Arbitrage ivoirien face à la corruption, innovations de la FIF, adhésion au RHDP, bilan à Vavoua…    Kalou Bonaventure se confesse sans détour

Dans cette seconde et dernière partie de l’entretien à bâtons rompus qu’il a accordé aux journalistes, membres de l’ONG confrères journalistes de Côte d’Ivoire (CJCI), Kalou Bonaventure, ancien brillant international ivoirien de football et actuel président de la commission centrale des arbitres à la Fédération ivoirienne de football (FIF), parle de la lutte contre la corruption chez les arbitres en Côte d’Ivoire.

Il évoque les principes qui gouvernent ses actions. Par ailleurs, maire de la ville de Vavoua, Kalou Bonaventure, élu précédemment indépendant, revient sur son adhésion au RHDP, le parti au pouvoir.   

Nous avons constaté que depuis votre arrivée, l’arbitrage ivoirien refait surface sur le plan africain. Mlle Zomandré était présente à la CAN féminine. Au CHAN en Algérie, nous avons eu deux arbitres dont un a joué la finale. Quelle est votre potion magique pour avoir redynamisé l’arbitrage ivoirien ?

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Il n’y a pas de potion magique. Ce sont des athlètes qu’il faut mettre en confiance. Pour ceux qui commencent, il faut les pousser. Pour ceux qui ont perdu la confiance, il faut les inciter à faire mieux. Le problème de l’arbitrage ivoirien est un verre à moitié vide et à moitié plein. 

Pour être un arbitre, quel niveau intellectuel il faut avoir et à partir de quel âge peut-on être arbitre ?

Tous les corps de métiers sont représentés dans l’arbitrage. Il y a des hauts cadres, des policiers, gendarmes, pharmaciens… C’est une question de vocation. On peut commencer à partir de 17 ans. Le mieux, c’est de commencer à un jeune âge pour qu’arrivé à 25 ans, on frappe à la porte de l’arbitrage international.

L’Assistance vidéo,  quand est-ce que notre championnat sera-t-il soumis à la VAR afin que tout soupçon soit levé?

La VAR demande une configuration particulière et le stade Champroux n’en est pas doté. En espérant que cela inclus dans les nouveaux stades que l’Etat a offert aux footballeurs et aux amoureux du football ivoirien. Mais en attendant nous sommes obligés de nous contenter de ce qu’on a.

Comment faites-vous la formation des arbitres ivoiriens pour être au-dessus de toute suspicion même si on sait que vous venez d’arriver à la tête de cette entité ?

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Ce sont toujours des stages d’avant et pendant la saison pour renforcer les capacités des arbitres et puis aussi les ramener à l’objectif premier de l’arbitrage qui est la neutralité en toute circonstance. Il ne doit pas influencer le cours d’une rencontre de quelque manière que ce soit. C’est en cela que les stages sont importants. 

Depuis quelques journées, des présidents de clubs accusent les arbitres de corruption. La rencontre Yakro – ISCA , les dirigeants de Yamoussoukro accusent ceux de l’Isca d’avoir corrompu les arbitres. Ces accusations sont-elles fondées ?

Quand on parle de soupçons, c’est que la faute n’est pas avérée. On parle d’éléments probants qui permettent à nous, la commission, de dire que l’arbitre a été corrompu. On a demandé des vidéos et des éléments pour confondre cet arbitre. La seule vidéo que j’ai reçue ne nous permet pas d’avoir une idée très claire de ce qui s’est passé. S’il y a d’autres éléments dont disposent les dirigeants de Yakro FC, la CCA les attend pour sévir le cas échéant.

Tout ce qui concerne la corruption ne doit pas être pris à la légère. Si vraiment, il y a des éléments qui sont clairs pour confondre cet arbitre, je prends sur moi de vous garantir qu’il n’arbitrera plus tant que je suis président de cette commission. Mais quand il n’y a pas d’éléments qui permettent d’accuser le maître du jeu, pour moi ça reste de la spéculation.

