Interview / Bernard Kokobo, artiste-chanteur musicien : « J’ai ma place dans la tendance actuelle »

L’artistechanteur et musicien de la troisième génération des artisteschanteurs ivoiriens, comme il se présente, Bernard Kokobo, qui annonce son retour sur scène, se veut un artiste intergénérationnel. A califourchon entre l’ancienne et la nouvelle génération, l’artiste affiche un optimisme pour la suite de sa carrière et affirme ne ressentir aucune peur relativement à la suprématie de la nouvelle génération avec le rythme  « coupé décalé ».

Le Monde Actuel : Quand et pourquoi êtes-vous arrivé à la musique ?

Bernard Kokobo : J’ai embrassé la musique tout au début de ma tendre enfance. Je suis venu à la musique à l’orée des années 60. J’étais avec des amis. On aimait danser sur la musique zaïroise, aujourd’hui congolaise. Nous étions en pleine ville et on suivait les Amédé Pierre, Anoman Brou félix, Mamadou Doumbia. Nous rangions les chaises quand ils venaient jouer à Daloa, et on dansait avec eux. Je  participais aux concours de danse ;  Gnaza Daniel, Seri Simplice et autres jouaient dans les cours communes et les samedis pour des soirées dansantes. Et un jour, à une soirée de Seri Simplice, j’ai vu un jeune homme qui avait mon âge et qui jouait à la guitare. Et quand je l’ai vu, je me suis dit, je pouvais jouer aussi. Cette nuit-là, on m’a permis de prester. J’ai fait une mauvaise prestation, mais le public m’a encouragé. Et c’est parti comme çà.

De cette période à aujourd’hui, combien d’albums avez-vous sortis et quel a été votre meilleur titre ?

Bon !  Je n’ai pas fait assez d’albums parce que je me suis mis au service de certains artistes. Je faisais de la variété musicale ; c’est pourquoi, je ne suis pas vite arrivé sur le marché du disque. Parce qu’on  ne peut pas entrer en studio avec une seule chanson qu’on interprète. Je n’ai pas vite composé de chansons. Je reprenais les chansons françaises, américaines… J’interprétais les grands artistes. Chez nous, ici, j’interprétais beaucoup les artistes tels qu’Amédée Pierre et Bailly Spinto. C’est ainsi que Bailly spinto m’a remarqué. Et il est venu un jour à une soirée où j’allais souvent ; c’étaient les soirées de l’artiste Zézé Labissa, le policier chanteur, père de l’artiste-chanteuse Zezata. Bailly Spinto m’a découvert et m’a conduit chez Badmos qui m’a posé la question suivante : « Est-ce que tu as des œuvres ? ». Non, je n’ai  pas de chansons, ai-je répondu. Alors, il m’a dit : « Je te donne trois mois pour composer des titres ». Et moi, j’ai mis moins de trois mois et j’ai composé cinq titres. C’est ainsi que Badmos a loué l’orchestre de feu Ernesto Djedjé et je suis entré en studio. Voilà, comment je suis arrivé sur le marché du disque. Mais un peu tard, parce que je n’avais pas de chansons. Je ne faisais qu’interpréter les chansons des autres. Voilà un peu les raisons. Sinon, j’ai fait un album de sept titres. J’ai fait un single en duo avec Guy Vincent, j’ai participé à quatorze œuvres de dix artistes-chanteurs dans lesquelles j’ai fait les chœurs et qui me permettent de percevoir aujourd’hui les droits voisins.

 L’artiste-chanteur tradi-moderne Daniel Gnaza vous a cité dans une récente interview qu’il nous a accordée. Quel regard rétrospectif portez-vous sur la période qui vous a vu évoluer ?

Les groupes musicaux appartiennent à des générations. Je ne suis pas de la première génération des Pierre Amédée, Mamadou Doumbia, Anoma Brou Felix pour ne citer que ceux-là. La deuxième génération, ce sont les Bailly Spinto, Gnaza Daniel. Moi, je suis de la troisième génération. Je suivais les Gnaza Daniel et je faisais de la variété. J’étais requin de studio. J’ai joué d’abord avec l’orchestre du policier chanteur Zézé Labissa, ensuite Gnaza Daniel m’a récupéré. Et quand il est allé en France, je suis resté avec Seri Simplice. J’ai donc été chef d’orchestre de Zézé Labissa, Zakri Noel, Gnaza Daniel et de Seri Simplice. En tout cas, tous les groupes où je suis passé, j’ai fini par être chef d’orchestre. Je suis donc de la troisième génération. Ce serait prétentieux de dire que je suis de la première génération. Ceux-là, ce sont mes devanciers, mes patrons. Moi, je suis de la troisième génération.

Aujourd’hui, vous revenez sur la scène musicale avec un nouvel album. Quel est le genre musical dans lequel vous désirez désormais évoluer et combien de titres compte votre nouvelle production ?

Vraiment, je n’ai pas l’intention de changer de style de musique. Parce que j’ai été chanteur de variété et c’est ce qui fait l’avantage que j’ai aujourd’hui de regrouper tous ces styles. C’est-à-dire lancer l’ancien style de la première génération et le genre de la jeunesse actuelle. Donc, je fais de la variété musicale et je vais continuer dedans. Bon, l’album actuel que j’ai fait compte 10 titres. J’ai deux titres qui ont lancé mon premier album. Il y a Obou Sidonie, une chanson que j’ai dédiée à ma petite sœur et Zogouhi. Ce sont ces deux titres qui m’ont véritablement fait connaitre. Donc, je reste dans ce style-là, la variété. La variété fait toutes sortes de musiques, tous les genres.

Pensez-vous vous faire une place au soleil face au contexte actuel des nouvelles tendances en vogue comme le coupé-décalé ?

Mais, bien sûr ! Si je fais de la variété, chacun va se retrouver dans ce que je fais. Je fais un mélange. Parce que j’ai écouté toutes sortes de musiques. J’ai interprété  toutes sortes de musiques, et c’est cela qui enrichit mon inspiration; alors, j’ai ma place dans la tendance actuelle.

Quels sont vos projets à court et moyen terme ?

Je dis à tous mes fans que bientôt le nouvel album sort. J’ai déjà présenté le single que j’ai tiré sur 10 titres qui étaient programmés pour la fin de l’année. Je l’ai déjà présenté le 12 août dernier.  Et Donc, le single, compte tenu de la rentrée scolaire, va sortir fin septembre et l’album lui- même en décembre. C’est dans un proche avenir, avant la fin de l’année que l’album sera sur le marché.  Je dis merci au journal LE MONDE ACTUEL d’avoir pensé à moi, parce que vous savez, aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux qui font renaitre. J’avais été oublié, et si un journal comme LE MONDE ACTUEL vient vers moi pour une interview, c’est d’abord de lui dire merci. Merci donc au premier responsable du journal LE MONDE ACTUEL.

Interview réalisée

par Marcel Zokou

Légende photo : Après plusieurs années de silence, l’artiste-chanteur Bernard Kokobo revient sur scène avec un nouvel album.

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