Sexe et divertissement érotique, le numérique au service du vice

Le monde se modernise. La prostitution aussi. Les technologies de l’information et de la communication se mettent au service du vice. Incursion dans les univers bizi, libertinage et bar vip, les nouvelles formes d’exercice du plus vieux métier du monde.

La forme change, le fond reste. La prostitution, le plus vieux métier du monde, s’adapte à l’évolution de la société. En Côte d’Ivoire, le temps où cette pratique relevait de l’exclusivité des femmes de la sous-région, est révolu. Les Ivoiriennes y vont à fond. Certes, la Rue 12 de Treichville, Adjamé Bracodi, Yopougon Yaoséhi et Bel air, II Plateaux vallons, II Plateaux carrefour Duncan et bien d’autres sites résistent à sa forme classique, mais aujourd’hui, la prostitution connait une révolution numérique et impudique. Internet, les réseaux sociaux, les résidences et les bars vip offrent de nouveaux services plus alléchants.

A LIRE: Côte d’Ivoire-paie / Externaliser la paie des salariés, réaliser des profits

 

Sites et réseaux sociaux : la révolution sexuelle numérique

La tendance est récente. Elle remonte à deux ou trois ans. La baisse considérable du coût des smartphones et la vulgarisation de l’accès à internet ouvrent des perspectives nouvelles dans plusieurs domaines. Entre autres, la prostitution. Les jeunes filles mettent à profit les possibilités de la révolution numérique pour capter un maximum de clients dans des conditions plus confortables. Sur les réseaux sociaux, les propositions indécentes sont déversées à longueur de journée. Les annonces sont accompagnées de photos de la tentation auxquelles il est difficile voire impossible de résister.

Marina Bizi, CN Anne, G. Ella, Groupe Bizi, Jardin secret, Angela Séhi, pour ne citer que quelques-unes des pages officielles où les jeunes filles sont habilitées à faire des publications d’appel d’offres. « Abobo : Noura Tia, jeune fille, dispo. 3 coups avec pipe, 15 mille », « Deux superbes b…, gros c…, très accueillantes En résidence aux II Plateaux Opéra, de vraies gos, elles donnent l’envie de b…, et tu b… les deux à 10 mille, deux coups plus la pipe. Appelle directement aux numéros… », « Coucou les amis, disponible pour la bonne b…Intéressé, contactez-moi au… Avec moi, tout est permis ».

Au-delà, des annonces sur Facebook, deux sites internet sont exclusivement dédiés au marché du sexe : Locanto et Jedolo. Ici, les communiqués et annonces sont plus osés. Les offres diverses et variées. « Ch. mentholée illimitée à Angré. 19 ans, belle, chic, fraiche, doux. Tu veux du plaisir en résidence à Angré, appelle-moi au… Photo réelle ; Bon massage sexuel à Yopougon, 22 ans, masseuse sexy et dominatrice, contact ; Pulpeuse et juteuse Abidjan. Viens j… à Angré Bluetooth ; Coquine à Yopougon, 22 ans, viens bien te…, avant de me faire d…, contact ; Belle lurette à Koumassi, je veux être d… à Koumassi Remblai, contact ; On se voit, on se verra, 32 ans, Abidjan, plus d’1 million de célibataires t’attendent pour s’amuser, contact ; Belle fille gouro b… brutalement à Angré ; Vanessa chic et propre, disponible pour rendez-vous sans lendemain ». Les photos qui accompagnent ces annonces sont irrésistibles. Et c’est fait à dessein. L’objectif est d’aiguiser l’appétit sexuel des visiteurs des sites et de les attirer à franchir le pas.

A LIRE: Gratification 13ème mois, prime de rendement Salariés : fin d’année, plein les poches

Les formes physiques sont pour tous les goûts. De jeunes et jolies filles, grandes ou petites, aux seins ronds et fermes comme des oranges mûres, de petites fesses rebondies, teint noir brillant ou clair ; de jeunes et jolies filles plus grosses avec des seins moins fermes et moins ronds, des fesses larges, dodues et remuantes à force d’avoir été pétries, teint noir ou clair. Il y en a de tous les âges : de 18 à 50 ans, voire plus. Un point commun au marché : les résidences. La location de la chambre pour 24h varie de 10 à 20 mille francs.