Bonaventure Kalou, grand footballeur professionnel, qui a parcouru plusieurs championnats européens, quelle comparaison faites-vous entre l’arbitrage que vous avez connu dans ces pays et le nôtre ? Est-ce que nos arbitres ont véritablement le niveau ?

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 Comparaison n’est pas raison. Oui, j’ai parcouru plusieurs championnats mais il y avait de mauvais arbitres en Hollande, en France. Même durant la dernière coupe du monde où tout était technologie, il y avait des erreurs d’arbitrage. Il y a toujours la part humaine qui fait qu’on peut se tromper.

Et je concède toujours à certains arbitres de pouvoir se tromper. Mais ce que je n’accepte pas c’est qu’ils puissent de façon délibérée agir sur le résultat d’un match. Et ça, quand nous avons tous les éléments probants, je ne transige pas. Après, il y a de très bons arbitres en Côte d’Ivoire.

L’arbitrage ivoirien dans sa phase administrative, quel est votre nouvel état d’esprit ?

C’est le même état d’esprit. J’essaie de servir mon pays partout où je suis en y mettant toute la bonne foi possible même si la gestion administrative est différente de la fonction de footballeur. Parce que là, on est dans la planification, dans la gestion humaine. On n’est plus focalisé sur sa personne. On est à la tête d’une équipe et tout faire pour harmoniser les points de vue pour que chacun se retrouve à sa place dans ce puzzle.

Est-ce que les arbitres qui n’ont pas d’autres fonctions et qui sont recrutés par la FIF dont les revenus sont exclusivement tirés de l’arbitrage ne s’exposent-ils pas à la corruption ?

En général, les arbitres sont des fonctionnaires. L’arbitrage vient en additif. Quel que soit votre rémunération, la corruption est une question de probité morale. Il y a des gens qui ont très peu de ressources et qui refusent catégoriquement de s’adonner à la corruption.

Vous jouissez d’une notoriété doublée d’une crédibilité. Malheureusement, vous arrivez à la tête d’une structure où les arbitres ivoiriens ne sont plus invités au Mondial. N’y a-t-il pas des tâches noires à nettoyer autour de vous dans la mesure où certains ont déjà été sanctionnés par les instances internationales du football en décembre 2004?

Je pense que vous parlez de nos arbitres dont certains ont été sanctionnés par la FIFA. Est-ce que vous savez qu’ils étaient neuf arbitres et certains parmi ces arbitres ont été réintégrés et ont refait des matchs organisés par la FIFA ? Moi, je suis pour la rédemption. Même le criminel le plus endurci a toujours besoin d’une autre chance. Il y a eu un incident, ils ont été réintégrés. Qui suis-je pour ne pas aller dans le même sens que la FIFA ? Puisque quand ces noms ont été mis sur la liste des matchs internationaux, la FIFA a validé. Donc, il n’y a pas de fautes de notre part. Il y en a un actuellement qui est l’un des meilleurs sur la place. Pourquoi se priver d’un tel élément si la faitière qui est la FIFA nous donne le droit de l’utiliser. On a tous droit à une seconde chance.

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Monsieur le président  de la commission centrale des arbitres, est-ce correct qu’un arbitre d’un match, en train d’arbitrer ce match vienne s’enquérir du résultat d’un autre match qui se joue au même moment en un lieu différent ? Est-ce une démarche normale et déontologique ? Avez-vous été déjà saisi de réserves ou plainte sur telle situation ?

Il n’a pas à s’enquérir du résultat d’un autre match. Les autres résultats ne le regardent pas. Il officie son match et ça s’arrête là. Si tel a été le cas, il faut remonter l’information pour que le coupable soit puni. Moi, je me base sur des éléments probants, indiscutables pour qu’un arbitre soit sanctionné.

Qui de Sharaf Moucharaf et vous, dirige la commission? Qui désigne les arbitres? Avez-vous le temps entre Vavoua et Treichville, de consacrer du temps à l’arbitrage?

