Le retour au pouvoir des fondamentalistes islamistes talibans, en Afghanistan, est survenu à la suite de la prise de la capitale Kaboul, le 15 août 2021. Deux semaines plus tard, les derniers soldats occidentaux, en l’occurrence américains, avaient quitté le pays. La fin de cette présence occidentale de 20 ans, principalement militaire, constitue sans contredit une défaite politique pour ces pays qui avaient misé sur la reconstruction politique, économique et sociale de l’Afghanistan pour justifier leur présence dans la région.
Le retour triomphal des talibans au pouvoir avec à la clé le retour également des violations des droits de l’homme et la chosification des femmes constitue certes un grand échec pour les Etats-Unis d’Amérique mais aussi une débâcle pour l’Organisation du traité de l’atlantique nord (OTAN). Le triomphe abject des talibans en Afghanistan démontre clairement que l’OTAN a échoué dans sa lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme islamique. Après deux décennies d’accalmie relative, l’Afghanistan a de nouveau sombré dans l’incertitude avec le retour au pouvoir des talibans. Le pays a perdu définitivement toute illusion de stabilité sociale et politique. L’OTAN qui s’était engagée à rendre l’Afghanistan stable n’y est pas parvenue durablement. Alors qu’elle avait fait de la sécurité et de la stabilité de l’Afghanistan, un véritable défi. Au point où le soutien de l’OTAN à l’Afghanistan s’articulait autour de trois grands axes :
- La Resolute Support Mission (RSM) de formation, de conseil et d’assistance dirigée par l’OTAN au profit des forces et des institutions de sécurité afghanes
- Le financement des forces de sécurité afghanes dans le cadre de l’effort consenti par la communauté internationale dans son ensemble
- Le partenariat durable entre l’OTAN et l’Afghanistan, développé conjointement avec le gouvernement afghan.
La Resolute Support Mission (RSM) était une mission non combattante dirigée par l’OTAN. Elle a été lancée le 1er janvier 2015, après l’achèvement de la mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) ou International security assistance force (ISAF) dirigée par l’OTAN et la prise en charge complète de la sécurité par les forces de défense et de sécurité nationales afghanes (ANDSF). La mission a été mise sur pied à l’invitation du gouvernement afghan et conformément aux dispositions de la résolution 2189 du Conseil de sécurité de l’ONU (2014). Elle avait pour but d’aider les forces et les institutions de sécurité afghanes à développer les capacités nécessaires pour défendre le pays et protéger la population de manière durable. La Resolute Support Mission (RSM) comptait un effectif de moins de 11 000 hommes et femmes issus de 38 pays membres ou partenaires de l’OTAN. Malgré tout ce dispositif, l’OTAN n’a pas pu sauver l’Afghanistan de l’ogre terroriste et des talibans.
Même son de cloche en Ukraine. Après avoir poussé l’Ukraine dans le dos pour se dresser contre la Russie, l’OTAN et les Etats-Unis ont abandonné ce pays face à ses propres turpitudes. A y voir de près, l’OTAN n’est rien d’autre qu’une sorte de poupée dans les mains des Etats-Unis qui en font selon leur bon vouloir et selon leurs intérêts. Les Etats-Unis ont décidé de quitter l’Afghanistan en abandonnant les Afghans à leur sort, l’OTAN en a fait autant. Les Américains qui sont conscients du peu d’intérêt que revêt l’OTAN sans l’oncle Sam, agissent envers leurs alliés occidentaux sans tenir compte de l’avis de l’OTAN. C’est sous cet angle qu’on pourrait voir l’humiliation infligée, en septembre 2021, par les Etats-Unis à la France à travers la crise des sous-marins.
À l’origine de cette crise, un partenariat de sécurité conclu entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie qui prévoit de fournir aux Australiens des sous-marins à propulsion nucléaire, au détriment du français Naval Group. En effet, les Etats-Unis ont torpillé un très important contrat de sous-marins conclu entre l’industriel français Naval Group et l’Australie. Grosse colère de la France envers les Etats-Unis qui piétinent ainsi les intérêts d’un partenaire historique. La France avait même rappelé ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie, décision sans précédent vis-à-vis de ces deux alliés. La paix est revenue entre la France et les Etats-Unis mais cette crise a clairement démontré que pour les Etats-Unis seuls ses intérêts comptent à ses yeux. Ceux de ses alliés importent peu visiblement.
Les Etats-Unis ont conclu un partenariat de sécurité dit AUKUS avec l’Australie et le Royaume-Uni dans la zone indo-pacifique au grand dam de ses autres alliés de l’OTAN. Comme on l’a vu avec l’Afghanistan, ni l’OTAN ni les Etats-Unis ne sont des sauveurs. Ils ne le seront pas non plus pour les pays africains si ceux-ci, au nom de la lutte contre le terrorisme, acceptent que l’OTAN et les Etats-Unis installent des bases militaires en Afrique. Quand on a tous vu ce que l’OTAN, les Etats-Unis, la France etc. ont fait en Lybie, les pays africains doivent savoir raison garder et être vigilants.
Une contribution de Moussa Koné
Citoyen malien
Laissez une réponse