Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), la nouvelle formation politique fondée et dirigée par l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, traverse une crise interne majeure, centrée sur son Comité de contrôle. Cette crise est en grande partie liée, selon des sources proches du parti, à une lutte de positionnement au sein du PPA-CI.
Toujours au dire de ces sources, 98% des militants du PPA-CI seraient d’anciens militants du Front populaire ivoirien (FPI) de la tendance « Gbagbo ou rien » (GOR), tandis que les 2% restants des militants seraient issus de petits partis politiques tels que l’UNG qui ont rejoint le PPA-CI. A en croire nos sources, ce sont les militants de ces petites formations politiques qui seraient à l’origine de la crise que traverse le parti politique de Gbagbo.
Sollicité pour mettre fin à crise qui frappe de plein fouet son parti, Laurent Gbagbo, peu avant son récent voyage pour la Belgique, aurait demandé aux uns et aux autres de tout laisser tomber pour privilégier la solution politique afin de régler définitivement la crise au Comité de contrôle. Selon des sources internes, l’entente serait progressivement en train de revenir au sein du PPA-CI. Même si ces événements démontrent, cependant, les défis auxquels le PPA-CI est confronté en matière de démocratie interne et de respect des principes fondamentaux du parti.
En effet, la crise de positionnement qui mine le PPA-CI a été exacerbée, il y a quelque temps. La présidente du Comité de contrôle, Amon Marthe Agoh, est accusée, par des membres de la structure dont certains ont d’ailleurs été suspendus, de ne pas respecter les textes du parti et de former un nouveau bureau du Comité de contrôle sans consultation appropriée. Cette situation a conduit à un renversement de l’ordonnancement statutaire initial, favorisant les membres des petits partis politiques qui ont rejoint les rangs du PPA-CI.
La lutte de positionnement sévit toujours
L’élection de la Ligue des femmes du PPA-CI à Ouragahio a également été marquée par des controverses. Amon Marthe Agoh a d’abord critiqué la manière dont les élections ont été organisées, dénonçant les irrégularités, les pratiques frauduleuses et les intimidations. Cependant, peu de temps après, elle a confirmé les élections comme étant les résultats définitifs, sans laisser le temps au contentieux électoral.
Face à toutes ces situations, les membres du Comité de contrôle, qui avaient cessé de siéger en raison des tensions internes, se sont « rebellés « à travers une session extraordinaire, qui a vu la participation de 25 personnes, toutes membres du Comité de contrôle. Ces militants estiment que la situation est devenue plus préoccupante dans le contexte actuel du pays après les élections régionales, municipales et sénatoriales de 2023. « Ils se sont donc dits que si rien n’est fait, il faudra craindre que la crise interne ne continue jusqu’en 2025 et qu’elle ne laisse la voie libre à Alassane Ouattara pour être reconduit à la tête de la Côte d’Ivoire. Ils prennent alors position sur l’élection de la Ligue des femmes du PPA-CI dans le but de préserver la réputation du parti. Mais la présidente Amon Marthe Agoh s’est aussi opposée à cette démarche », confie un cadre du PPA-CI.
Pourquoi le Comité de contrôle a été créé
Le Conseil de discipline, l’organe chargé de sanctionner les manquements à la discipline et à l’éthique du parti, lorsqu’il est saisi par Mme Amon Marthe Agoh, décide de suspendre 15 membres du Comité de contrôle, les accusant de défiance et d’insubordination à l’autorité hiérarchique. Ce qui ravive les tensions puisque très vite, il est rappelé à l’ordre par 14 autres membres du Comité de contrôle qui contestent cette décision, exprimant ainsi leur solidarité aux 15 suspendus. Ceux-là justifient leur action par le fait que le Comité de contrôle est un organe spécifique et spécial à la lutte du PPA-CI. Qu’il est un organe collégial composé d’un certain nombre de membres qui font une liste bloquée dotée de la préséance. Le premier est le président, le deuxième est le premier vice-président, le troisième est le deuxième vice-président, le quatrième est le troisième vice-président, le cinquième est le rapporteur général, le sixième est le rapporteur général adjoint. Le reste est composé de contrôleurs.
Soulignons que le Comité de contrôle, tel qu’il est admis dans les textes fondateurs du PPA-CI, est similaire à celui du FPI initié dans les années 1990 par Laurent Gbagbo, fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), pour se prémunir contre la dictature et avoir un organe de régulation et de contrôle vis-à-vis de l’exécutif. « Il voulait que quelqu’un puisse lui dire « non » et pour cela, il fallait que cette personne ait la même légitimité que lui. C’est pourquoi le Congrès élit le président et le Comité de contrôle », soutient ce cadre du PPA-CI, compagnon de lutte de Gbagbo. Et d’ajouter : « Pour la petite histoire, le Comité de contrôle a été dirigé pendant plus de 20 ans au FPI par Hubert Oulaye et avant lui par Ahoua Don Mello, l’ancien préfet Jean-Baptiste Gnahoré et feu le professeur Harris Mémel Foteh ».
Un dossier réalisé par
Robert Krassault
ciurbaine@yahoo.fr
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