« Nous vivons ici, en résidence, nous payons 15 mille francs par jour. On fait l’annonce sur les sites Locanto et Jedolo, nous avons également une page officielle sur Facebook. Et nous attendons. L’essentiel est de trouver par jour ce qu’il faut pour payer la résidence, la nourriture et mettre un peu d’argent de côté. Il y a plus de confort ici, la chambre est climatisée, et les clients sont à l’aise », témoigne Lydia. Par jour, elle reçoit en moyenne 5 personnes en raison de 10 mille francs par personne. Sa co-locatrice également. Tout compte fait, elles s’en sortent chacune avec une marge de 20 à 30 mille francs par jour au prix de multiples assauts sexuels. « Nous sommes ici depuis 2 mois. Pour le moment ça va », dit-elle. Mais, elle précise : « Bientôt, nous allons changer de résidence et de quartier. Tout est dans la proximité. Si vous restez trop longtemps sur un site, les clients finissent par se lasser. Ils sont en quête de sensations fortes. Ils peuvent passer 2 ou 3 fois dans le mois, après, ils veulent voir autre chose. En changeant de quartier, on conquiert de nouveaux clients ». D’autres fois, elles entrent en résidence, le temps d’un weekend.

 

En quête de sensation forte

A la différence de l’ancienne formule qui consiste pour les professionnelles du sexe à accueillir le client dans un coin malfamé pour une pratique sexuelle sans assaisonnement, les résidences offrent un confort propice à la pratique de tous les vices et fantasmes. Lydia l’a dit, les clients sont en quête de sensations fortes. Et Marc est un client fidèle. « A la maison, avec madame, on est dans la routine. J’ai des envies qu’elle ne peut assouvir. D’ailleurs, il ne me viendra jamais à l’idée de proposer à ma femme de réaliser mes fantasmes. Mais avec ces filles, je peux tout faire », dit-il.

Tout faire. Mais quoi donc ? Coucher avec deux filles, par exemple. « C’est très excitant. Posséder deux belles demoiselles, vous n’imaginez pas ce que je ressens. C’est sensationnel ! » Curiosité poussée, il donne des détails déroutants : « Quand j’arrive, je suis accueilli avec une chaleur indescriptible. Déjà, dans les escaliers, la fille est à poil, elle s’assoit sur une marche, ouvre les jambes et commence un jeu érotique que j’observe pendant une à deux minutes. Je peux me permettre de filmer pour mon usage personnel. En chambre, elles me reçoivent toutes nues, me servent à boire, une bière ou une sucrerie. Assis dans le fauteuil, je vois ces paires belles aller et venir, ensuite, elles me prennent de chaque côté, avec des caresses sur toutes les parties de mon corps. Enfin, elles me déshabillent. Pendant que l’une me fait une fellation au bonbon ou à la glace, l’autre m’embrasse, titille mes seins. Et quand arrive le moment crucial, ça part dans les sens ».

En rentrant chez lui, Marc repasse les scènes dans sa mémoire. Il est heureux le reste de la journée. « Non seulement, le service est de qualité mais en plus, ce n’est pas très cher. Avec 20 mille par semaine, je prends mon pied, incognito », fait-il observer. Comme lui, les Ivoiriens ne se privent plus pour donner vie à leurs envies, des gens qu’on n’imagine pas être susceptibles de fréquenter ces résidences. Des cadres de tous les secteurs d’activités : banque, presse, ministères, sociétés d’Etat et privées.

A LIRE: Mme Tokpa Martine, Présidente de Dames francophones : Vendre les connaissances culturelles, pas son charme

MB est un organisateur professionnel de parties de sexe endiablées. « Information : Bonsoir ! le 15 août, nous organisons une grande rencontre des libertins. Participation : couple, 30 mille francs ; homme seul, 40 mille francs ; gratuit pour les libertines qui viennent seules. Au programme : rencontres, cocktail partie, jeux érotiques, réalisation de vos désirs. Date limite des inscriptions le 5 août ». Le communiqué est envoyé à ses contacts sur WhatsApp. En moins de 3 jours, la liste bouclée. Le choix de la résidence est fait. Le jour J, les personnes inscrites sont présentes. On compte 4 couples, 7 hommes seuls et 9 filles. Au total, 11 hommes et 13 femmes. Dans le salon du rez-de-chaussée, les participants font connaissance. MB et son équipe servent à boire (Liqueur, bière, limonade) et des amuse-gueules. Quelques minutes plus tard, l’organisateur prend la parole : « Vous êtes ici pour vous amuser, alors amusez-vous ! » Bien avant, les couples décrivent leurs attentes. Tous veulent regarder leurs femmes se faire prendre par plusieurs hommes à la fois. Les jeunes venus seuls ne se font pas prier. Ils sortent leurs engins, les femmes se laissent faire. De 15h à 23h, elles n’ont de repos que le temps de recharger les batteries. Les gémissements fusent, les scènes n’ont rien à envier aux films pornographiques.

