Gazoducs Nord Stream / L’explosion et ses conséquences : Les révélations du journaliste américain d’investigation Seymour Hersh

« Ceci est un bref rapport de combat sur le champ de bataille ici et à l’étranger à la suite de la publication mercredi dernier de mon histoire sur la décision de Joe Biden de faire sauter les pipelines Nord Stream. Tout d’abord, merci beaucoup de votre intérêt pour l’histoire du pipeline : une décision présidentielle très dangereuse. Vous êtes des lecteurs attentifs. Je suis un habitué des histoires explosives basées sur les révélations de sources que je ne nomme pas et que je ne peux pas nommer. Il y a une tendance à la réponse des médias grand public. Cela remonte à mon histoire décisive : la révélation du massacre de My Lai. 

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Cette histoire a été publiée en cinq épisodes, sur cinq semaines en 1969, par le groupe médiatique clandestin Dispatch News. J’avais essayé d’obtenir les deux magazines les plus importants d’Amérique, Life et Look, de publier l’histoire, sans succès. Les éditeurs des deux publications m’avaient auparavant invité à écrire pour eux en freelance, mais ils ne voulaient rien avoir à faire avec une histoire sur un massacre commis par des soldats américains.

Ce fut une période effrayante pour moi, en termes de foi dans la profession que j’avais choisie. J’ai été autorisé à lire et à copier à la main une grande partie de l’acte d’accusation original de l’armée accusant un triste sous-lieutenant nommé William L. Calley Jr. du meurtre prémédité de 109 êtres humains « orientaux ».

 J’avais également suivi Calley, le seul suspect de l’armée, et l’avais interrogé dans une base en Géorgie – il était caché – et j’avais obtenu son affirmation selon laquelle il ne faisait que ce qu’on lui ordonnait de faire. Compte tenu de tout cela, j’étais plus qu’un peu ébranlé – terrifié – par l’échec des rédacteurs en chef de magazines de premier plan à sauter sur une histoire qui attirerait l’attention internationale, en particulier lorsque ces rédacteurs prétendaient déplorer la guerre et vouloir qu’elle se termine ».

 Ces propos publiés, le 15 février 2023, sont du célèbre journaliste américain d’investigation, Seymour Hersh, âgé aujourd’hui de 85 ans mais qui continue de jeter un regard critique et totalement indépendant sur les faits importants qui marquent l’actualité mondiale comme par exemple, la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’équilibre du monde et la vie des 8 milliards d’habitants de notre planète.

Lauréat du prix Pulitzer du reportage international obtenu en 1970, Seymour Hersh est un spécialiste des affaires militaires américaines et des services secrets. Il a travaillé notamment pour les journaux The New Yorker et le New York Times.

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Il a été à l’origine de nombreuses révélations comme les actes de torture perpétrés par les soldats américains sur des prisonniers irakiens à Abou Ghraib ou encore le massacre de My Lai au Vietnam, révélation pour laquelle il a d’ailleurs obtenu le prix Pulitzer.

Le vétéran du journalisme d’investigation aux Etats-Unis, Seymour Hersh, dénonce ici la décision prise par le président américain Joe Biden de faire sauter les pipelines Nord Stream. « Une décision présidentielle très dangereuse », précise Seymour Hersh sans dire pourquoi. Cependant on peut aisément deviner les raisons au regard des conséquences que vivent de nombreuses populations relativement à cette décision.

La destruction du gazoduc Nord Stream a entrainé la flambée du prix  du carburant mais également le prix du gaz. Les  deux explosions sous-marines survenues, le lundi 26 septembre 2022, au niveau des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ayant entraîné de sérieuses fuites  avaient suscité des interrogations. Avant que  Seymour Hersh ne révèle que cet acte grave de conséquences pour de nombreux pays du monde a été ordonné par le président américain Joe Biden. Il faut préciser que les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 relient la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique et sont destinés à approvisionner l’Europe en gaz russe.

Leur destruction a suscité une flambée des prix du carburant et du gaz. Ce qui a eu immanquablement des conséquences sur la cherté de la vie en Europe et en Afrique notamment.  En Afrique , par exemple, le coût du transport a augmenté dans les villes, les prix des denrées alimentaires même ceux de première nécessité ont augmenté, mettant les populations déjà pauvres face à une véritable insécurité alimentaire. Quant à la flambée du prix du gaz, cela a eu des incidences , par exemple, sur le prix de l’engrais qui a considérablement augmenté. Parce que le gaz est utilisé dans l’alimentation énergétique des usines de production de l’engrais. 

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Face à cette situation quasi-dramatique pour les populations africaines mais aussi très difficiles pour celles de l’Europe, il y a des entités qui en tirent profit. Ce sont  les compagnies américaines et européennes de gaz et de pétrole. 

Elles tirent un grand profit de la flambée du prix du gaz et du carburant consécutive à la destruction des gazoducs nord stream. C’est au regard de cela que le journaliste Seymour Hersh a intitulé son bref texte ci-dessus de « merde sur le mur ».

Moussa Koné 

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