L’ancien chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a pris la parole, le samedi 6 avril 2024, à Agboville, lors de la « Fête de la Renaissance », un événement organisé par le Parti des peuples africain de Côte d’Ivoire (PPA-CI), formation politique qu’il a fondée depuis son retour de la CPI en 2021. Dans son intervention, il a parlé de la cherté de la vie en Côte d’Ivoire, du prix du cacao, de la réforme du Fonds monétaire international (FMI) en 2000 ainsi que de sa candidature à l’élection présidentielle de 2025.
Pour la première fois et officiellement, Laurent Gbagbo a reconnu que la réforme de la filière café-cacao a été faite à partir de l’année 2000 par l’ancien Premier ministre Seydou Elimane Diarra (décédé) et Patrick Achi. « Aujourd’hui, les acheteurs achètent le cacao à n’importe quel prix. C’est pour éviter cette situation que le Fonds monétaire international (FMI) avait imposé une réforme en 2000, au temps où le Général Guéï Robert était chef d’État. C’est Seydou Diarra et Patrick Achi, qui vit encore, qui ont mené cette réforme », a-t-il soutenu.
« C’est Seydou Diarra et Patrick Achi qui ont mené la réforme de la filière cacao »
Laurent Gbagbo a surtout exprimé son désaccord avec le prix actuel du cacao en Côte d’Ivoire comparant les prix plus élevés au Cameroun et au Ghana. « Comment le prix du cacao peut-il coûter 5000 FCFA le kilo au Cameroun, 3000 FCFA le kilo au Ghana et en Côte d’Ivoire, on nous dit qu’on a augmenté à 1500 FCFA le Kilo ? Une misère », s’est-il désolé. Il a également mentionné sa tentative passée de rassembler les principaux producteurs de cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire, pour fixer ensemble les prix de vente du cacao. Soulevant ainsi ses préoccupations sur l’équité économique et la nécessité d’une plus grande coopération régionale.
Le président du PPA-CI a également parlé de son procès à la Cour pénale internationale (CPI) affirmant son innocence. Il a exprimé sa confiance dans le fait qu’il serait acquitté car il estime que les accusations sont sans fondement. « Quand Fatou Bensouda est venue et qu’elle a exposé les meurtres entre guillemets, j’ai appelé mes avocats, et je leur dis : Il n’y a rien. Ne vous en faites pas, on va gagner le procès parce qu’elle rencontre des histoires sans parler des faits », a-t-il indiqué. Juste pour faire comprendre à ses milliers de partisans qui ont fait le déplacement d’Agboville pour la deuxième édition de la « fête de la Renaissance », qu’il sera bel et bien candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025.
C’est dans cette même optique que Laurent Gbagbo a aussi abordé la question de la naturalisation des banques françaises. Il a en effet critiqué la gestion de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et expliqué comment il a pris des mesures pour assurer l’autonomie financière de la Côte d’Ivoire lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Il a mentionné la nationalisation de certaines banques françaises en Côte d’Ivoire et a défendu cette action comme nécessaire pour assurer le paiement des salaires. « J’ai donc dit ce n’était pas possible et j’ai coupé le pont avec Dakar. Et j’ai pris la succursale de la BCEAO en Côte d’Ivoire comme notre Banque centrale », s’est-il défendu. Invitant ainsi les tenants actuels du pouvoir en Côte d’Ivoire à rechercher les braqueurs de la BCEAO ailleurs et non dans son camp.
Gbagbo réitère sa candidature à la présidentielle de 2025 et parle de Charles Blé Goudé avec mépris
L’ancien président Laurent Gbagbo, abordant le thème de la « fête de la Renaissance » organisée à Agboville, a parlé de l’importance de l’éducation des femmes et a souligné le rôle crucial des femmes dans la société. « Il faut donc mettre les jeunes filles à l’école. Quand vous voyez un villageois, qui n’a pas fait l’école qui fait une plantation et un intellectuel qui fait une plantation, ce ne sont pas les mêmes plantations. Il faut donc que les hommes et femmes aillent à l’école ». Il a alors appelé à des lois qui ne discriminent pas les femmes et a souligné l’importance de l’éducation pour tous, hommes et femmes. Soulevant ainsi des préoccupations sur l’égalité des sexes et la nécessité d’une plus grande égalité des chances.
Laurent Gbagbo a enfin exprimé son inquiétude concernant la Commission électorale indépendante (CEI) et a appelé à une refonte de l’institution. « Concernant la Commission électorale indépendante (CEI), c’est pire que ce que nous voyons. Il faut la repenser, une véritable refonte de l’Institution ». Une question qui soulève de plus en plus de préoccupations sur la démocratie et la nécessité d’une plus grande transparence et équité dans le processus électoral en Côte d’Ivoire.
Dans son intervention, Laurent Gbagbo a soulevé de nombreuses questions sur l’avenir de la Côte d’Ivoire, appelant ainsi à une plus grande justice économique, à un processus judiciaire équitable, à une plus grande autonomie financière, à l’égalité des sexes et à une démocratie plus transparente et équitable. Par ailleurs, Laurent Gbagbo a saisi l’occasion de la cérémonie de son parti politique pour s’attaquer à son ex-codétenu à la prison de La Haye, Charles Blé Goudé, sans le nommer : « Moi, j’ai fait 8 ans dans la prison de Scheveningen et 2 ans à Bruxelles, c’est Nady (Nadiani Bamba, sa compagne, NDLR) qui m’a nourri. Il y en a qui disent : » C’est moi qui faisais la cuisine de Gbagbo ». Mais ils ne disent pas d’où sortait l’argent avec laquelle la nourriture a été achetée. Mais l’argent sortait de chez Nady. Celui qui faisait la cuisine d’abord c’était Germain Katanga (un ancien chef rebelle congolais qui était détenu à la CPI, NDLR) et quand on l’a libéré, celui que vous savez a pris un peu la relève », a-t-il dit. Parlant ainsi de Charles Blé Goudé avec visiblement de morgue.
Robert Krassault
Légende photo : L’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo , président du PPA-CI, lors de son intervention à Agboville à l’occasion d’un rassemblement de son parti politique.
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