L’ancien ministre Justin Koné Katinan, président du Conseil stratégique et politique (CSP) du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a abordé, lors d’une conférence dite « 24e numéro de la Tribune du parti », le jeudi 18 avril 2024, au siège dudit parti, plusieurs sujets parmi lesquels la question de la dette de la Côte d’Ivoire, l’avenir du pays et l’éligibilité de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, président du PPA-CI.
Selon JustinKoné Katinan, le gouvernement ivoirien tente de minimiser l’évolution « dangereuse » de la dette du pays. Il avance que le ratio dette publique sur le Produit intérieur brut (PIB), qui est de 58,5% en 2023, est encore dans les limites de 70% admis comme plafond de soutenabilité de la dette. Cependant, le président du CSP du PPA-CI soutient que ce seul ratio n’est pas suffisant pour justifier la solvabilité d’un pays. « Le gouvernement reste imperméable à toute analyse qui tend à soutenir que ce seul ratio n’est pas suffisant pour justifier la solvabilité d’un pays. La comparaison que nous faisons entre quatre économies différentes prend à défaut les certitudes de l’Etat ivoirien sur la soutenabilité de sa dette dont l’impact sur la vie de nos concitoyens devient de plus en plus difficile », a-t-il fait remarquer. Pour conclure le chapitre de la dette, Justin Koné Katinan avertit que le gouvernement ruse avec des chiffres macro-économiques pour « cacher la réalité qui emprunte pourtant une trajectoire très dangereuse ». Il appelle à une prise de conscience et à des actions concrètes pour faire face à cette situation.
La dette ivoirienne est inquiétante, selon le PPA-CI
Justin Koné Katinan a aussi souligné que la Côte d’Ivoire est le pays où le coût de la vie est le plus élevé en Afrique, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique. L’indice du coût de la vie est 2,5 fois supérieur à celui du pouvoir d’achat local. Cette situation s’explique en grande partie par l’augmentation du coût des services sociaux de base et des produits de première nécessité. « Cette situation, qui n’est pas liée à une dépréciation énorme de la monnaie locale (CFA) par rapport à sa devise de référence (l’Euro), s’explique en grande partie par l’augmentation du coût des services sociaux de base et des produits de première nécessité ou de consommation de base. L’électricité, les loyers de logement tirés à la hausse par le coût des matériaux de construction, le coût du transport etc. », a décrit Justin Koné Katinan. Qui a indiqué que le coût élevé des facteurs de production a entraîné la fermeture de neuf unités industrielles de transformation de noix de cajou sur les onze qui existaient. De plus, a-t-il ajouté, les paysans ivoiriens ne peuvent bénéficier des retombées de l’embelli des cours mondiaux du cacao.
Selon le conférencier, pour améliorer son taux de pression fiscale, le gouvernement qu’il juge incapable d’élargir l’assiette de l’impôt, augmente celle-ci à la verticale. Ainsi, les bases de l’impôt foncier sont arrêtées d’office par l’administration sans regard des revenus réels que perçoivent les bailleurs. Le gouvernement devient donc le plus grand spéculateur immobilier dont la spéculation concourt à renchérir le coût du loyer.
« La BCEAO dit n’avoir subi aucun préjudice… »
En ce qui concerne l’éligibilité de l’ancien président Laurent Gbagbo, Koné Katinan a souligné que sa condamnation dans l’affaire du casse de la BCEAO ne devrait pas constituer un moyen pour empêcher sa candidature à l’élection présidentielle de 2025. « La BCEAO ne s’est pas constituée partie civile parce qu’elle dit n’avoir subi aucun préjudice. Les banques prétendument volées ne se sont pas constituées parties civiles, estimant n’avoir pas été volées. Elles n’ont donc pas subi de préjudice. C’est l’Etat ivoirien qui s’est constitué partie civile et l’on ne sait en quelle qualité. Comme démontrer supra, l’Etat n’a pas subi un seul préjudice puisqu’il n’a pas eu à payer les dépenses antérieurement exécutées par le gouvernement du Président Laurent Gbagbo. L’ordonnance illégale du 14 avril 2011 ne lui donne pas les moyens de se créer de préjudice. Donc la condamnation, infondée dans la forme et dans le fond, est un braquage de ses droits civiques à des fins purement politiques », a-t-il soutenu. M. Koné Katinan a alors déclaré que le PPA-CI se donnera tous les moyens légaux et démocratiques pour s’opposer à « ce qui relève tout simplement de la forfaiture ».
Affirmant que la question de l’éligibilité de son mentor est plus politique que juridique, le président du CSP du PPA-CI estime que la décision dépendra du rapport de force politique au moment venu. Il a en effet expliqué que Laurent Gbagbo en se faisant enrôler, a suffisamment montré sa volonté de participer au jeu électoral. Pour Koné Katinan, il appartient à la Commission électorale indépendante (CEI) de vérifier si Laurent Gbagbo, remplit les conditions pour figurer sur la liste électorale.
Robert Krassault
ciurbaine@yahoo.fr
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