« L’avantage avec nous, c’est la discrétion. Les gens que nous recevons sont des personnes responsables. Ils ont besoin de discrétion. S’ils nous font confiance, c’est parce que nous avons donné suffisamment de gages de confidentialité. Ils ont l’assurance que leur identité ne sera pas révélée. Donc, on fait attention au casting. Cela fait 1 an que j’organise ces parties de divertissement, et jamais, ce qui se passe ici ne s’est répandu dans la ville », explique MB. Au cours de ces rencontres, les femmes s’ouvrent à leurs fantasmes. Certaines font des expériences avec d’autres femmes. « Vous voyez le genre ! Faire des trucs entre femmes. Bref, tout est permis. La seule chose que je ne fais pas, c’est garçon avec garçon, ça jamais ! (Rires) », ajoute-t-il. A la fin, les filles venues seules perçoivent une prime, déduction faite de toutes les charges et de sa marge bénéficiaire.

 

Groupe WhatsApp et libertinage

Moins responsables, les jeunes gens, filles et garçons, eux, ont une autre approche. Dans des groupes privés WhatsApp, ils organisent des parties de sexe. Sauf qu’ici, l’objectif des filles n’est pas de se faire de l’argent mais de prendre du plaisir. « Moi, je ne gère pas bizi, je suis coiffeuse. Mais, j’aime b… J’aime tellement ça que je suis inscrite dans plusieurs groupes. A chaque fois qu’il y a une partie, je quitte Divo, à mes propres frais, et je retourne à mes propres frais », soutient Marie K., 31 ans « Au cours de la partie, je b… avec tous les gars, souvent, ils sont 10, 15 ou 20 et nous ont est 3 ou 4 filles. Ils passent tous sur nous sans repos. C’est trop chic », dit-il avec un sourire qui montre qu’elle revisite les images de son vécu avec délectation. Comme Marie, Andréas, 33 ans, le fait également pour le sexe, rien que pour le sexe.

 

« J’aime les grosses p… Dans notre groupe WhatsApp, chacun montre sa partie intime, les filles font les photos de leurs ch… et les garçons de leurs q…. Quand je vois que les jeunes en ont de très grosses bien fonctionnelles, je paie moi-même mon transport de Gagnoa à Abidjan. Je viens me faire bien d… et je rentre », soutient-elle. « Après ça, on garde des contacts et de temps en temps, quand j’ai envie de sentir de vrais engins dans ma ch…, soit moi-même je les fais venir à mes frais à Gagnoa, soit je les rejoins à Abidjan ou dans une autre ville. On s’amuse, moi seule contre trois ou quatre mecs et on se laisse. Je me rappelle qu’un jour, je l’ai avec 14 jeunes hommes dans la même journée et dans la même chambre, tous à la fois », affirme-t-elle. En général, les garçons sont très jeunes très endurants. C’est ce qu’elles recherchent. « Dans le groupe, il y a des femmes de 40-50 ans. Certaines sont mariées. Mais, elles viennent se faire d… On ne regarde pas l’âge des jeunes, ce qui importe, c’est ce qu’ils ont dans la culotte. Toutes les semaines, selon le groupe, il y a un plan. Et je suis toujours là », affirme TZ de Yamoussoukro.

Junior est administrateur d’un de ces groupes WhatsApp. Il enseigne dans une ville à la frontière du Mali. Il trouve cependant le temps d’effectuer une journée entière de voyage pour organiser ses plans. « Bizi, c’est de la prostitution, c’est du sexe contre de l’argent. Les filles des résidences, sont des géreuses de bizi, des prostituées. Les libertines, c’est autre chose. Elles adorent le sexe. Il n’y a pas d’argent à payer. Au contraire, chaque membre du groupe, fille ou garçon, paie. Aujourd’hui, il y a tellement de libertines que je ne vois pas l’intérêt de collaborer avec des Bizi girls. Avec les libertines, chacun prend son plaisir et on se sépare. Les seuls frais à payer sont la résidence et la consommation », dit-il. Les conditions d’inscription dans un groupe sont précisées à tous les intéressés. « On n’inscrit pas d’homme seul. Il faut qu’il soit avec une fille. En revanche, une fille seule, ça passe », dit-il. Cour des grands, Groupe Solidarité, On est ensemble, Love groupe etc., sont quelques groupes de forte activité de libertinage sur WhatsApp.

