Alors qu’elle était prévue pour février, la remise du rapport de l’ex-président nigérien sur la crise sahélienne devrait attendre plusieurs mois. Certains pays membres de la Coalition pour le Sahel s’inquiètent en outre de l’activisme croissant d’Alger sur ce dossier, appréhendant les conclusions de ce document stratégique. Cette information a été donnée par la publication Africa Intelligence dans sa récente parution.
Lancée en grande pompe à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2022, la réalisation du rapport censé évaluer la réponse internationale à la crise sécuritaire sahélienne prend plus de temps que prévu.
Alors que l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou devait initialement en présenter les conclusions au sommet de l’Union africaine (UA) programmé en février à Addis-Abeba (AI du 02/11/22), les chefs d’Etat du continent devront se contenter d’un pré-rapport. La version définitive du document, elle, pourrait ne voir le jour qu’au mois de juin.
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Ce délai rallongé s’explique en partie par l’agenda chargé d’Issoufou, qui cumule cette mission avec le poste de médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour le Burkina Faso ainsi que par l’ambitieux programme du panel chargé de la rédaction du rapport sous la direction de l’ex-chef d’Etat.
Composé de cinq hautes personnalités auxquelles viennent s’ajouter une myriade d’experts, il prévoit des visites dans l’ensemble des Etats de la zone sahélienne, en particulier le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad.
Bien que les discussions progressent malgré tout, les capitales occidentales appréhendent leur issue. Elles craignent un document omettant délibérément l’importance du rôle joué par le G5 Sahel ou, pire encore, recommandant des alternatives à cet organe, pourtant partenaire du rapport, aux côtés de l’ONU et de l’Union africaine. Certains membres de la Coalition pour le Sahel, dont la France, les Etats-Unis et l’Union européenne sont peu à l’aise avec l’intérêt croissant de l’Algérie pour ce dossier.
Jusqu’ici tenu à l’écart du G5 Sahel, Alger pourrait se saisir de l’occasion pour favoriser ses propres solutions à la crise, au moment où l’avenir de cette organisation basée à Nouakchott demeure de plus en plus incertain (AI du 03/01/23). En dépit d’une réunion des ministres des affaires étrangères des pays membres à N’Djamena, la semaine dernière, le lieu et la date du prochain sommet de l’initiative tardent à être définis.
Les soupçons à l’égard de l’Algérie sont en partie nourris par les deux visites d’Issoufou dans ce pays en novembre 2022 et en janvier 2023, facilitées par la diplomate algérienne Leila Zerrougui. Cette ancienne cheffe de la mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo ( Monusco) figure parmi les cinq membres du panel responsable du rapport.
Autre tendance ayant alerté Paris et Bruxelles, les récents efforts du président Abdelmadjid Tebboune visant à ressusciter le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), dont les membres se sont réunis en octobre 2022 pour une session extraordinaire à Alger.
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Longtemps gelée depuis sa création en 2010, l’initiative, qui associe l’Algérie au Mali, à la Mauritanie et au Niger afin de coordonner leurs efforts sur le plan sécuritaire, a été réactivée sous l’impulsion de Tebboune en 2021 (AI du 09/09/21). L’Algérie s’est toujours montrée critique à l’endroit du G5 Sahel, auquel elle a toujours préféré le Processus de Nouakchott.
Si les chancelleries occidentales se gardent pour l’heure de s’immiscer directement dans les travaux relatifs à la réalisation du rapport, elles s’efforcent toutefois de promouvoir leurs positions auprès du panel. Début janvier, le patron de la Coalition pour le Sahel, le Tchadien Djimet Adoum, a ainsi transmis une liste de recommandations à Issoufou, soulignant l’importance du G5 Sahel pour contribuer à stabiliser la région sur le long terme.
N.B : La titraille est de « Le Monde Actuel »
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