A quelques jours de l’ultimatum de la CEDEAO : Le SG de l’ONU demande la libération des 46 soldats ivoiriens en reconnaissant des « irrégularités bureautiques »

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui animait, le lundi 19 décembre 2022, à New York (USA), la conférence de presse de fin d’année de l’Organisation des Nations Unies, a demandé la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali. Il a réitéré cet appel aux autorités maliennes de la transition tout en reconnaissant quelques irrégularités bureautiques dans le dossier relatif à ces militaires ivoiriens.

« (…) nous l’avons exprimé maintes fois qu’il faut régler rapidement le problème des Ivoiriens détenus au Mali. Le fait qu’on pourrait avoir à un certain moment quelques irrégularités bureautiques ne crée aucune raison pour qu’ils soient en détention. Il faut qu’ils reviennent chez eux le plus rapidement possible », a-t-il soutenu. On se souvient, il y a quelques mois, M. Antonio Guterres avait appelé dans un communiqué à la « libération immédiate » des 46 soldats ivoiriens « dans l’esprit des relations fraternelles entre les peuples de Côte d’ivoire et du Mali ».

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Le secrétaire général de l’ONU affirmait « soutenir fortement tous les efforts pour faciliter cette libération ainsi que la restauration de la confiance et la promotion du bon voisinage entre les deux pays ». Et de souligner sa « profonde appréciation de la contribution de la Côte d’Ivoire aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et à la Minusma (mission des Nations unies au Mali, ndlr) en particulier ».

L’arrestation de ces soldats ivoiriens, le 10 juillet 2022, à Bamako et leur inculpation à la mi-août pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État » a tourné à la crise diplomatique entre les deux pays voisins. Le régime de transition au Mali dirigé par le colonel Assimi Goita qualifie ces soldats de « mercenaires » tandis qu’Abidjan assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’a pas dit le contraire lors d’une interview qu’il avait accordée à RFI et France 24, affirmant que les soldats ivoiriens détenus n’étaient « pas des mercenaires ». Par ces propos, il s’était attiré les foudres de la junte malienne. Lors de son discours en septembre 2022 à l’Assemblée générale des Nations unies, le colonel Abdoulaye Maïga, alors Premier ministre par intérim du Mali, s’en était pris au secrétaire général de l’ONU en ces termes :

« Souffrez que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre récente sortie médiatique, cette affaire est bilatérale et judiciaire et ne relève pas des attributions du secrétaire général des Nations unies. M. le secrétaire général, le Mali tirera toutes les conséquences de droit de vos agissements ».

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C’est dans un tel climat de forte crispation que s’est tenu le sommet de la CEDEAO, le dimanche 4 décembre 2022, à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, au cours duquel l’organisation ouest-africaine a exigé la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali avant le 1er janvier 2023 sous peine de nouvelles sanctions économiques contre Bamako. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont mandaté le président du Togo, Faure Gnassingbé, médiateur accepté par les parties ivoirienne et malienne, a raison des autorités de la transition au Mali.

Il a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, à Bamako, le jeudi 8 décembre 2022, qui a plaidé auprès des autorités de la transition malienne, notamment le président de la transition, le colonel Assimi Goita , la libération des 46 militaires ivoiriens avant le 1er janvier 2023. Jusque-là les autorités maliennes n’ont pas encore donné une suite favorable à l’exigence de la CEDEAO. Préférant brandir, avons-nous appris, une éventuelle libération suite à la procédure judiciaire à laquelle les 46 militaires ont été soumis. Tout cela sans préciser de date.

Didier Depry

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