Faveur, 23 ans, fille de pasteur, est, elle aussi, une passionnée de sexe. Elle vit en couple avec un homme de 45 ans, toujours en proie à son travail. Il n’a pas le temps de lui faire l’amour comme la machine qu’elle aurait voulu qu’il soit. « En plus, il a une très petite. Pour combler ce handicap, je me suis entendu avec lui. Ensemble, nous recevons des jeunes qui possèdent, chez nous, pour me b… Mon homme vit comme un Blanc et ça me va. Ce qu’il n’aime pas, c’est que je fasse ça dans son dos. Il aime me regarder pleurer en bas des garçons, ça l’excite, moi aussi », explique-t-elle.

 

Les bars vip résistent…

Sous le poids de ces nouvelles formes de loisirs sexuels, les bars vip de gestion de Bizi résistent malgré tout. Au début de l’année 2014, la ministre Anne Ouloto avait mené une opération de fermeture de ces niches de débauche. Seuls trois bars ont cependant été fermés dont le Dream Bar, situé à la Riviera Golf, derrière la SGBCI. Ce bar, sur l’échelle du divertissement érotique et aphrodisiaque, était au sommet. Avec sa fermeture, la commune de Cocody n’offre presque plus d’espaces où l’audace défie le bon sens. Il faut le dire, au Dream Bar, c’était la crème.

A Yopougon, avec la fermeture de la Rue Princesse, les quartiers Maroc, Ananeraie et Niangon ont pris le relais. Une copie du Dream Bar a tenté une aventure qui tient la route même si le taux de fréquentation n’est pas celui qu’a connu celui de la Riviera Golf. Toi et Moi, Laisse-toi aller, Sucré salé etc., tirent leur épingle du jeu. En Zone 4, le WH, le Tifolies, la Croisette, le Toi et moi, le Nafrosa Plus, etc., aussi. Jeunes et vieux s’y rendent à la nuit tombée pour admirer les danseuses nues, perles aux reins qui se laissent aller à toutes sortes de mouvements et gestes sexy autour d’une barre de fer en forme de T.

A LIRE: Can 2021 au Cameroun / Les travailleuses de sexe annoncent une augmentation des prix de leur service

Dans un de ces bars, à Abobo-Sogefiha, Tina, est habillée d’une jupe ultra courte d’où on aperçoit un string fin, nombril au vent, cuisses marquées de tatouages. Le tout supplanté par un cordage blanc qui a du mal à contenir une paire de seins fermes. De dos, le spectacle est ahurissant : raie de fesses sous sa jupette qu’elle descend exprès pour attiser l’appétit sexuel. La couleur rouge tamisée donne une intimité au l’espace. Le salon privé peut recevoir une dizaine de personnes. Fellation, partie d’amour ou de partouze sont au choix.

« Nous faisons ce que le client nous demande. Chaque plaisir a son prix. Le client peut débourser, pour chacune d’entre nous, 10 à 15.000 Fcfa », indique Tina, serveuse très alerte dans la tentation. La nature lui a offert un postérieur de rêve qu’elle vend bon marché. Au petit matin, elle s’en sort avec au moins 30.000 frs. A certaines tables, des filles miment des scènes de rapports sexuels sur le client, la jupette enlevée et le string bien en vue. Ce dernier, à ce moment, est autorisé à toucher toutes les parties sensibles. Au son écrasant de la musique, tous les clients sont à la merci des serveuses, très disponibles.

