Bénin / Elections législatives du 8 janvier 2023 – L’opposition émaille la campagne de menaces, violence et fake news

« Alerte populations de la 8ème : Depuis 23h, dans la ferme du maire Charles Toko sise à Kpessou, des jeunes à la solde des vomis de la 8e sont en train de bourrer les urnes au profit des deux partis de Talon afin de voler la victoire du peuple.

Toutes ces manœuvres risquent de faire basculer le pays dans la violence. Nous appelons les coordonnateurs d’arrondissement de la CENA, les points focaux, les délégués de cour constitutionnelle à ne céder sous aucune forme de pression et à ne pas accepter de faire des compilations dans les commissariats ».

Ce texte publié sur Facebook est signé d’un individu non identifié ayant les initiales Z-K.A officiel. Ce même internaute visiblement proche de l’opposition, notamment du parti politique Les Démocrates, avait accusé sans aucune preuve le pouvoir béninois de vouloir tuer l’opposante Rockya Madougou incarcérée. Z-K.A officiel s’est fondé, de façon légère, sur les déclarations du député de la mouvance présidentielle, Orden Alladatin.

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L’internaute Z-K.A officiel jette de l’huile sur le feu en ces termes : « Meurtre programmé de Rockya Madougou ? Le député Orden Alladatin passe aux aveux. Reçu en interview sur RFI, le mercredi 28 décembre 2022, Orden Alladatin a tenu des propos indignes de son rang et peu respectueux de la vie humaine, surtout celle de Rockya Madougou, otage politique de Patrice Talon. Inquiète pour la vie et la sécurité de sa cliente en prison, Me Renaud Agbodjo, a adressé un droit de réponse aux propos graves du député du clan de la rupture ».

De graves fake news se fondant sur la vraisemblance pour non seulement manipuler l’opinion mais installer la campagne législative au Bénin dans un climat de suspicion généralisée et de violence. Le gouvernement veut-il tuer Rockya Madougou ? C’est très fort discutable et totalement improbable. Cependant cette rumeur insensée est ainsi répandue sur les réseaux sociaux.

Tout comme cette autre folle rumeur distillée sur Facebook par les activistes de l’opposition selon laquelle la mouvance présidentielle serait en train de préparer une fraude massive dans des domiciles. Lisez à ce propos le scénario digne d’un film hollywoodien relaté par un internaute aux initiales C.H.S , militant de l’opposition :

« Dans la villa Cen Sad de Cotonou louée par la mouvance au pouvoir se déroule en ce moment même une vaste opération de pré-estampillage de bulletins de vote et de bourrage d’urnes. L’opération porte sur environ deux millions de bulletins de vote et est menée dans la plus grande discrétion par trois personnes parmi lesquelles Crésus Nouèmou, fils du député UP sortant Domitien Nouèmou.

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Qui a pu fournir à ces artisans de la fraude des bulletins de vote et des urnes officielles dont seule la CENA aujourd’hui présidée par Saca Lafia (toujours membre de l’UP le Renouveau) est dépositaire ? Nous appelons la cour constitutionnelle, garante de la transparence et de la sincérité des opérations de vote, les rares organisations de la société civile existant ainsi que les responsables du parti Les Démocrates à prendre leurs responsabilités ».

Ces accusations sont d’autant graves qu’elles jettent en pâture à la vindicte populaire, un citoyen béninois Crésus Nouèmou dont la culpabilité dans cette affaire dite de fraude électorale en préparation n’est pas établie. Dans cette campagne législative, on peut le constater à travers les fake news, les menaces et la violence entretenus sur les réseaux sociaux, les partisans de l’opposition n’ y vont pas de main morte. L’internaute aux initiales Z.A.A.Officiel annonce la mort d’un militant de l’opposition tué, dit-il, par la mouvance présidentielle sans donner les raisons inattaquables de cet acte ignoble.

« Ils l’ont assassiné en pleine période électorale, ce militant du parti Les Démocrates à Ségbana et enseignant d’Histoire -Géographie à Gogounou. La seule façon pour moi de lui dire paix à son âme et mes condoléances à sa famille est de voter pour le parti Les Démocrates même si je suis membre d’un autre parti car son parti a déjà montré sa solidarité à travers un communiqué qui exige que lumière soit faite sur cette affaire. Nous mourrons parce que nous sommes Les Démocrates , l’unique opposition en lice pour les législatives 2023 », écrit-il.

Bien curieuse façon d’aborder un problème aussi sérieux que la mort avérée ou supposée d’un individu. C’est l’enquête diligentée qui déterminera le ou les auteurs du crime. Mais avant cette enquête, le militant de l’opposition Z-K A officiel a déjà identifié son coupable, c’est la mouvance au pouvoir, accuse-t-il, sans preuve.

Une démarche qu’adopte également la direction du parti politique Les Démocrates en portant des accusations contre des représentants de l’Etat béninois. C’est le cas d’un préfet que le parti Les Démocrates indexe sur la base de rumeurs dans un communiqué pourtant officiel.

« Il nous revient de sources concordantes et de façon insistante que Monsieur Jean-Claude Codjia, Préfet de l’Atlantique, s’est invité sur fond de trafic d’influence et d’intimidation, dans la campagne électorale des législatives du dimanche 8 janvier, dans le dessein de démobiliser les militants et sympathisants du Parti Les Démocrates au profit des Partis politiques de la rupture ». A noter que les partis politiques de la rupture est l’autre appellation de la mouvance présidentielle.

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Al ors question : comment un préfet peut-il démobiliser les militants d’un parti au profit d’autre ? Ce qui apparaît cocasse dans cette affaire, c’est que le parti d’opposition Les Démocrates semble accorder beaucoup de crédit, sans retenue, à ce qu’on lui a rapporté au point où il écrit dans son communiqué :

« Nous regrettons très profondément ces agissements déloyaux et illégaux qui sont de nature à hypothéquer le déroulement pacifique du processus électoral, la liberté de choix, la sincérité du verdict et invitons instamment l’auteur de cette perfidie polico-institutionnelle et ses commanditaires à renouer avec l’éthique administrative et les exigences démocratiques telles que disposées selon les normes réglementaires de notre pays ».

Au regard de cette ambiance qu’elle suscite durant la campagne législative, on pourrait aisément se demander si l’opposition béninoise accepterait sa défaite au soir du dimanche 8 décembre 2023. Visiblement elle prépare l’opinion nationale et internationale à admettre sa réaction future.

Didier Depry

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