Nouveaux dirigeants du Sénégal – Diomaye Faye et Ousmane Sonko font face à leur première crise avec la société civile

Elu le 24 mars 2024, nouveau président de la République du Sénégal succédant à Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye a été investi, le 2 avril. 72h après son investiture, soit le 5 avril, il nomme son « mentor » et président du parti politique dissous par le précédent régime, le PASTEF, Ousmane  Sonko, Premier ministre. Avec l’accord du président Bassirou Diomaye Faye, celui-ci forme un gouvernement resserré de 25 ministres et 5 secrétaires d’Etat qu’il a annoncé officiellement, le vendredi 5 avril 2024.

Dans ce gouvernement de 30 membres, il n’y a que quatre femmes. Un nombre fort dérisoire qui a automatiquement suscité la réprobation des organisations de la société civile sénégalaise, notamment les associations féministes. Le nouveau président élu Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko se trouvent ainsi face à leur première crise avec la société civile du Sénégal. « C’est avec consternation  que nous avons reçu l’annonce de la composition du gouvernement ce 05 avril 2024.Une composition ne nommant que 4 femmes sur une liste de 25 ministres et 5 secrétaires d’Etat. Les femmes ne représentent  donc que 13,33 % dans ce gouvernement dit de rupture, d’inclusion et d’équité », a regretté le Réseau des féministes du Sénégal (RFS).

13 % de femmes dans le nouveau gouvernement

Et d’ajouter : « Un gouvernement paritaire était effectivement possible, attendu et souhaité surtout venant d’un régime  qui dit vouloir travailler pour plus de justice sociale. Nous constituons la moitié de la population du Sénégal. Ce poids démographique ne se reflète pas dans la représentation des femmes aux instances et processus de prise de décisions. Rappelons que le Sénégal a ratifié, sans réserve, le Protocole de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Maputo). Depuis 2001, la Constitution sénégalaise reconnaît que « les femmes et les hommes sont égaux en droit. Ces instruments garantissent l’accès équitable des hommes et des femmes à la prise de décisions et à l’exercice des responsabilités civiques et politiques ».

Toujours relativement au gouvernement Diomaye-Sonko, le Réseau des féministes du Sénégal (RFS) s’est offusqué que le ministère de la femme, de la famille,  de l’équité et du développement communautaire ait changé d’appellation pour devenir désormais ministère de la famille et des solidarités. « Le choix d’enlever le terme femme du ministère nous amène à penser que le statu quo sera maintenu, que des compromis seront faits avec nos droits. Cela ne présage ni d’un engagement clair pour l’équité et l’égalité ni d’une réelle prise en compte de nos besoins spécifiques. Nous espérons qu’avec le décret portant répartition des services de l’Etat, la direction de l’équité et de l’égalité du genre demeurera », a mentionné le RFS.

Le Réseau des féministes du Sénégalqui dit espérer que le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko vont se ressaisir, a dénoncé une marginalisation de la femme sous le nouveau régime qui se met en place . « La nécessité d’une amélioration  tant qualitative que quantitative  de la participation des femmes au niveau gouvernemental se pose avec acuité. Il se pose d’autant plus qu’il n’est pas concevable de parler d’un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de la moitié de la population soit  effective et croissante. Nous nous attendions à des mesures claires pour la concrétisation de nos droits et non pas à la mise en place d’un dispositif qui va  contribuer à la marginalisation de nos voix de femmes. ».

Didier Depry

Légende photo : Le nouveau Premier ministre Ousmane Sonko a déjà mal démarré, selon les féministes du Sénégal. 

 

 

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