Cigarette à la bouche souvent bière à la main, maquillée à outrance, elles n’ont pas froid aux yeux. Les unes, à moitié nues, les autres totalement dévêtues, esquissent des mouvements des plus obscènes. Selon le Dj, c’est la nouvelle tendance pour fidéliser les clients. « Ils s’ennuient dans les bars classiques. Ici nous mettons à leur service des filles pour répondre à leurs besoins ». Depuis quelques années, à Abidjan, de très belles filles se déshabillent complètement dans les bars, écartent fesses et jambes pour montrer tout ce que les autres femmes cachent jalousement. Initialement destinés à une clientèle sélectionnée, les bars climatisés sont devenus de hauts lieux de divertissements érotiques et aphrodisiaques. Alcool, cigarette, strip-tease et partouze se côtoient. A minuit, le spectacle commence. Au milieu de la salle : le podium. Près de 4 mètres carrées. Un poteau en métal en forme de T est planté au bout de la scène.

Au son d’une musique pop et rock, une danseuse en bottines en cuir au talon de 10 cm au moins, en culotte et soutien-gorge, esquisse des pas. Se contorsionne autour de la barre de fer. Sous les atalaku du Dj, elle s’approche du T pour son tour de striptease. Après des mimiques d’actes sexuels et des déhanchements, elle enlève son caleçon puis son string. En tenue d’Adam et Eve, le public est en admiration. A chaque passage, les danseuses montent d’un cran dans l’obscénité. Les clientes sont momifiées. Les mâles exultent. Ils en redemandent. Les bons payeurs se dirigent vers les danseuses nues, tirent leurs petites chaines autour des hanches et y accrochent un billet de banque. La barre de fer qui se dresse au milieu de la piste de danse subit la furia de notre voluptueuse et sensuelle danseuse. Elle y monte, s’y entrelace, sa thébaïde ouverte. Sous les caresses et autres gestes osés, plus personne ne fait attention à son voisin. Ceux qui n’en peuvent plus prennent la direction du privé pour une partie de jambes en l’air.

« Il y a deux catégories de personnes qui travaillent dans les bars climatisés : les serveuses et les danseuses. Moi, je fais partie de la première catégorie. Nous n’avons pas besoin d’exhiber notre corps encore moins notre sexe à la clientèle », précise une jeune fille. « Je vis avec quelqu’un. Il n’est pas question d’aller au-delà de mon rôle en offrant mon corps à tout le monde. Si cela devient une exigence, je serai obligée de démissionner », prévient-elle. Les danseuses sont payées à 3.000 Fcfa par jour contre 2.000 Fcfa pour les serveuses. Les serveuses gagnent 500 Fcfa de plus sur chaque client qu’elles installent lorsque ce dernier lui offre un pot. Un point commun en revanche. Serveuses et danseuses ont un goût prononcé pour l’alcool, la cigarette et le sexe. 30.000 Fcfa pour une partouze et 20 à 25 mille Fcfa pour une sortie. Même si elles refusent qu’on les taxe de prostituées, beaucoup de filles des bars climatisés ne sont pas différentes de celles qu’on trouve aux abords des rues, la nuit tombée.

 

La rue aussi

Les victimes de ce jeu restent les jeunes filles, prises entre le marteau de la pauvreté et l’enclume des proxénètes tapis dans l’ombre. L’amour, elles ne savent plus ce que c’est. Elles vivent au rythme des plaisirs de la chair. Ces filles n’ont pas honte. Elles draguent sans complexe. Elles sont toujours de bonne humeur. Elles s’engouffrent dans les abysses de la nudité publique. Et elles sont de plus en plus jeunes à se montrer dans le plus strict appareil. Les bonnes consciences s’en offusquent tandis que le plus grand nombre s’en réjouit.

Malgré le vent du renouveau des bars vip et résidences privées, les professionnelles du sexe de rue tiennent bien la rue. Zone 4 Rue du Canal, II Plateaux Vallons et Carrefour Duncan, carrefour Bel Air de Yopougon, Rue 12 à Treichville, Adjamé Bracodi Bar etc., résistent tant bien que mal. Bon marché, ces espaces ont une clientèle moins nantie qui se recrutent parmi les ouvriers et petits commerçants qui, eux aussi, ont besoin de se défouler autrement. Yvonne la grosse au Carrefour Duncun est dans la nuit depuis 1999. A 48 ans, elle n’a rien perdu de ses performances. Elle occupe le Carrefour Duncan depuis plus de 20 ans. Ses clients lui sont fidèles. « Quand je suis fauché, sans argent pour aller en résidence ou au bar, je viens me débrouiller ici. C’est fait en plein air, à 2000F, position ramasse le savon (Rires) C’est très agréable », explique JM, enseignant à l’Université Nangui Abrogoua.

Laissez une réponse

Votre email ne sera pas publié