Sharaf est un collaborateur comme j’ai des collaborateurs à la mairie de Vavoua. Le Président de la République n’est pas toujours à son bureau. il délègue ses pouvoirs. C’est ça aussi travailler en équipe. Si déléguer à Sharaf, certaines tâches vous fait penser que c’est lui qui dirige la commission tant mieux. Mais, je sais par expérience que travailler avec des gens, c’est aussi déléguer. Je leur dis si vous pensez que diriger une commission quelle qu’elle soit est  au-delà de diriger une commune aussi sinistrée comme la mienne et bien venez une semaine à Vavoua et puis vous allez voir comment je travaille avec les gens là-bas et vous comprendrez.

 

Kalou Bonaventure est-il heureux d’être au RHDP ?  Est-il confiant de remporter la prochaine élection municipale, d’être réélu ?

Je prends mes décisions avec beaucoup de recul sans émotion. Je suis RHDP parce que j’estime qu’en tant qu’agent de développement, le Président Alassane  Ouattara est celui qui a fait mieux depuis des décennies. Je me retrouve dans sa manière de développement ce pays. On ne développe pas en tenant compte de son appartenance et c’est ce qui m’a séduit. Je suis très heureux d’être au RHDP. Pour les élections municipales, ce sont les populations qui votent. Je fais ce qui était humainement possible avec le budget dont je dispose. Après, ça revient aux populations de décider.

Durant les cinq années de votre mandat, qu’avez-vous pu faire pour les populations de Vavoua ?  Êtes-vous satisfait de votre bilan ? Maire indépendant de Vavoua, vous avez viré en plein mandat au RHDP, le parti au pouvoir. Ce qu’on appelle au football « Le Mercato » a-t-il coûté combien ? Ce transfert vous a rapportez combien ?

Je ne peux pas citer toutes les actions hors budget et budgétisées réalisées à Vavoua. Il y en a énormément que ça soit le reprofilage des voies, la réhabilitation d’écoles, l’enlèvement de dépôts d’ordures qui ont plus d’une vingtaine d’années, la réhabilitation complète du stade, la construction du centre culturel … Beaucoup de choses ont été faites. Ceux qui sont à Vavoua savent. Je suis parti au RHDP en fin de mandat. J’ai pris la peine de réfléchir pendant quatre ans. Ce n’est pas anodin. Je n’ai jamais évolué dans un parti politique. Je suis très à l’aise aujourd’hui. L’offre politique est là aujourd’hui et chacun est libre de choisir le parti qui lui sied. La politique est la saine appréciation des réalités du moment. Malheureusement ici, il y a une autre vision de la politique où d’un côté on est avec les anges tout blanc et de l’autre côté c’est le diable et vice versa.  Il faut respecter le choix de chacun.

Je ne crois pas qu’une somme d’argent puisse me faire trembler. Mercato, Non ! Je suis responsable de milliers de personnes et de leur bien-être. En tant que responsable, je fais ce qu’il faut pour la multitude. Tout ce que je fais, c’est pour les populations de Vavoua. C’est ma part de sacrifice que je consens pour Vavoua. 

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Quels sont vos projets pour le sport à Vavoua ?

Déjà, le stade a été réhabilité. Une équipe de football du district sera mise sur pied sans oublier le handball féminin. Je suis le maire d’une ville sinistrée. Je ne sais pas si vous avez une image quand je parle de sinistre. Tous les bâtiments administratifs datent de plus de 40 ans. Tout est à refaire avec un maigre budget. On fait ce qu’on peut. On pare au plus pressé. Ce ne serait pas normal que je sois maire d’une ville et que le sport soit lésé.

Par rapport à la politique dite novatrice de l’actuel président de la Fédération ivoirienne de football, quelles sont, selon toi, les innovations concrètes apportées au niveau de l’arbitrage ivoirien ?

Il y a d’abord les différents quatuors qui seront formés en fin d’années. Ensuite, tous les arbitres de Ligue 1 seront dotés d’oreillettes. Ils ne seront plus obligés de crier pour que l’arbitre central soit interpellé sur telle ou telle action.

Retranscrite par Joël Dally

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