marge de la légalité.

La menace des woro-woro

 Les woro-woro, taxis partagés souvent non réglementés, circulent sans aucune signalétique. Ils représentent une concurrence déloyale aux VTC, opérant en toute illégalité et exposant les usagers à des risques d’insécurité. Le SYNACVTCCI, le Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire, réuni en assemblée générale extraordinaire le 17 septembre 2024, a décidé d’agir. L’objectif : lutter contre le désordre et protéger les usagers en identifiant clairement les véhicules VTC en circulation et en apposant des panonceaux d’identification. Cette initiative vise à assurer la mise en conformité des véhicules, réduire les activités illégales et améliorer la sécurité des usagers.

La prolifération de voitures de différentes couleurs (orange, blanc, vert, gris, bleu, etc.) avec des chauffeurs non identifiés est source de désordre dans le secteur des VTC. Ces véhicules, souvent en mauvais état et sans aucune garantie de sécurité, représentent une menace directe pour les passagers. Amadou, chauffeur VTC depuis 2018, raconte : ‘’Les woro-woro cassent le marché. Ils ne respectent pas les règles, mais nous devons payer des licences et suivre des formations’’. Fatou, conductrice depuis deux ans, ajoute : ‘’C’est frustrant de voir des chauffeurs illégaux prendre nos clients en risquant leur sécurité. Nous devons montrer que nous sommes les vrais professionnels’.

Les efforts de régulation

 L’Etat ivoirien a pris des mesures pour réguler le secteur des VTC et promouvoir une concurrence saine. Cependant, les défis restent nombreux. L’identification des véhicules VTC par des panonceaux est une première étape pour distinguer les opérateurs légaux des clandestins. Pour les usagers, la meilleure identification des véhicules VTC garantit plus de sécurité et de transparence. Pour les chauffeurs, cette reconnaissance officielle réduit la concurrence déloyale et améliore la qualité des services. Pour les autorités, elle facilite le contrôle et la régulation du secteur.

En conclusion, le secteur des VTC à Abidjan représente une avancée significative vers la modernisation du transport routier. Toutefois, la bataille contre les woro-woro illégaux est loin d’être terminée. La sécurité des usagers et la pérennité des emplois dépendent de la mise en œuvre effective des régulations en vigueur. En unissant leurs efforts, les chauffeurs de VTC, les autorités et les usagers peuvent créer un environnement de transport plus sûr et plus équitable pour tous.

Robert Krassault

ciurbaine@yahoo.fr

Légende photo

Un taxi communal ‘’woro-woro’’ de la commune de Yopougon à Abidjan. La couleur d’identification est le bleu.

 

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